Sum 41
13 Voices
Produit par Deryck Whibley
1- A Murder of Crows / 2- Goddamn I'm Dead Again / 3- Fake My Own Death / 4- Breaking the Chain / 5- There Will Be Blood / 6- 13 Voices / 7- War / 8- God Save Us All (Death to POP) / 9- The Fall and the Rise / 10- Twisted by Design
Cinq ans après Screaming Bloody Murder, Sum 41 est de retour avec un 13 Voices très attendu. Car ce nouvel opus ne marque pas uniquement la remise en scelle de Deryck Whibley à l'issue d'une douloureuse bataille contre l'alcoolisme ; il est aussi le fruit d'une collaboration avec Dave Baksh, neuf ans après son départ du groupe. Et si la sortie de "Fake my Own Death" laissait présager une claque musicale, les come-backs de 2016 en matière de punk-rock ont plutôt déçu. Qu'en est-il réellement ?
En choisissant "War" comme single officiel, Deryck Whibley nous annonçait 13 Voices comme un album introspectif et intime ; et les textes l'illustrent clairement: "A Murder of Crows" évoque l'abandon de relations amicales toxiques, "Goddamn I'm Dead Again" décrit un état dépressif et des tentatives infructueuses de ressaisissement, "Breaking The Chain" est une ode à la rédemption... on reste finalement dans la poursuite de la démarche de Sum 41 qui au fur et à mesure de ses albums a gagné en profondeur, tant par ses textes que ses compositions.
Mais cinq années ont passé, et 13 Voices est malheureusement le marqueur de la fin d'une époque. Le son de Screaming Bloody Murder était lourd, aux tempos marqués, voix puissantes, riffs acérés. Celui de 13 Voices est étouffé, noyé sous le clavier, la guitare étant réduite à un filet de volume en fond sonore. L'album n'est pourtant pas dépourvu de bons titres : "Goddamn I'm Dead Again" aurait pu être l'un des singles phares du groupe, ne serait-ce que par son excellent solo qui prouve une fois de plus que Sum 41 ne peut être réduit à un simple groupe de punk-rock adolescent mais a tout le potentiel pour se hisser dans le monde du métal. "Fake my Own Death" est un rush d'adrénaline puissant disposant des composantes nécessaires à un bon Sum 41 : couplet énergique au texte engagé, refrain fédérateur, riff parfait, taillé pour la scène. Le titre éponyme, "13 Voices", contient également de bons éléments, notamment son refrain, ses solos toujours très métal, et la place laissée à Frank Zummo, qui surperforme à la batterie.
Malgré tout, la tension ne cesse de retomber au fil de l'écoute, et certains titres, malgré des textes de qualité, dépeignent une immaturité déconcertante : "Breaking the Chain" aurait ainsi trouvé toute sa place dans un album de Good Charlotte. Aucune surprise mélodique, son supra synthétique cliché, que ne rattrape pas la seconde partie du morceau qui tente en vain de le faire décoller. Avec "The Fall and The Rise" et sa tentative de rap, on se retrouve chez Linkin Park. De manière générale la présence du synthé et de choeurs « woohoo » redondants décontenance et finit par agacer. A trop vouloir explorer, on finit par se perdre.
Deryck Whibley s'est-il infligé une pression le poussant à vouloir expérimenter de nouvelles choses, pensant que c'était ce que le public attendait de lui? A-t-il compensé des limites vocales résultant des excès de ces dernières années par une surcharge instrumentale ? Là où la simplicité d'un "Pieces" avait fédéré des milliers d'auditeur, les adeptes du Sum 41 « à l'ancienne » auront peut-être plus de difficulté à adhérer à "War", au son plus pop et travaillé. Et c'est d'autant plus frustrant lorsque l'on connaît le contexte d'écriture du texte et ce que le titre représente pour le frontman du groupe. Mais malgré tout l'amour porté à Sum 41, entrer dans cet album fut laborieux, et la déception se fait sentir. Les réactions sur les réseaux sociaux semblent pourtant assez uniformes, certains allant jusqu'à parler de renaissance. L'opinion présentée dans cet article reste donc résolument subjective, et le seul moyen pour vous de juger cet album sera de l'écouter ! A titre personnel Chuck restera en première position de mon palmarès.
A écouter : Goddamn I'm Dead Again, Fake my Own Death, 13 Voices, Twisted by Design