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Microwave
Let's Start Degeneracy
Produit par Nathan Hardy
1- Portals / 2- Ferrari / 3- Circling the Drain / 4- Bored of Being Sad / 5- Straw Hat / 6- Let's Start Degeneracy / 7- Omni / 8- Strangers / 9- Concertito in G Major / 10- Huperzine Dreams / 11- Santeria
![Note de 3/5](graph/notes/3.png)
![Note de 3.0/5 pour cet album](graph/notes/3.png)
Let's Start Degenerency est un objet particulier. La volonté du trio Microwave, qui sévit sur la scène post hardcore américaine depuis 2012, n'était d’ailleurs pas nécessairement de produire un album complet.
Mais en faisant passer l'épreuve du feu à de nouvelles compositions, en particulier le morceau "Circle The Drain", la réaction du public fut tellement positive que le groupe décida de saisir la balle au bond.
Pour pousser les curseurs au maximum sur l'échelle du pragmatisme, il apparut même opportun de profiter du contrat liant Nathan Hardy et sa bande au label Pure Noise Records, qui engageait le groupe à produire une dernière galette.
Il n'est ainsi pas totalement étonnant de trouver que cet album, plutôt réussi au demeurant, manque cruellement de liant et d'un fil conducteur.
Les marqueurs classiques du punk rock estampillé Amérique du Nord sont toujours là, mais la plupart des compositions revêtent une coloration pop, voire ambient electronic.
Le message est assez clair sur l'excellent "Bored of Being Sad". Sur une instrumentation dans la droite lignée des morceaux proposés par Microwave sur les galettes précédentes, le chanteur s'égosille pour exprimer son ras le bol de lamenter sa tristesse et d'explorer le fructueux mais restreint sillon de l'emo. La première révolution du groupe réside déjà dans la thématique explorée par le morceau. Si la forme se situe dans la continuité de ce courant si populaire au début des années 2000 (on pense en particulier à l’album désormais culte The Black Parade de My Chemical Romance), le titre et les paroles cherchent délibérément à se détacher de cette étiquette. Le refrain voit Hardy lâcher: “And I'm so bored of being sad, It's not cool anymore, It's old and I'm bored, Shit's really not so bad, I created this hell, I have no on? to blame but myself” / “j’en ai marre d’être triste, cela n’a plus rien de cool, c’est ringard et je m’ennuie, la situation n’est pas si terrible, j’ai créé cet enfer, je n’ai personne à qui le reprocher à part moi-même”. Du Sénèque dans le texte ou presque…
Le disque s'ouvre sur le titre "Portals", curieuse balade cosmique portée par une voix féminine, qui donne la clé de lecture de l'album et son artwork. Microwave fait la proposition du voyage spatio-temporel au travers des trous de vers permettant de sauter d'un monde à l'autre. Il n'est alors pas délirant de voir le doux "Ferrari" côtoyer l'enlevé "Circle The Drain ". Le refrain de ce dernier est tout bonnement explosif et l'ambivalence du trio rappelle même le Weezer des grandes heures.
Les premiers vers de “Portals” reprennent en réalité un hymne du XIXe, “Softly and Tenderly”, à la -très- forte connotation religieuse, rejetée ici par Hardy en qualité d’ancien mormon.
Microwave se montre également capable de composition planante de qualité. "Ferrari", évoqué précédemment, mais surtout "Huperzine Dreams", une des plus belles réussites de cet effort. La mélodie envoûtante est cette fois-ci soutenue par une rythmique originale qui fait la différence. La production, élaborée par le frontman sur tout le disque, est également à son meilleur ici. Le morceau justifie quasiment à lui tout seul l’intérêt de l’album sujet de cette rubrique.
On passera rapidement sur l'interlude pompeusement baptisée "Concertito in G Major", qui ne fait que remplir sa mission d’interlude.
Le folk rock "Straw Hat" est à ranger du côté des belles satisfactions, cherchant l'inspiration du côté des groupes des années 90 comme Third Eye Blind. C'est également le cas pour "Strangers", porté par un riff de guitare sinueux et énigmatique.
Le titre éponyme est curieusement un des points faibles de cette demi-heure de rock. Laborieux, il peine à convaincre et se montre répétitif et pataud. Arrêtons nous tout de même sur la sémantique du morceau, et de l’album donc. Il est question de dégénérescence, à interpréter au sens physique du terme. Il ne s’agit pas pour les musiciens de s’autoproclamer “dégénérés” tels des punks hystériques, vous l’aurez compris la transition musicale va plutôt à rebours de cette direction. Non la dégénérescence est vue ici comme le changement d’état, la métamorphose en cours d’un groupe glissant d’un courant musical vers un autre. De ce point de vue, la démarche n'est pas éloignée de la dernière et excellente production de Turnstile, Glow On.
"Omni", de son côté, et sa déflagration de guitare, va plutôt piocher l'inspiration chez l'indie rock du début des années 2000. On jurerait entendre une résurrection plus qu’improbable du Razorlight de Johnny Borrell.
Vous l'aurez compris, il n'est pas évident de dégager une direction claire de ces 30 minutes de rock. En revanche les intentions de Microwave sont nobles et le résultat plus que plaisant, ouvrant la voie vers une suite intrigante.
A écouter: "Huperzine Dreams", "Omni", "Bored of Being Sad"