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Critique d'album

Kansas


Kansas


(08/03/1974 - Epic - Classic Rock - Genre : Rock)
Produit par Wally Gold

1- Can I Tell You / 2- Bringing It Back / 3- Lonely Wind / 4- Belexes / 5- Journey From Mariabronn / 6- The Pilgrimage / 7- Apercu / 8- Death of Mother Nature Suite
Note de 3.5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Aux origines du rock progressif américain"
François, le 24/02/2024
( mots)

Topeka, Kansas. Cette petite ville du Midwest, capitale de son État, n’est pas exactement le genre de lieu où l’on aurait imaginé voir naître l’un des fleurons du rock progressif américain. Pourtant, c’est là qu’émerge Kansas, peut-être la formation la plus caractéristique de la scène étatsunienne, réaffirmant le rôle du Midwest comme terre de prédilection du rock progressif aux États-Unis.


Au début de la décennie, la République nord-américaine s’amourache du rock progressif anglais dont les plus grands représentants organisent des tournées triomphales. Pour autant, aucune véritable scène locale n’émerge, en dehors de quelques premiers signes assez peu significatifs à l’échelle de la scène rock étatsunienne – citons tout de même Styx, Glass Harp, Sigmund Snopek III, Jasper Wrath, Polyphony et Bloodrock qui effectue à ce moment un tournant stylistique. Durant cette première moitié des années 1970, beaucoup de formations vivotent sans avoir les moyens d’enregistrer et sans trouver de label.


C’est le cas des premières incarnations de Kansas, puisque le premier opus du groupe, paru en 1974, est en réalité l’enfant d’une forme de Mark III, aboutissement de multiples tergiversations autour d’un pivot, Kerry Livgren. En 1970, ce dernier avait tenté de prendre le dessus sur la scène de Topeka en fusionnant son groupe Reasons Why avec White Clover, où jouaient le bassiste Dave Hope et le batteur Phil Ehart. Or, ces deux musiciens quittent le navire dès 1971, laissant le Mark I presque mort-né. Rapidement, Livgren convoque de nouveaux musiciens pour former un Mark II, surnommé Proto-Kaw dans la postérité, dont les premiers efforts seront publiés en 2002 (Early Recordings from Kansas 1971-1973). Cette captation est très intéressante en ce qu’elle affiche l’influence du rock progressif britannique sur les musiciens de façon saisissante (Van der Graaf Generator, Uriah Heep et King Crimson), alors qu’elle sera très peu présente sur le premier album de Kansas.


En 1973, après une nouvelle séparation, Kerry Livgren est appelé par Phil Ehart pour rejoindre White Clover qu’il avait restauré avec Dave Hope (basse), Steve Walsh (claviers, chant), Robby Steinhardt (violon) et Rich Williams (guitare) : les amateurs auront reconnu les membres de Kansas, ceux-là même qui enregistrent un premier opus en 1974 après avoir trouvé le nom définitif de leur groupe.


Comme si le choix du nom de l’État n’était pas suffisant pour affirmer son identité géographique, le combo choisit d’illustrer son album par une peinture représentant John Brown, leader abolitionniste du "Bleeding Kansas" des années 1850, présente sur les murs du Capitole de Topeka. De plus, sur le plan musical, Kansas offre à entendre une forme caractéristique de rock progressif américain fondé sur le maintien d’une forte orientation hard-rock. À ce titre, on évoquera volontiers le tube "Can I Tell You", qui met en avant la belle osmose entre le violon et la guitare, ou "Belexes", un morceau heavy-prog’ à la Uriah Heep doté d’une touche klezmer. Kansas souhaite donc se montrer accessible, comme en témoigne plus loin la ballade "Lonely Wind". En outre, cette touche américaine est soulignée par la présence du violon et d’éléments issus de la musique folk américaine, ce qu’illustre la reprise magnifiée de "Bringing It Home" de JJ Cale.


Plus progressif, l’excellent "Journey from Mariabronn" est représentatif des compositions du groupe à venir, notamment dans son introduction remarquable, où se succèdent la guitare et le violon, et dans son intermède instrumental sublime. La deuxième face est volontairement plus ambitieuse, avec deux suites imposantes que sont "Aperçu", plutôt britannique dans son approche (au-delà des divagations au violon) et "Death Mother Nature Suite", belle épopée progressive saturée qui reste assez fragile dans son construction.


