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Critique d'album

Rush


A Farewell to Kings


(01/09/1977 - Anthem - Hard Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- A Farewell To Kings / 2- Xanadu / 3- Closer To The Heart / 4- Cinderella Man / 5- Madrigal / 6- Cygnus X-1 Book One-The Voyage Prologue
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le sacre des rois du hard-rock progressif"
François, le 02/06/2022
( mots)

Le poème Kubla Khan de Coleridge a beaucoup séduit par son origine hallucinatoire, l’auteur romantique ayant effectué ce voyage lyrique à la cour du roi mongol lors d’une transe opiacée. Néanmoins, sa valeur n’est pas limitée au côté subversif de sa gestation narcotique : c’est en effet un chef-d’œuvre poétique dont la teneur se dévoile dès son premier vers : 


In Xanadu did Kubla Khan


La construction en chiasme, à la fois phonétique (n/a/a/u – did – u/a/a/n) et visuelle ("did", en position centrale, est un palindrome), semble imiter le dôme du palais des plaisirs ; les enjeux de musicalité et d’imagination sont au coeur du processus de composition de cette fresque.


Comment, donc, retranscrire cette œuvre en musique, notamment à travers le registre du rock ?  Dans le monde progressif, trouver son inspiration dans la littérature n’est pas une chose incongrue, mais s’en remettre à la littérature romantique anglaise est plus audacieux. Justement, depuis 2112, Rush était prêt à assumer toutes les audaces qui lui venaient à l’esprit, et Kubla Khan trouve le chemin de l’histoire des musiques populaires grâce au trio canadien et à son cinquième album, A Farewell to Kings (1977).


Leur "Xanadu" tente de conserver la substantifique moelle des premiers vers de Kubla Khan, voire de reprendre tels quels certains passages, tout en l’adaptant aux impératifs mélodiques et scripturaux d’un titre de rock progressif. On aura donc "To stand within the pleasure dome / Decreed by Kubla Khan" plutôt que "In Xanadu did Kubla Khan / A stately pleasure-dome decree". Musicalement, le titre agence parfaitement le hard-rock progressif désormais cher au groupe avec des passages éthérés, un fantastique pont arpégé par exemple, qui rendent hommage au poète disparu. On serait tenté de crier au chef-d’œuvre du groupe en matière de rock progressif …


Néanmoins, A Farewell to Kings ne se limite pas à ce seul titre, il s’agit même du premier grand triomphe du groupe au moins à l’échelle nord-américaine. Il le doit en partie à son tube "Closer to the Heart", succès quasi-immédiat, légèrement aseptisé si ce n’est FM. On sait à quel point le rock progressif d’Amérique du Nord flirta sans gêne avec le Hard-FM – les plus taquins diront qu’il en fut la source à force de dérives. Admettons tirer un peu sur la corde, "Closer to the Heart" reste un bon morceau avec de beaux arpèges et de belles mélodies, plus mémorable qu’un "Madrigal" sans relief ou qu’un "Cinderella Man" pris en défaut d’un thème accrocheur.


Ménageant l’art du contraste, Rush ferme son opus sur une nouvelle suite fantastico-spatial, "Cygnus X-1 Book I : The Voyage", un space-opera en deux temps qui sera conclu sur l’album suivant. Sans avoir la pertinence de "Xanadu", le titre s’offre une longue introduction atmosphérique assez expérimentale, sur laquelle la basse puis la guitare entrent avec d’autant plus de relief : il s’agit là d’un des morceaux les plus intransigeants et les moins accessibles du groupe au sein duquel on ne peut s’empêcher de souligner le pont sublime, angoissant et novateur (vers 7’15). Enfin, de façon plus synthétique, "A Farewell to Kings" condense bien le savoir-faire du combo en matière de hard-prog’, avec notamment un intermède instrumental rythmiquement affolant.


Avec A Farewell to Kings, Rush avait donc choisi d’entériner son orientation hard-progressive adoptée sur 2112 (et imaginée sur Caress of Steel) : son succès confirme la pertinence du choix, sa qualité atteste de la dimension historique que prend le trio canadien dans la geste du rock. Cet adieu aux rois résonne comme un nouveau sacre.


A écouter : "Xanadu", "A Farewell to Kings"

Commentaires
Daniel, le 04/06/2022 à 20:04
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