↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Billet Albumrock

Vinyl : La petite histoire dans la grande, Episode 10 (Fin)


Erwan, le 24/04/2016

Nous rappelons que si American Century Records, ainsi que les personnages qui la composent et quelques autres éléments de l’univers de la série sont de l’ordre de la fiction, la plupart des évènements et des personnages cités sont bien réels et font partie de l’histoire de la musique des Etats-Unis.

Nous y sommes, l’épisode final de Vinyl était diffusé en début de semaine aux Etats-Unis et en France, l’épisode du dénouement pour cette saison où Richie fût a vu sa compagnie frôler la faillite, sa femme le quitter, ses enfants lui être enlevés… Mais au milieu de ces mélodrames, Richie s’est battu pour faire renaître le feu dans une industrie du rock dont les rouages étaient bien trop huilés, dont les produits étaient bien trop propres. En point d’orgue de cet épisode final, qui pourrait autant marquer la fin du projet que laisser place à une seconde saison, Richie célèbre le lancement officiel du sous-label Alibi Records après un concert des Nasty Bits en ouverture pour les New York Dolls.

24h à peine avant le premier concert du reste de leur vie, les Nasty Bits sont à deux doigts de se déchirer. Kip, chanteur et leader du groupe, met dehors Jamie, la petite assistante d’American Century Records qui est allée les trouver et s’occupe d’eux depuis leur signature de contrat. Une histoire de partie à trois, de jalousie, qui manque de faire capoter le plan de Richie qui lui mise tout sur les Nasty Bits pour lancer son sous-label salvateur. Après qu’il ait hurlé à Jamie qu’il ne voulait plus entendre parler du groupe, Kip s’enferme dans son appartement. Jamie et Lester, manager du groupe, le retrouve le lendemain sur le plancher de son appartement, inanimé après une injection d’héroïne mal dosée. A peine le temps de s’assurer qu’il est en vie et voilà que Kip est trainé jusqu’à la salle où se déroule le concert. Richie s’occupe de le remettre sur pied (un traitement à base de cocaïne, ne faites pas ça chez vous même avec l’accord d’un médecin), et Kip monte finalement sur scène avec le groupe. La foule se déchaîne, mais voilà que la police intervient pour interrompre le concert. Apparemment, le punk ne plaît pas à tout le monde.

Et pourtant, le punk n’est pas le seul genre du rock à avoir connu la censure de la police. Et on n’a pas forcément besoin de remonter très loin pour le constater. En 2012, Bruce Springsteen se produit à Hyde Park et invite avec lui sur scène un grand nombre de guest, dont un certain Paul McCartney. En plein duo avec l’ex-Beatles sur "Twist and Shout", la police londonienne interrompt sans prévenir le concert, qui a dépassé d’une demi-heure la durée d’occupation du lieu. Il faut dire que Bruce Springsteen a parfois l’habitude de se laisser aller quant à la durée de ses concerts qui frôle parfois les 4h. Mais pour parler de véritable censure, et non d’un fait divers finalement presque amusant avec du recul, rappelons que le rock n’est pas encore aujourd’hui une musique tolérée dans tous les pays du monde. De passage en Corée du Sud lors de leur tournée de 2001, le groupe de metal Nightwish se produit devant 50 000 personnes et le concert est diffusé à la télévision. Pourtant, la police coréenne interviendra pendant le concert pour couper court à une représentation qui ne plaît pas vraiment à certains dirigeants coréens. L’an dernier, le groupe Bon Jovi avait vu la Chine annuler deux de ses concerts, en raison d’une trop forte proximité entre le groupe et le Dalaï-Lama. Un sort qu’a également connu Maroon 5 la même année. Et l’on pourrait se dire que cela ne touche que les pays où la notion de démocratie a la même valeur que le beurre doux, mais pourtant en Europe également les années 80 seront le théâtre de diverses interruptions de concert en France, en Belgique et au Royaume-Uni, principalement de groupes de punk.

Sur scène, les Nasty Bits auront quand même le temps d’interpréter leur titre phare, "Woman Like You", chanson que Lester leur a appris en studio quand ils n’arrivaient pas à composer. Mais alors que le disque est pressé à 50 000 exemplaires et prêt à être diffusé, se pose la question des droits d’auteurs. La chanson est de Lester et s’il l’a en quelque sorte donné au groupe, il n’est pas mentionné sur le disque comme en étant l’auteur. Richie décide alors d’être réglo et de verser des royalties à Lester.

