Feist
Salle : Théâtre le Sébastopol (Lille)
Première partie :
Quatre ans après le succès de The Reminder, Feist est revenue cet automne avec le déroutant Metals. A la première écoute, chacun fut surpris par ce gain de maturité et ces mélodies plus spirituelles telles que "Graveyard" ou encore "How come you never go there". Feist a accouché d'un album plus profond, avec des sonorités nouvelles. Metals joue aussi avec les codes du rock avec le brusque "A commotion" ou "Undiscovered first". Heureusement, la patte Feist est encore bien présente avec de petites perles telles que "Good morning bird" ou encore "The circle married the line". Elle démontre donc un talent indéniable et une belle longévité, malgré des succès vampirisants après lesquels certains n’auraient pas su poursuivre : Reminder (2007) avec le fameux titre "1234", ou encore "My moon my man", "The limit to your love", Let it die (2005) avec le tube "Mushaboom".
Même si son univers mélancolique et doux n'est plus aussi évident, la magie est toujours là à l'écoute de Metals : l'album étonne avec 12 titres riches et un son fort.
Derrière Feist, un écran diffuse quelques tableaux abstraits mais aussi les images capturées des mini caméras. Placées soit aux micros soit à quelques instruments de musique, elles captent les moindres mouvements des musiciens, dans un effet psychédélique d'images distordues et ralenties.
Feist ne déçoit pas, grâce à sa voix unique, claire, parfois un peu rauque. Accompagnée de trois musiciens et du trio de chanteuses dénommé Mountain Man, elle va chanter, danser, discuter avec le public et jouer de la guitare, alternant une sèche et une électrique. Bien qu'impressionnée par la configuration du théâtre, Feist s’adresse au public soit en anglais soit en français, le fait chanter. Elle est drôle et taquine un peu les spectateurs ("That’s my job to embarrass yourself when I’m at the microphone, including myself"). Pendant ces deux heures de concert, on s'envole vers les contrées du Canada ("The bad in each other"), on traverse les paysages ("Undiscovered first" et "Caught a long wind"), les forêts.
Avec l'étonnante reprise de "Mushaboom", les spectateurs rentrent dans une sorte de rythme chamanique, les incantations envahissent la salle et se terminent par les chœurs envoutants des Moutain Man. Après un "My moon My man" endiablé, Feist harangue la salle et l'invite à se lever des sièges trop moelleux pour être honnêtes, et entonne un entrainant "Feel it all". Les spectateurs exultent et profitent pleinement du morceau en battant la mesure. Puis le théâtre semble être occupé par une réincarnation de Joan Baez pendant le titre "Pine moon", où la voix de Feist est magnifiée par l’acoustique du Sébasto. Puis les trois choristes ont revêtu des capes à grelots, qui nous évoquent Natasha Khan de Bat For Lashes et ses atmosphères mystiques. Heureusement, on a évité le bâton de pluie et l'ocarina !
C’est le retour aux fifties, avec le titre des Moutain Man, Feist leur ayant laissé la scène. Habillées de longues toges greco-romaines, leurs voix angéliques charment l'assistance, s'envolant en harmonie et en rythme ("Comfort me"). Même si elles ont semblé un peu molles au début, les trois jeunes femmes ont envoûté les spectateurs avec leurs voix subtiles et douces, se balançant en rythme pendant les titres et soutenant les refrains comme dans "Cicadas and gulls" ou le dernier titre "Get it wrong, get it wright". Sans forcer, Feist a montré tout son talent ce soir là, passant de la guitare au piano lors des rappels.
La canadienne vient d’être nommée artiste de l’année aux Juno Awards 2012 et a remporté trois prix ce dimanche dont justement celui du DVD musique de l’année.
Elle quitte les lillois avec un "Merci beaucoup, c'est très gentil, à la prochaine, j'espère …" Feist se prêtera gentiment au jeu des autographes en toute fin de soirée avant de repartir pour Londres le lendemain et pour encore quelques dates en Europe. Guettez le retour de Feist en France cet été pendant les festivals (Pukkelpop) ou faites un saut par l'Allemagne …
Setlist Feist Théâtre Sébastopol Lille 23 mars 2012 :
1 Cicadas and gulls
1 Secret