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Chronique Cinéma

Depeche Mode: Spirits In The Forest


Depeche mode, un trio, deux mots empruntés à un magazine, un groupe culte, une influence mondiale. Les premières notes de "Personal Jesus" suffisent à faire dodeliner n’importe quel caboche. 40 ans de carrière, 14 albums, une trentaine de tubes trouvables dans tous les karaokés du monde, y compris les plus miteux. Au premier abord, ce documentaire pourrait faire rouler des yeux. Encore un gros groupe qui se fait suivre en tournée, par un vidéaste dont le talent n’est plus à prouver (Anton Corbin s’il vous plait) en vue de se faire mousser. Un genre d’hommage à soi-même pré-mortem. Est-ce qu’on a envie de voir Dave Gahan se trémousser comme une anguille? (Oui). Est-ce que ça doit se focaliser uniquement la-dessus? (Oui mais non). Et bien bonne nouvelle, ce documentaire ne parle pas de l’artiste mais de ses fans, les deux parties protagonistes étant rassemblées à un moment spécial soit la dernière date de la tournée, en plein air à Berlin, dans le pays où le groupe a sa plus grande communauté de fans. 

"Un documentaire à part, qui se concentre sur les fans"
Mathilde, le 11/12/2019
( mots)

En 2017 donc, c’est la sortie de Global Spirits et de la tournée interplanétaire qui s’en est suivie avec 115 concerts et trois millions de fans rassemblés pour assister à la grand messe. Car s’il y a bien une donnée manquante depuis le nouveau millénaire c’est bien la spiritualité qui donne sens, direction et principe de vie. En quoi croyons nous aujourd’hui? Quelle est la référence, le paradigme à suivre? La méditation a remplacé la prière pour rassurer et détendre les poulet sans tête que nous sommes qui courons après le temps, sans figure, sans phare à l’heure où la religion ne fait plus sens pour la plupart. Le retour à la terre (à son petit potager), l’attention portée aux cycles naturels et la conscience écologique sont d’autres façons de s’ancrer en soi pour se protéger de l’effrayante réalité. Un autre biais que le jardin et le tricot? La musique bien sûr! Et c’est précisément le point commun des différents fans de Depeche Mode qui se sont accrochés au groupe à un moment où leur quotidien foutait le camp. De par le monde, ils vouent un amour inconditionnel à la musique du trio, qui clairement les rend vivants ou les aident à le rester. Six fans de nationalité Roumaine, Américaine, Brésilienne, Française, Mongole et Colombienne ayant respectivement subi la censure médiatique nationale, le cancer, l’homophobie, la dépression, l’éducation stricte et le divorce avec garde non alternée des enfants. Tant de plaies à panser et sur lesquelles il est difficile d’avoir le contrôle. Des gens qui vivent avec la peine, mais donc aussi avec la peur.

C’est alors avec beaucoup d’émotion et sobrement qu’ils sont interviewés, avec une lumière aux tons froids et aux plans fixes. Une pudeur et une retenue élégante propre à Corbijn -on devine qu’il a demandé véritablement aux fans sous quels angles ils voulaient être filmés- qui donne une neutralité au documentaire qui évite les écueils tape à l’oeil et tout autre voyeurisme. Ainsi un père de famille qui voit peu ses enfants suite à son divorce décide un jour de faire des covers de Depeche Mode avec eux (ses enfants hein) sur Youtube. Mignonnerie DIY (avec des bruits d’objets incongrus) mais surtout ciment émotionnel qui permet de renforcer la relation père-enfants. Le spectateur dans le ciné ne peut avoir que beaucoup de compassion pour ces gens qui n’ont pas la vie facile et qui nous reçoivent dans leur intérieur modeste et dénudé (est-ce un effet voulu par Corbijn?), sur un fond de silence un peu pesant (enjoy the silence). Tellement bien illustré par "A Pain That I’m Used To", titre qui fait l’unanimité chez les interrogés. S'alterne à chaque fois un témoignage puis un titre joué live à Berlin.

Et quand on arrive sur scène, les couleurs se font chaudes, les mouvements de caméra sont nombreux et dynamiques, suivant chaque mouvement de hanche de Mr Gahan qui n’en finit pas de se dandiner.  Le son est enveloppant et même si les tubes sont connus ils sont davantage grandioses, d’autant plus sur grand écran. Les visages des fans rassemblés ensemble dans un bout de gradin sont éclairés par une lumière dorée qui leur donne vie. Le contraste par rapport aux entrevues est saisissant et très bien articulé par Corbijn qui n’est décidément pas le dernier des pécores niveau scénarisation. Les tubes posés comme "A Question Of Lust" ou "Poison Heart"  enchaînent avec les titanesques "Personal Jesus" ou "Everything Counts", les revendicateurs "Walking In My Shoes" ou "Where’s The Revolution". Et les petits bonbons sucrés comme "I Just Can’t Get Enough" rendent la fin du documentaire plus léger. Le tout sous forme d'une gigantesque communion où la limite scène/public n'a jamais été aussi ténue.

Il n’est donc pas vraiment question de la carrière de Depeche Mode, de sa scénographie ou de sa setlist, mais de l’écho incroyable que les titres du groupe ont eu dans l’intimité de la vie des fans. Ils n’ont rien à voir les uns avec les autres et pourtant on les découvre amis dans le documentaire tant ils partagent la même sensibilité. Et aussi la même revendication anti-discrimination, la même ouverture d'esprit car Depeche Mode est un vecteur de tolérance avec l’androgyne Dave Gahan en figure de proue et Martin Gore en fond de cale (blague). Un duo opposé mais qui fonctionne sans effort et un bien beau documentaire pour redécouvrir Depeche Mode -car comme disent les fans, il y a toujours quelque chose à découvrir chez eux- et constater qu'il est sans doute aujourd’hui le groupe de rock le plus influent mondialement. Un genre de courant religieux à part entière qui compte beaucoup d’adeptes, et qui est bien parti pour durer. 


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