Megadeth
Countdown to Extinction
Produit par
1- Skin O' My Teeth / 2- Symphony Of Destruction / 3- Architecture Of Aggression / 4- Foreclosure Of A Dream / 5- Sweating Bullets / 6- This Was My Life / 7- Countdown To Extinction / 8- High Speed Dirt / 9- Psychotron / 10- Captive Honour / 11- Ashes In Your Mouth
Au début des années 90, toute la scène Métal reçoit une gifle magistrale après la sortie du black album de Metallica. Ces derniers comprennent que la production est aussi importante que les chansons elles-mêmes et en ralentissant le tempo, en re-calibrant la durée des chansons à des proportions plus raisonnables (que ?Justice for All notamment), en incluant deux merveilleux slows et quelques tubes bien pensés, ils réussissent à en vendre plus de douze millions et cet album devient incontournable et culte. Megadeth, comme de nombreux autres groupes, comprend bien ce qui se passe et change radicalement sa façon de jouer.
Terminés les longs solos de guitare à 200 Km/h, les centaines de notes qui déferlent du manche sans broncher le moindre sourcil. Ici, tout est histoire de riffs percutants et efficaces, d'atmosphère métallique, déshumanisée et glauque. Plus commercial pour certains, plus direct et plus accessible pour les autres, ce Countdown to Extinction est un album fort et bien pensé. En premier lieu, ce qui choque dès le début est le son : fabuleusement puissant. La batterie de Nick Menza est incroyable. Elle ouvre (et ferme) l'album et l'on s'aperçoit tout de suite du travail effectué depuis Rust in Peace. La basse a un rôle nettement plus présent et même si elle n'est pas d'une grande technique, elle est redoutable. Ça claque sec, avec un son métallique et linéaire. Elle soutient les rythmiques des guitaristes sans jamais faiblir.
Aidés par cette section rythmique redoutable, les deux guitaristes se font réellement plaisir tout le long de l'album. Tantôt rythmiques lourdes et cinglantes, tantôt soli inspirés et directs, Countdown to Extinction est truffé de perles rares : "Skin O' My Teeth" est l'archétype de la chanson métal réussie, riff puissant et solo de toute beauté. "Symphony of Destruction" commence par un extrait d'une symphonie dans le lointain pour laisser la place à un riff lourd et efficace avec une basse omniprésente et puissante. Cette chanson sera remixée plus tard par Trent Reznor, meneur de Nine Inch Nails, dans une version industrielle de plus de 8 minutes, triturant le riff et la voix de Mustaine dans tous les sens. Ce Dave Mustaine qui reste quand même seul maître à bord après Dieu (car il écrit seul cinq chansons et est partout même à la production) mais qui change peu à peu son caractère de chien en faisant collaborer ses acolytes à l'écriture des morceaux bien plus qu'avant. Il laisse la plupart des soli à Marty Friedman et co-écrit plus de la moitié de l'album avec Dave Ellefson et les deux autres à l'occasion.
On retrouve quand même des tempos rapides mais relativement rares sur cet opus : "High Speed Dirt" et "Ashes In The Mouth" qui font mouche à coup sûr, la première en proposant de superbes soli de Dave Mustaine et Marty Friedman (ce dernier se payant même le luxe de proposer un court passage en guitare acoustique) et sur l'autre, les gammes se succèdent un peu à la manière du vol du bourdon (air classique très connu) avec rythmiques saccadées et soli inspirés. Dave Mustaine parle beaucoup dans ses textes de la décadence de la civilisation moderne ("Symphony of Destruction", "Architecture of Aggression"), d'écologie et de disparition d'espèces animales ou végétales à grande échelle : "One Hour from Now - another species of life form - will disappear off the face of the planet - forever? and the rate is accelerating"("Countdown To Extinction") ou encore du sort des prisonniers de guerre ("Captive Honour") ou de la folie humaine et des maladies mentales ("Sweating Bullets", "Skin O' My teeth"). "This Was My Life" est également passionnant avec sa rythmique ultra-lourde et un chant très réussi.
Megadeth a donc réussi son pari : orienter sa ligne musicale sur de nouveaux rails, ceux de l'efficacité, du changement mais sans jamais renier leur amour du heavy-métal pur et dur et sans aucun compromis commercial (pas de place pour le slow ici). Il est grand temps de redonner à cet opus les honneurs qu'il mérite. Onze claques qui font mal...