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Compte-rendu de concert

Exsonvaldes


Date : 08/04/2016
Salle : Maroquinerie (Paris)
Première partie :

Exsonvaldes, entre deux dates en Espagne, est venu saluer son public parisien. Pour leur retour sur leurs terres, ils ont présenté leur dernier album au cours d'un concert très réussi.

Raphaëlle, le 15/04/2016
( mots)

Exsonvaldes est un groupe plutôt curieux : difficile par exemple d’expliquer pourquoi ils ont dix fois plus de succès en Espagne qu’en France, alors qu’ils chantent en anglais. Difficile aussi de comprendre pourquoi leur titre l’Aérotrain n’a pas enclenché davantage de dynamique en leur faveur, alors que le titre tournait pas mal en radio pendant l’hiver 2014. Le groupe, que j’ai rencontré en interview quelques heures avant le concert, fait preuve de décontraction à ce sujet, voire d’un certain fatalisme. Ils semblaient ainsi aborder leurs retrouvailles avec le public parisien avec une certaine distance. Forcément, quand on a joué devant 10 000 personnes, la petite salle de la Maroquinerie ne paraît pas très prestigieuse. Et pourtant, il semblerait bien que le trio se soit laissé surprendre par la ferveur de son public parisien…

D’ailleurs, parlons-en un peu, de ce trio. Initialement, Exsonvaldes était un quatuor d’amis qui se sont rencontrés il y a pas loin de 15 ans. Et puis, le bassiste est allé cultiver ses propres projets et les amis formaient un groupe trop homogène pour laisser quiconque y pénétrer. Pourtant Simon, Martin et Antoine ont été rejoints par Quentin (et le public a gagné la ferveur des amis de Quentin). Sur scène, le quatuor reconstitué est parfaitement à l’unisson : Quentin a comme tous les bassistes une gestuelle assez saccadée, mais il a les épaules pour délivrer un son rugueux qui fait la qualité du dernier album, Aranda.

A 21h, c’est devant un public que nous qualifierons pudiquement d’ "aéré", que le groupe débarque sur scène et entame "Judging Hands". Un choix intéressant, puisqu’il s’agit d’un titre assez emblématique du dernier album : la ligne de basse permet de présenter Quentin comme il se doit, Martin monte en puissance à la batterie et le titre alterne la puissance de leurs débuts avec ce que la voix de Simon offre de plus délicat, tandis qu’Antoine s’en donne à cœur joie entre sa guitare et son synthé. D’ailleurs ils enchainent avec "Horizon", symbole s’il en faut de cet Exsonvaldes nouveau, mêlant habilement les synthés et la guitare d’Antoine. Sûrement grâce à leur grande expérience de la scène, le groupe est entré de plein pied dans son concert et le son est excellent.

Durant toute la soirée, les titres plus sombres s’intercalent entre des instants lumineux. "White Fires" et ses rudes lignes contrastent avec la délicatesse du titre suivant, "Cyclop". S’il sera sûrement irrésistible dans sa version duo avec Helena Miquel, il est tout de même très réussi avec Simon seul au chant (et en français). Puis le groupe entame "l’Aérotrain" et là, quelque chose se produit. Un concert, c’est toujours une rencontre hasardeuse entre un public et un groupe, chacun charriant ses contrariétés de la journée (cette ligne 3 bloquée, on en parle ?), ses angoisses du moment et sa capacité à plus ou moins lâcher prise. Peut-être encouragés en cela par un public très nettement acquis à leur cause, les quatre musiciens arrivent à laisser leur pudeur au placard lorsqu’ils entament "l’Aérotrain". Le moment de grâce a donc lieu à l’instant précis où ils entament la chanson et que les sourires qui s’étalent sur leur visage reflétent une joie communicative. Je ne me fais pas prier pour entamer les paroles en chœur avec la bande de copains à côté de moi, comme un hymne libérateur : "Lentement/Je prends de la hauteur/Au bout des rails/Les jours seront meilleurs…" Mais le meilleur moment est à venir : Antoine entame un solo épique, debout face à un public déchainé. La chanson dure et dure encore, tandis que tout le monde s’époumone et qu’on devine que personne ne veut en finir. Et voilà le groupe surpris, ému même, qui remercie la foule.

