Operator Please
Yes Yes Vindiktive
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1- Zero Zero / 2- Get What You Want / 3- Just a Song About Ping Pong / 4- Cringe / 5- Two For My Seconds / 6- Terminal Disease / 7- 6/8 / 8- Yes Yes / 9- Other Song / 10- Ghost / 11- Leave It Alone / 12- Pantomime
La valeur n'attend pas le nombre des années, comme chacun sait, et ce n'est pas Operator Please qui fera mentir cet adage. Voici donc une nouvelle formation de rock "lycéen" qui ferait presque passer les Arctic Monkeys pour des papys arthritiques. Regardez-moi donc la petite Taylor Henderson, toute mimi du haut de ses seize printemps, c'est quand même autre chose qu'Amy Winehouse, hein ? Bon, ce groupe-ci nous vient en ligne droite d'Australie, et s'est constitué en 2005 afin de participer au concours de rock d'un bahut local dont le premier prix était... une caisse de donuts. Exotique, me direz-vous, et vous n'avez encore rien vu.
Outre une majorité féminine au sein de la formation (3 filles pour 2 garçons, tous âgés de 16 à 19 ans), la particularité d'Operator Please est d'ajouter à son panel d'instruments un violon, un peu à la manière d'un Louise Attaque qu'on aurait élevé au bubblegum. Ajoutez à cela une chanteuse obèse - c'est la mode en ce moment, il n'y a qu'à voir Gossip - et vous obtenez un mélange pour le moins atypique qui attire furieusement l'attention. A raison, car la musique de ces bébés kangourous est loin d'être inintéressante.
L'album débute au quart de tour et impose un style énervé et ludique sans rien céder à la facilité. Dès "Zero Zero", la hargne vocale d'Amandah Wilkinson capte l'auditoire sans peine, bien aidée par des guitares énergiques que ne renieraient pas les singes de l'arctique, et survolé par un violon euphorisant qui apporte une vraie fraîcheur au disque. Cet agréable résultat n'était pourtant pas acquis d'avance, tant le timbre sucré de l'imposante demoiselle, évoquant une Britney Spears boulimique dont le débit vocal aurait été multiplié par trois, ne semble pas fait pour ce type de musique. Pourtant l'ensemble fonctionne plutôt bien, et la suite ne fait que confirmer cette très bonne première impression, entre brûlots garage-punk racés aux sonorités rock assez pures ("Terminal Disease", "Cringe"), tubes électro-rock sous ecstasy ("Get What You Want", "Yes Yes" et surtout "Just A Song About Ping Pong" au cours duquel Mlle Wilkinson fait preuve d'une vitesse d'élocution ahurissante) ou encore morceaux plus calmes au style beaucoup plus pop ("Other Song", "Pantomime"). Quelques chansons sont un peu plus dispensables ("6/8" par exemple), mais pour un premier jet, commis par de si jeunes personnes, il y a de quoi être impressionné.
Néanmoins, il manque peut-être un peu de profondeur au sein de cette avalanche de coke à la chantilly. En effet, si Yes Yes Vindiktive déclenche assez vite une joyeuse addiction, l'épreuve du temps laisse dénoter une certaine futilité qui entraîne trop tôt la lassitude. On aurait toutefois tort de bouder les Operator Please, qui ont le mérite de signer la première grosse surprise rock en cette année 2008 plutôt pauvre en la matière - du moins pour le moment. Un groupe à surveiller, donc, ce qui ne devrait pas être trop difficile vu qu'il risque de ne pas passer inaperçu bien longtemps.