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Compte-rendu de concert

Digitalism


Date : 26/10/2014
Salle : Music Hall of Williamsburg (Brooklyn)
Première partie : Elliot Moss
Alan, le 29/10/2014
( mots)
Carnet de voyage, chapitre 2. Williamsburg est un quartier surprenant à bien des égards. Là où beaucoup ne voient en New York que la démesure de Manhattan, j’y vois des quartiers atypiques qui respirent l’éclectisme et voient émerger de grandes tendances artistiques et musicales. Williamsburg est un de ceux-ci : foyer majeur de l’indie rock actuel et berceau de l’electroclash, on y retrouve une communauté artistique foisonnante et étroitement liée à la culture hipster. Ainsi, quel autre quartier pour accueillir toutes ces curiosités en provenance directe d’outre-Atlantique qui, par un manque de notoriété ici, ne se voient pas affublés de l'étiquette assassine "too mainstream" ? Car oui : si en Europe, les deux teutons aux commandes de Digitalism ont une réputation bien établie, il est loin d’en être de même à Brooklyn. C’est donc dans un Music Hall dépassant à peine les 500 places que le duo est venu se produire dimanche dernier pour le plus grand plaisir des autochtones.

Éveil des sens

9:00 PM : après une excursion ayant pris fin dans un burger végétarien sobrement nommé The Burger Guru (éclectisme est bel et bien le mot d’ordre), il est temps de rejoindre le Music Hall. La chanson est toujours la même : ici, point d’Heineken au bar. Damn. Qu’importe, inutile de faire la fine bouche pour un accessoire aussi dispensable lors d’un concert (quoique…) qu’une bière. Dans la salle : quelques curieux venus prêter une oreille à l’electronica éclectique (encore et toujours) d’Elliot Moss. Mené de bout en bout par des beats solides et entraînants, le set du jeune multi-instrumentiste new-yorkais oscille entre saxophone vrombissant et guitare onirique, donnant forme à un spectacle tout en nuances à la fois captivant et surprenant.

Au sein du public : tout le monde observe. Écoute. Vibre. Frémit. Chacun à sa manière, que ce soit en effectuant de légers mouvements avec la tête ou en battant la mesure avec le pied tout en remuant le corps au rythme de chaque morceau. L’ambiance est planante, hypnotique et complètement prenante. Aux antipodes de la frénésie pour laquelle est connu Digitalism, donc, et c’est là la seul bémol de cette première partie : aussi doué qu’il puisse être, Elliot Moss n’a néanmoins pas su mettre le public en jambes pour ce qui allait suivre. Rien de bien grave cependant : il y a toujours de la bière au bar. Cheers.

Melting pot sensoriel

10:00 PM : extinction des feux. Jence et Isi entrent sur scène, chacun prenant place derrière sa platine. Alors que les premières notes grimpent progressivement dans le spectre fréquentiel, des images kaléidoscopiques sont projetées sur les trois rideaux de longs filaments blancs derrière lesquels se dressent les teutons. La salle désormais comble attend, avec impatience, l’instant où tout doit détonner : les basses, les images, les acclamations. Et c’est finalement après une bonne minute de teasing que le duo envoie enfin ce pour quoi le public s’est déplacé : une electro house furieuse et agressive comme on sait si bien en faire en Europe. La fosse se transforme alors en un dancefloor géant sur lequel le public se laisse emporter au rythme de beats tous plus percutants les uns que les autres.

Les basses grondent et résonnent de l’intérieur de la cage thoracique. Les décibels pleuvent en rafale et n’épargnent personne. Les couleurs s’emballent et se mélangent au sein des rideaux derrière lesquels on distingue très nettement deux silhouettes délivrant un set abrasif et fulminant. Tous les sens se mélangent au sein d’une expérience vivante qui se veut cathartique : déconnecté du monde extérieur, on se laisse transporter, subjuguer par la musique l’espace de quelques instants. Puis retour à la réalité lorsque Jence délaisse sa platine et s’empare du micro pour chanter et s’adresser à un public extatique. Le set poursuit sa course folle, avant de prendre fin après plus d’une heure sans aucun temps mort. "One more song !" s’écrient-ils tous à l’unison. "Of course. Vous l’avez plus que mérité ce soir." répond alors Jence.

Le rappel démarre, et chacun reprend là où il s’était arrêté. Quelques moments de plus dans cette bulle presqu’idyllique dans laquelle tout n’est que couleurs et sons. Comme un sursis d’apesanteur avant de se reconnecter au monde extérieur et de vivre de nouveau non plus au rythme de la musique, mais au rythme de la ville. Et c’est malheureusement ce qui finit par arriver : avec un set de près d’une heure et demie, Digitalism a conquis Williamsburg et quitte la scène avec les acclamations unanimes du Music Hall. Jusqu’à ce que les lumières s’allument de nouveau et que chacun retrouve sa condition initiale. Allez, une dernière bière avant la fermeture du bar.

Une heure et demie de synesthésie addictive. Rien que ça. Ce soir, Digitalism prouva que l’expérience vivante du concert reste quelque chose d’inimitable et vaut la peine d’être vécue au moins une fois. Quant à ce mélange des sens si savoureux, il est la preuve que dans certaines circonstances, la musique dépasse sa propre condition et se doit non plus d’être seulement écoutée, mais bel et bien d’être vécue elle aussi. Rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre 3.
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