Ce premier opus de Kansas peut donc être considéré comme l’acte de naissance d’une forme de rock progressif aux États-Unis guidé par une formule esthétique purement américaine. Ce poids historique fait qu’on lui pardonnera les quelques hésitations et tâtonnements qui sont l’apanage d’un premier album.


À écouter : "Can I Tell You", "Journey from Mariabronn"

Commentaires
FrancoisAR, le 27/02/2024 à 08:21
Aucun problème @DjangoNero, tes commentaires sont toujours constructifs, et en effet, c'est toujours super d'avoir des retours critiques sur nos chroniques. Pour East of Eden, je connais davantage Snafu que leur premier album, mais je veux bien te croire quand tu dis qu'il est excellent. Et merci encore pour le retour sur le livre !
DjangoNero, le 26/02/2024 à 18:51
Messieurs, je suis bien content de vos retours, ma bafouille n'avait d'autre but. Et j'espère, de mon côté ne pas vous enquiquiner avec mon esprit tatillon. Mais pour avoir été, il y a longtemps, moi-même chroniqueur dans un fanzine prog, je sais ô combien il peut être minant de ne pas susciter de réaction quant à nos écrits, bonne ou mauvaise. Ayant maintenant de la bouteille et une collection de disques raisonnablement conséquente, j'aime à me convaincre de ne pas apprécier les mêmes albums que tout le monde ! Aussi, là où tel album fera l'unanimité, je prendrai toujours un plaisir certain à en citer un autre. Pourtant, quand le sujet de l'année 1969 ou du prog "d'avant In the Court of Crimson" est abordé, deux noms me viennent à l'esprit : Ce Masters of Deceit et Mercator Projected de East of Eden. Deux noms qui ne reviennent dans aucune liste, alors c'est plus fort que moi, faut que j'ouvre ma grande bouche ! Même si la suite des carrières des groupes ou de leurs leaders leur fait évidemment défaut, ceci expliquant sans doute cela. Par ailleurs, je sais bien que l'exhaustivité est, par définition, inatteignable, c'est juste que j'étais agréablement surpris, à la lecture de la fameuse oeuvre, des obscures albums défrichés et ce jusqu'à Satchitananda ! Mais pas de mon bien aimé the Masters of Deceit... Sur ce, bonne continuation, et sachez que je n'hésiterai pas à intervenir dès que l'occasion se présentera...
FrancoisAR, le 26/02/2024 à 08:27
Hello @DjangoNero et merci pour ce retour. Heureux de te compter parmi mes lecteurs au-delà des colonnes du webzine, si j'ai bien compris le clin d'oeil. Je vais me plonger dans l'album que tu évoques, qui est passé sous mes radars - la réponse à ton "pourquoi", est que prétendre à l'exhaustivité est un péché d'orgueil.
DanielAR, le 25/02/2024 à 19:46
Je suis fan du style. Si je peux admettre (pour l'avoir écouté en Angleterre circa 1975/1976) que "The Masters..." a été sous-estimé, je n'ai jamais été convaincu par cette démarche (qui en est, par ailleurs, restée là puisqu'il n'y aura jamais de suite à cet opus de 1969). Dans ses déclarations, Thomas Hensley (qui peut briguer le titre du meilleur homonyme du claviériste d'Uriah Heep) a toujours privilégié sa carrière ultérieure aux côtés de Neil Diamond. Quand je lis ses interviews, il se montre souvent plus fier d'avoir participé à des albums de Ringo Starr et John Lennon comme musicien de session que de sa carrière dans son groupe. J'adore vraiment son expression : "J'ai joué avec la moitié des Beatles". Objectivement, je respecte évidemment le fait que "The Masters..." soit votre album préféré (j'ai aussi mes références"obscures") mais je me demande si, en termes d'histoire du rock, il doit faire figure d'album fondateur. A tout le moins, vous m'avez donné l'envie d'y retourner et de le réécouter avec un regard (et des oreilles) neuf (neuves).
DjangoNero, le 25/02/2024 à 07:43
Belle chronique au demeurant. Elle remonte aux origines d'un groupe majeur. Mais pourquoi, à chaque fois que des groupes "proto prog" des Etats-Unis sont cités, il n'est jamais, ô grand jamais, fait mention du séminal The Masters Of Deceit (Hensley's electric jazz band & Synthetic Symphonette - 1969) et ce même dans la littérature spécialisée (suivez mon regard...). Un de mes albums préférés de tous les temps, faut dire, alors excusez mon manque d'objectivité. Mais quand même.