Von Pariahs
Hidden Tensions
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1- Gruesome / 2- Carolina / 3- Skywalking / 4- Still Human / 5- Trippin / 6- At The Fairground / 7- Under The Guns / 8- Uptight / 9- Nerves / 10- Someone New / 11- Debauchery / 12- 19.09
Le revival eighties lancé par MGMT et consorts continue. À la fin des années 2000 il était question de ressusciter le kitsch des années 80, synthés pouêt-pouêt en avant (même Julian Casablancas s'y était mis). En France on a toujours un temps de retard paraît-il, tant mieux. Car ici on ne revigore pas des choses qu'on aurait préféré oublier. Les Von Pariahs par exemple débarquent de Nantes avec un premier album passant en revue tous les aspects de la new wave.
De quoi parle-t-on avec la new wave ? Terme vague et fourre-tout derrière lequel on retrouve pêle-mêle Joy Division, U2, The Jam et Indochine, la new wave est souvent désignée par "post-punk" par les esthètes. Ce dont il est question, c'est de la vague froide et rigide qui a balayé le rock juste après le tsunami punk. Dès 1978 les Sex Pistols explosaient et les héros du punk sortaient des albums s'éloignant singulièrement des canons établis par les Ramones. The Jam publiait All Mod Cons, The Clash revenait avec London Calling. À côté d'eux, une horde de groupes précisément influencés par le punk décidaient de tirer parti des leçons de cette révolution en allant de l'avant. Fini le blues, on allait expérimenter, d'où une diversité stylistique jamais vue depuis les sixties. The B-52's, Blondie, The Specials, Public Image Ltd., The Cure... Le lien entre toutes ces formations : le traumatisme punk et la volonté de reconstruction sur les décombres encore fumantes.
Les Von Pariahs s'inscrivent explicitement dans cette filiation, l'innovation en moins. Rien de grave, mais l'euphorie post-punk est passée depuis longtemps et le terme post-punk désigne à présent une esthétique assez cadrée, quoique protéiforme. Cette esthétique se veut froide, parfois rigide et toute en tensions. Alors quand les Nantais jouent de la new wave en 2013 ils se coulent dans les différents moules dessinés par leurs prédécesseurs et abordent une multitude de styles déjà entendus auparavant. On trouve sur Hidden Tensions du funk rigide soutenu par une basse élastique ("Skywalking") et une complainte gonflée aux stéroïdes avec "At The Fairground" qui fait péter les coutures de l'uniforme rigoriste enfilé par les Von Pariahs, une pièce épique et pleine d'emphase avec mid-tempo et chœurs à l'unisson. L'héritage de Siouxsie and the Banshees s'entend dans le vaudou tribal entre tensions et explosions ("Carolina") et dans le train fantôme de fête foraine mené par un chanteur à la voix de vampire roumain ("Trippin").
Les Von Pariahs abattent donc toutes leurs cartes dès ce premier essai et fondent, avec talent, leur identité dans des genres très balisés. "Uptight" est parfait dans sa tension et son pont final qui allie mélodie et hystérie. Les guitares tranchantes savent se faire discrètes quand l'heure est à l'apaisement sur le final "19.09". La voix est à l'unisson et s'adapte aux énergies dégagées par les chansons, abordant le registre de stentor de Ian Curtis ("Gruesome") autant que la voix blanche surexcitée allant de piaillements en hurlements, toujours au bord de la rupture ("Someone New"). Les Von Pariahs enchaînent les réussites en s'adaptant aux carcans définis par leurs aînés. Ils œuvrent dans la new wave et le font avec sérieux et professionnalisme. Ce que Hidden Tensions apporte à la musique ? Rien du tout, à part du songwriting.