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Critique d'album

How To Destroy Angels


How To Destroy Angels (EP)


(02/06/2010 - The Null Corporation - Trent Reznor 2 - Genre : Autres)
Produit par

1- The Space In Between / 2- Parasite / 3- Fur Lined / 4- BBB / 5- The Believers / 6- A Drowning
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Quand les anges peinent à s'envoler..."
Geoffroy, le 15/06/2010
( mots)

Annonçant il y a prêt d’un an la fin de Nine Inch Nails, le monde du rock se demandait ce qu’il adviendrait de la vie musicale d’un des géants de ces deux dernières décennies. Acclamé avec Pretty Hate Machine et Broken, élevé au stade de Dieu avec The Downward Spiral et The Fragile puis controversé depuis With Teeth et plus justement The Slip, Trent Reznor tirait sa révérence après une tournée dantesque, laissant derrière lui remords et interrogations. Passé du stade d’anorexique créatif à celui d’hyperactif que rien n’arrête, difficile de croire que le Prince de l’indus allait rester dans le havre de paix qu’il a pourtant cherché toute sa vie et laisser moisir sous la poussière ses machines et instruments. Et le temps nous donna raison. Moins de six mois après la mort scénique de Nine Inch Nails sont diffusées sur le site des photos de mains triturant potards et autres matériels électroniques, et le maître de cérémonie annonçant la sortie de ce qui pourrait être un futur Halo mais également de quelque chose qui n’est pas Nine Inch Nails. Excitation palpable dans le monde du rock jusqu’à ce que se fassent entendre les voix officielles : ce nouveau projet, composé du leader de NIN, de Atticus Ross, producteur des Halos 19-27, et de Mariqueen Maandig, ex-chanteuse du groupe West Indian Girl et désormais femme du Dieu Reznor, répond au patronyme de How To Destroy Angels, hommage à l'album de Coil paru en 1984. Après deux singles et un clip dévoilés en mai, le voilà qui offre son premier Ep en téléchargement libre sur son site, fidèle aux convictions marketing du beau brun ténébreux.

 

"The Space In Between" confirme ce qui ne pouvait être autrement. Boîte à rythme saccadée, textures synthétiques et progression d’intensité au fil du morceau. Si ce n’était celle de Mariqueen Maandig, on s’attendrait presque à entendre la voix fébrile de Reznor se détacher des nappes de guitares sourdes et noyées, parsemant ces couplets froids et sans vie pour mieux exploser dans un refrain florissant de rage. Mais pas de rage ici, tout semble flou et voilé dans des structures rock indus simples et des mélodies angoissées que relève légèrement le chant trafiqué de la belle Philippine, exposant le voyeurisme des foules face à la mort.

L’imposant mari ne prête que de discrets contrechants aux couplets de l’appréciable "Parasite" et de la martiale "BBB" mais son emprise est démesurée, en témoignent le beat d’intro et la ligne de basse de "Fur Lined", véritable plagiat de titres de NIN comme "Only" ou "Discipline", qui se perd dans des phrasés faciles de dancefloor que même son refrain saturé et ce final débridé ont peine à sauver du easy listening. Non pas que l’influence de Trent Reznor soit un problème, mais elle bouffe tout l’espace et s’exprime plus au travers de mécanismes acquis que poussée par la créativité, faisant ainsi que les morceaux n’effleurent que légèrement la surface d’une eau trouble sans savoir s’il leur faut plonger ou bien décoller, restant malheureusement d’une platitude morne et transparente, comme "The Believers", version aseptisée sans grand intérêt de sonorités articulées à la The Fragile.

Bien entendu, cet EP conserve ses moments de plaisir. On ne crachera pas sur la montée en puissance du dernier refrain de "The Space In Between" ni ne boudera les penchants grinçants de "Parasite" (seul titre véritablement crédible dans ce monde faussement corrosif), mais la véritable joie de ce six titres reste "A Drowning", plage atmosphérique où la voix de Mariqueen Maandig quitte les effets superficiels et accompagne le piano sobre et mélodieux de Reznor dans des volutes harmoniques et une envolée finale lumineuse, trop longtemps attendue dans cet univers aussi glacial que douloureusement fade.

 

Le terrain est pourtant fertile mais c’est là que le bât blesse, il ne s’y passe finalement pas grand-chose. On ne lit ici rien de gargantuesque, de transcendant ou d’autres superlatifs fréquemment utilisés pour décrire les œuvres du leader de Nine Inch Nails. Rien de mauvais, voire du plutôt bandant, mais rien de révolutionnaire non plus, pas de violence tempérée, de tension oppressante, juste des titres qui passent en soulevant difficilement l’émotion, sans exprimer ce charme envoûtant que l‘on espérait y trouver, sans la moindre prise de risques. Serait-ce ce qui se passe quand l’artiste maudit se retrouve enfin apaisé ? Trent Reznor nous avait habitué au superbe et ceci même dans le minimalisme avec Still et Ghosts I-IV, révélateurs d‘une beauté simple et cristalline. On se retrouve aujourd’hui avec six titres loin d’être désagréables, à la pointe de la production, mais qui sonnent creux et auxquels il manque une identité définie, un fond, se contentant d’utiliser les mêmes formules qui ont amené à l’incomplétude de The Slip, les vertus expéditives et la finesse en moins. Ce n’est pas que How To Destroy Angels doit être traité en constante comparaison avec le monstre, mais difficile de faire autrement au vu des similitudes. Le projet méritait de mûrir encore quelques temps avant de dévoiler ses trop pauvres facettes. Reste à voir si l’album prévu pour 2011 nous réserve au moins des surprises, car il faut se poser la bonne question : quel est l’intérêt pour Trent Reznor de fonder un groupe si proche de l’ancien pour n’en utiliser que les éléments les plus basiques et les plus faibles ? Réponse l’année prochaine.

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