Osanna
Palepoli
Produit par
1- Oro caldo / 2- Stanza Citta / 3- Animale senza respiro
Si la scène progressive italienne fut une des plus riches des années 1970, c’est le nord du pays, plus industriel, plus riche, plus soumis aux influences extérieures, qui fut le cœur de cette dynamique autour de Milan (PFM), Gênes, Venise (Le Orme), Parme (Acqua Fragile) ou encore la capitale (Banco del Mutuo Soccorso) pour les plus méridionaux.
Un groupe incontournable est pourtant originaire du sud de la péninsule, Osanna, marquant à jamais le monde du rock progressif avec, notamment, son troisième album Palepoll. Attaché à sa ville d’origine, Le groupe consacre son opus à Naples (dont il porte le nom antique), et comporte de nombreuses références à la musique traditionnelle locale, renforcées par l’usage de la flûte et du chant en vernaculaire.
L’album se compose de deux grandes suites, tournant plus ou moins autour de vingt minutes, et d’un interlude plus court. Autant dire que le programme est clairement inscrit dans le rock progressif, avec une ambition marquée : cela tranche avec les origines pop du groupe (à l’image de Le Orme). L’œuvre n’est pas forcément facile à aborder sans être non plus inaccessible, tout au contraire.
Il faut prendre l’album comme une pièce de théâtre de rue, rappelant que la cité de Pulcinella est imprégnée de dramaturgie, et qu’Osanna joue sur cette fibre en se grimant lors de ses représentations. Pièce de théâtre qui possède comme unité de lieu l’ensemble de la ville dans laquelle on entre par la petite porte, à travers l’ambiance des rues animées du Mezzogiorno qui ouvre "Oro Caldo". Après l'arrivée du chant sur "Fuje ‘a Chistu Paese" (passage du morceau souvent extrait en live) s'entremêlent références aux musiques traditionnelles et rock virtuose dans la veine hendrixiennes.
C’est que les acteurs sont nombreux à intégrer la troupe. Les guitares électriques affûtées servent des riffs endiablés et des soli mémorables. Les arpèges et la flûte donnent une dimension plus bucolique et proche des musiques traditionnelles. D’autres moments laissent place à l’expérimentation chère au genre, quand ce n’est pas le jazz qui est convoqué au détour d’une rythmique alambiquée ou d’un solo de saxophone. Le tout se fond dans une unité qui laisse coi, retranscrivant musicalement l’univers d’une ville cosmopolite, où la diversité parvient à devenir un ensemble cohérent.
L’Italie a donné de nombreux chanteurs puissants et talentueux, comme Di Giacomo ou Leonardo Sasso ; Lino Vairetti intègre sans problème cette équipe transalpine. De même, puisque nous sommes en Italie, les claviers typés 70’s sont au rendez-vous et utilisés avec brio, apportant cette touche inimitable au rock progressif italien.
Les amateurs d’albums de progressif aux compositions complexes et poétiques, plongeant l’auditeur dans un voyage musical, trouveront plus que leur compte avec Palepoli.