Massive Attack
Mezzanine
Produit par Neil Davidge, Massive Attack
1- Angel / 2- Risingson / 3- Teardrop / 4- Inertia Creeps / 5- Exchange / 6- Dissolved Girl / 7- Man Next Door / 8- Black Milk / 9- Mezzanine / 10- Group Four / 11- (Exchange)
Qualifiés de précurseurs où de chantres de la vague Trip-hop depuis plus de 20 ans, les trois anglais de Massive Attack distribuent, à raison d’un album environ tous les cinq ans, une musique largement travaillée pour représenter le melting-pot sonore dont ils sont les instigateurs. Avec Mezzanine, ils ont créé un des disques majeurs du siècle dernier, qui représente pour le groupe l’album de la consécration. Un disque culte qui réside comme la pierre angulaire de leur carrière, et du mouvement Trip-hop en général, supplantant encore aujourd’hui les autres références du genre comme Dummy de Portishead, ou Londinium d’Archive, restant ainsi depuis 12 ans au sommet des profondeurs froides du genre.
Au-delà de l’histoire de la musique, c’est l’histoire du groupe que Mezzanine a changé. Les trois membres de Massive Attack ne seront plus que deux à l’issue de la sortie de l’album, puisqu’Andrew Vowles, alias Mushroom sera en désaccord artistique avec Robert Del Naja (3D) et Grant Marshall (Daddy G). Ça, c’est pour la petite histoire. Artistiquement, ça se traduit par une présence plus importante de guitares et de samples issus de standards rock tels que The Cure ou The Velvet Underground, et encore un peu plus d’électronique que dans les précédentes productions, Blue Line et Protection. Mezzanine laisse ainsi de côté l’aspect soul et les rythmiques purement groove ou hip-hop qui avaient fait les premiers succès du groupe, parcourant de nouveaux horizons sonores plus actuels dans l’inspiration et dans le choix des sons.
Rangé dès sa sortie dans les cases trip-hop gothique ou dark ambient, Mezzanine exprime sans conteste une ambiance très sombre, dont les sonorités vont attirer l’auditeur dans les abîmes assourdissants des lignes de basses hypnotiques omniprésentes, dans la tourmente des complaintes ambiantes des la fin des années 90. Des intros longues, des nappes de synthé aériennes, des voix fantomatiques, Mezzanine comprend tous les ingrédients du succès, à force de titres générateurs d’émotions, que ce soit avec "Angel", "Risingson", "Black Milk" ou "Group Four". Le titre le plus emblématique restera certainement le fascinant "Teardrop". Un titre dont le sample de Les McCann et un clavecin en arpège introduisent la voix envoutante d’Elizabeth Fraser, l’ex-chanteuse du groupe de heavenly voices Cocteau Twins. Parmi ces voix, la présence du chanteur de reggae Horace Andy, confirme son attachement et sa contribution aux productions des moutards de Bristol sur "Angel", "Man Next Door" ou "(Exchange)".
Une recherche esthétique qui, au-delà de simplement vouloir marquer le renouveau du groupe, permet de marquer les nouvelles bases d’un son froid, mélancolique, magnifique. Mais la suite nous montrera que le digne successeur de Mezzanine doit faire preuve d’une grande richesse pour détrôner ce qui représente encore aujourd’hui l'hymne du son de Bristol.