Jethro Tull
A Little Light Music
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1- Someday the Sun Won't Shine for You / 2- Living in the Past / 3- Life Is A Long Song / 4- Under Wraps / 5- Rocks on the Road / 6- Nursie / 7- Too Old to Rock 'n' Roll; Too Young to Die / 8- One White Duck / 9- A New Day Yesterday / 10- John Barleycorn / 11- Look Into the Sun / 12- A Christmas Song / 13- From a Dead Beat to an Old Greaser / 14- This Is Not Love / 15- Bouree / 16- Pussy Willow / 17- Locomotive Breath
De mars à mai 1992, Jethro Tull décide de parcourir l’Europe et le Moyen-Orient pour offrir à son public une tournée en partie acoustique. De celle-ci, il reste un témoignage avec l’album live A Little Light Music, au titre en hommage à Mozart, composé d’enregistrements captés lors de concerts joués dans différentes villes (en Allemagne, Autriche, Suisse, République tchèque, Grèce, Royaume-Uni, Turquie et Israël).
Au moment de tourner, le dernier album studio en date, Catfish Rising, était à peine sorti et montrait un goût renouvelé pour le blues rock. S’il n’y a que deux titres issus de cet opus, dont le très réussi et rallongé "Rocks on the Road" (quel sublime solo de flûte !) et le plus hard-rock "This Is Not Love", l’ouverture sur "Someday the Sun Won't Shine for You" extrait de This Was (1968), souffle cet esprit par son harmonica et son conservatisme bluesy. "Look into the Sun" subit le même traitement et "A New Day Yesterday", plus lourd, essaye de trouver sa place, tiraillé entre un retour au blues (l’harmonica est très présent) et une envie de rock’n’roll – un équilibre qui n’est pas toujours bien géré hélas, parce que l’idée était bonne.
Les débuts de la carrière du groupe sont largement mis en avant, avec une insistance particulière sur la compilation Living in the Past qui fêtait ses vingt ans à ce moment. Ainsi, nous aurons droit à "Living in the Past" dans une version instrumentale très électrique et dotée d’une guitare bavarde, et s’il s’agit d’une révision originale, elle n’est que moyennement convaincante. Côté folk et acoustique, "Life Is a Long Song" et "A Christmas Song" sont dignement interprétés alors que "Nursie" manque de souffle. Dans ce registre folk, "One White Duck" souffre tout de même des synthés pompeux et des blagues graveleuses sur Martin Barre en introduction (le "womanizer" des Caraïbes).
Deux originalités sont à noter, l’instrumental "Under Wraps", seul morceau qui, sur l’album du même nom, avait le bon goût d’épargner l’auditeur des détours électroniques, et "Pussy Willow", extrait de de The Broadword and the Beast (1982). Contre toute attente, ce sont peut-être ces deux pièces qui sont les plus marquantes d’A Little Light Music.
Il y a finalement assez peu de tubes, au-delà des incontournables "Bourée" (toujours aussi magistral, avec un dialogue en contrepoint entre la basse et la guitare de haut vol) et "Locomotive Breath", plus ou moins réussi. Par contre, "Too Old to Rock 'n' Roll: Too Young to Die" est rendu méconnaissable par sa transformation malheureuse en reggae (une expérience bien plus subtile sur "John Barleycorn" qui garde sa puissance folk-rock). On lui préférerait presque "From a Dead Beat to an Old Greaser", issu du même album, pour son solo emphatique mais Anderson en donne une interprétation trop apathique.
Si quelques originalités dans la setlist ou dans les versions proposées peuvent justifier l’existence d’A Little Light Music, ce dernier est loin d’être la captation live de Jethro Tull la plus intéressante ou la plus irréprochable – seuls les fans du groupe sont invités à se pencher dessus.
À écouter : "Rocks on the Road", "John Barleycorn", "Bourée", "Under Wraps", "Pussy Willow"