Curieusement, on enchaine alors avec la délicate "Seahorses", qui finit dans un écrin de guitare plus nerveux que dans la version originale sur Lights. Le changement de rythme étonne mais il est parfaitement géré par la petite bande qui suspend d’un coup l’énergie de la salle. On continue en dégainant "L’Inertie", sorte de préfiguration de "Horizon" version Lights, qui ranime un peu le public captivé par la chanson précédente. Puis avec "les Angles Morts", dont les synthés en intro font craindre le pire, la batterie de Martin réveille définitivement tout le monde, tandis que Quentin nous entre dans sa transe de bassiste. Encore un titre qui m’avait laissée plutôt de marbre sur piste et qui m’a totalement convaincue sur scène !

On revient aux racines indie avec "Walls" entamé pied au plancher. Totalement imparable, le titre fait danser toute la fosse et je crois bien que c’est sur ce titre-là qu’un pogo s’est déclaré dans la fosse. Oui, vous avez bien lu, un pogo. A la Maroquinerie. Sur un titre d’Exsonvaldes. Voilà un détail inattendu qui en dit long sur l’énergie qui nous habite depuis le début du concert. Puis, de la même façon que "Seahorses" avait suspendu le temps après "l’Aérotrain", "Beyond Repair" captive tout le monde dès les premières notes. Comme pour secouer le vague-à-l’âme qui vient de s’emparer de nous, ils entament alors "On N’a Rien Vu Venir". Oui, ok, les synthés sont un peu too much, mais quel pied en concert ! Pas difficile de se laisser aller sur cette musique pleine de joie de vivre et la fosse ne se fait pas prier. Le groupe tire (provisoirement, of course) sa révérence sur l’excellente "Days", qui ouvrait l’album Lights. Avec sa batterie martiale, sa ligne de guitare mélodique et les changements de rythme bien trouvés, "Days" a réussi comme toujours à insuffler une envie de danser instantanée. Chanson parfaite pour clôturer le set, "Days" est l’occasion pour Simon d’aller déambuler dans la fosse, applaudi par un public déchainé.

D’ailleurs ils ne font pas durer le suspense trop longtemps et ils reviennent interpréter "Stories in Reverse". Selon moi, il s’agit tout simplement de leur plus belle réussite dans cette veine mêlant les synthés et les guitares. Sous la voix menaçante de Simon, une ville inquiétante se dresse autour de nous et on voyage avec le groupe dans cette vision angoissante. De l’instant où Antoine entame le morceau jusqu’à la dernière note, le groupe nous tient totalement en haleine. Mon voisin, un ami que j’avais trainé au concert, en reste ébahi : il avait jusqu’ici dansé de bon chœur, le voilà retourné comme une crêpe par la noirceur de ce nouveau titre. Un titre que je ne reconnais pas suit, puis on finit par "Nineties". Cette dernière conclut leur prestation avec entrain, même si ce n’est pas mon titre favori. Les parisiens saluent longuement leur public et s’esquivent en coulisses.

Le rappel qui suit est plus inattendu. Le groupe est visiblement ému lorsqu’il fait sa troisième entrée sur scène et ils entament "Let Go" avec une joie décuplée. A ce moment-là du concert, on a face à nous un groupe heureux d’être sur scène, libéré de toute pression. Ils finissent par saluer et s’en aller, sur une pirouette : "On n’a plus rien à jouer" avoue Simon à la foule qui en réclame encore plus.

Ce concert est du genre dont on se souvient pendant longtemps. La salle étant petite, le public voit particulièrement bien le groupe et ressent chacune de ses émotions. Exsonvaldes est entré sur scène concentré et déterminé à faire un bon set, mais nul doute qu’ils n’avaient pas prévu que l’atmosphère serait à ce point bienveillante à leur égard. Le groupe de copains à ma droite ne cesse de hurler "On t’aime" et "Revenez en France !", résumant plutôt bien le sentiment de toute la salle. Simon, assez pudique et réservé, admet ne pas trouver les mots pour nous remercier comme il le voudrait et lâche "Ça fait quand même du bien de jouer à la maison". Il serait grand temps que la France se rende compte de la qualité de leur musique !

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