Un beau geste, qui aurait pu préserver la réputation d’un groupe dont les albums sont aussi célèbres que les accusations de plagiat qui les ont accompagnées. Le plagiat, c’est la bête noire de Led Zeppelin. Nous en parlions il y a peu dans nos colonnes (qui ne sont en fait pas des colonnes puisque nous sommes sur le net mais vous avez saisi l’idée), Led Zeppelin a souvent été accusé avec raison de plagiat pour avoir repris de vieux titres de blues et de folk britannique et américain sans jamais en avoir crédité les auteurs. "Stairway to Heaven", "Bring It On Home", "The Lemon Song" ou encore "Whole Lotta Love" (même auteur que "Bring It On Home"), de grands classiques pour lesquels le groupe s’est librement inspiré de paroles et mélodies déjà existantes sans jamais en mentionner les auteurs. Mais jeter la pierre uniquement à Led Zeppelin alors que John Lennon, Rod Stewart ou Johnny Cash ont connus les mêmes travers ? De toute façon, sans Jimmy Page et Robert Plant, ces chansons n’auraient rien eu de génial.

Une fois le concert terminé, Richie se rend dans un bar pour discuter avec un agent du FBI et boire un verre. Une fois l’agent du FBI parti, le barman interpelle Richie. Il souhaite changer le nom de son bar et installer des concerts dans son établissement. "Gormandizer… Vous connaissez ce mot ? Ça ressemble à gourmandise…". Ça y ressemble oui, assez étrange comme nom pour un bar de rock.

Le nom changera légèrement, pour devenir le CBGB. Le CB’s pour les initiés. Le CBGBOMFUG pour rester fidèle à la totalité de ce qu’on pourra lire sur l’enseigne en décembre 1973 à l’ouverture. Comprenez "Country, Bluegrass, Blues and Other Music For Uplifting Gormandizers". Le CB’s est un bar ouvert par Hilly Kristal à Manhattan, avec pour objectif de rassembler en un seul lieu les fans de blues et de country. Economiquement, l’affaire ne marche pas très fort. Le patron ouvre alors ses portes à des groupes d’un autre style : le punk. Television sera l’un des premiers groupes à s’y produire, avant que les Ramones (dont Etienne célébrait l’anniversaire cette semaine) n’y fassent leurs débuts. Suivront d’autres précurseurs du punk et de la new wave dont Patti Smith, et le bar devient le nouveau lieu d’émulation musicale de New York après la fermeture du Mercer Art Center dont nous avons déjà parlé. Le CB’s sera également le lieu d’évolution de la scène punk vers le punk hardcore, et restera un des hauts lieux de la musique alternative jusqu’à sa fermeture le 15 octobre 2006.

La série se termine comme elle a commencé, avec de la musique, des gens qui dansent et de l’excès. Avant de commencer à repeindre tous les bureaux de la compagnie, Richie prend la parole pour saluer le travail de son équipe durant une année difficile, et rappeler à tout le monde les raisons qui font que chacun à American Century Records est prêt à tous les sacrifices.

"Chaque génération grouille de jeunes perdus et abîmés, qui ont besoin d’entendre qu’ils ne sont pas seuls. Et ils l’entendent, grâce aux disques que nous produisons. Alibi a été créé pour eux. Ces gamins qui ont besoin de se faire entendre."

Vinyl, c’est maintenant terminé. Point de discours pour ma part, après tout je ne suis pas directeur d’American Century Records. Si ce n’est que remonter chaque semaine le temps pour replonger dans ce que le monde du rock nous a offert de plus beau, en tentant avec plus ou moins de réussite d’extrapoler chaque détail de la série pour en faire une histoire instructive et intéressante, fût un réel plaisir et un changement d’air délicieux quand la routine des sorties d’albums de l’année a parfois tendance à nous couper des pépites du passé. En espérant que le plaisir fût partagé, je ne peux que souhaiter vous retrouver pour une seconde saison. Salut.

 

Pour se quitter en musique : "Gimme Danger" de Iggy Pop, "The Night Comes Down" de Queen, "Ain’t Wastin’ Time No More" des Allman Brothers et "Psychotic Reaction" de Count Five.

Commentaires
Etienne, le 12/05/2016 à 21:21
Super retranscription de la série ! Je viens de la boucler et tous les détails que tu ajoutes quant au contexte font bien plaisir pour mieux comprendre la richesse de cette série. Par ailleurs, malgré quelques longueurs (son côté mélo avec femme et enfants...) c'est un très bonne série qui laisse présager une excellent saison 2. Les personnages sont ambiguës et on se lasse aller à successivement s'attacher puis détester ce bon Ritchie Finestra. Vivement la suite et bravo pour ta série d'articles !
Arnaud, le 30/04/2016 à 17:15
« De toute façon, sans Jimmy Page et Robert Plant, ces chansons n’auraient rien eu de génial. » Soit je n'ai pas compris où vous vouliez en venir, soit vous y allez un peu fort quand même ! Malgré toute l'admiration que j'ai pour Led Zeppelin, il faut reconnaître que les originaux étaient déjà des chefs-d’œuvre ! En tout cas, merci pour cette série d'articles qui démêlent le fictif du réel dans Vinyl. J'avais commencé à visionner le premier épisode en pensant que tout serait fictif, et les apparitions de Polygram, puis Led Zep et Peter Grant, bien réels, m'ont un peu déboussolé !