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Compte-rendu de concert

Ghost


Date : 02/02/2016
Salle : Laiterie (Strasbourg)
Première partie :

Entre cérémonie luciférienne et cantiques retentissants, Ghost inonde ses fidèles de sa noire parole au cours d'une grande messe aussi infernale que magistrale. Let's Ghost !

Etienne, le 12/02/2016
( mots)

Ghost fut la sensation de l'an de grâce 2015, proposant avec Meliora un album concept leché, puissant, noir et pourtant totalement décalé. Une réussite totale, un coup de maître rafraichissant dans un monde metal trop reclu sur lui-même, passant son temps à s'observer le nombril sans jamais oser pousser l'originalité à son maximum. Et par originalité, on n'entend pas "celui qui crie le plus fort" ou "celui qui joue le plus vite". Ghost alimente son propre mythe en jouant la carte du kitsch à fond, en perséverant dans une abstractisation totale de son image et, même caché derrière masques et maquillage, se révèle le groupe le plus audacieux et courageux du 21ème siècle. Artistiquement plus que musicalement, bien sûr. Restait à savoir si après un tel coup d'éclat, Papa Emeritus III et ses Ghoûls continueraient à prêcher la bonne parole avec tant de succès face à une salle archi-comble.

Baptême

Même tapi dans les loges, Ghost impressionne déjà son auditoire par ses frasques scéniques loufoques: les techniciens sont tous drappés d'une sombre soutane, col fermé et boutonné jusqu'au dessus avec - forcément - un maquillage fantômatique de circonstances. Les instruments sont tous affublés d'un drap noir et l'absence totale de tout système d'amplification donne à cette scène une étrange apparence de pureté stellaire paradoxale en comparaison de la furie des enfers prête à s'abattre sur la Laiterie de Strasbourg. Et alors que la fumée s'épaissit, que l'encens embaume la pièce et que le religieux "Misereme Mei, Deus" apaise les consciences et envoûte peu à peu les âmes, on prend la mesure de la théatrilité exemplaire de Ghost. Sans qu'aucune note n'ait été jouée, sans qu'aucun son n'ait été émis par le sextet suédois, les âmes damnées amassées dans cette immense chapelle d'un soir sont d'ores et déjà baptisées.

Communion

Si Ghost ne lésine nullement sur le soin apporté à son image, il n'en délaisse pas moins l'élément essentiel de tout concert: le son. Et à la Laiterie de Strasbourg, c'est un peu au petit bonheur la chance en ce qui concerne la qualité de ce dernier. Pourtant, le tout-puissant devait avoir Papa et ses Ghouls à la bonne en ce mardi soir à l'écoute d'une distorsion infernale et d'une balance parfaitement équilibrée laissant les riffs acérés emplir l'espace, les claviers nébuleux flotter dans la brume et la batterie asséner avec une brillance ardente sa rythmique massive. Entamant son set par l'imparable duo ouvrant Meliora ("Spirit" et "From The Pinnacle To The Pit"), les suédois font résonner leurs hymnes épiques dans une salle reprenant à l'unisson chaque refrain, du "Stand By Him" des débuts au poignant "He Is" en passant par le flamboyant "Per Aspera Ad Inferi" d'Infestissumam. D'une énergie communicative, les Ghoûls tapent du pied sans retenue lors d'un "Cirice" apocalyptique et le cérémonial prend peu à peu une tournure de grande fête du rock 'n roll durant laquelle les invités s'époumonnent pour accompagner Ghost avec ferveur. Summum de la dérision, Papa Emeritus fait monter sur scène deux "nonnes" (recrutées préalablement avant le show via Facebook) pour distribuer vin et osties factices à tout le premier rang pendant le titre "Body & Blood". La communion entre le groupe et son public est totale.

Profession de foi

Mais Ghost est plein de ressources et si le groupe est impeccable de professionalisme sous ses masques - qu'il doit faire chaud là-dessous ! - et arrangue la foule bras en l'air et médiators offerts à foison - toujours sans un mot -, c'est bien ce brave Papa Emeritus qui se veut l'archevêque d'une paroisse colossale de puissance. Quittant sa papale soutane après quelques titres, le chanteur retrouve plus de libertés dans ses mouvements et dans sa parole aussi. Lâchant sans pudeur quelques blagues salaces en racontant la génèse de "Monstrance Clock" - un titre dédié à l'orgasme féminin, considéré longtemps comme une incarnation du diable sur Terre -, Papa se révèle un showman d'un incroyable charisme, profitant de sa stature et de son franc-parler à l'accent chantant pour mieux envelopper sa prédication appliquée d'une dose d'ironie et d'humour raivssants. Faisant la part belle à ses musiciens lors de la superbe interprétation acoustique d'"If You Have Ghosts" - une reprise de Rory Erickson -, le souverain pontife encense ses fidèles cardinaux et l'osmose flagrante qui réside au sein de cette troupe masquée émeut. Surtout quand Ghost entonne son morceau le plus lourd et le plus maléfique, l'exceptionnel "Mummy Dust" qui déchaine la fosse trépignant depuis de longues minutes sur place. Avec une prestance de plomb, une mise en scène orchestrée à la perfection et un catalogue exhaustif de ses meilleurs titres, voilà qui parachève la profession de foi des fidèles, désormais fascinés par le mysticisme et l'aura divine du groupe. Une réussite totale.

 

Children of Strasbourg!Thank you very much for a lovely last night spent together at a SOLD OUT La Laiterie.../A Nameless Ghoul

Posté par Ghost sur mercredi 3 février 2016

Confirmation

Si "Monstrance Clock" signe avec brio la fin d'un office transcendant, le public rend grâce pendant de longues minutes en louant les prouesses et la sincérité de Ghost, qui salue son auditoire tel un troupe de théâtre. Une analogie de choix tant le show de la formation suédoise dépasse allègrement l'exercice du simple concert de rock. L'homme a toujours été passionné par ce qu'il ne pouvait comprendre, ce qu'il voyait sans pour autant expliquer le pourquoi du comment. C'est pareil avec Ghost. Leur allure est kitsch, presque grotesque. Leur musique parfaitement interprétée mais en rien follement originale. Le show est grandiloquent mais millimétré. Pourtant, c'est le meilleur groupe de metal du moment et leur concert de cette soirée du 2 février le confirme sans aucun doute possible.

Signe ultime de la réussite du groupe: qui peut bien aujourd'hui se vanter de faire chanter à son public des refrains en latin ?

Ad gloriam

Ghost Setlist La Laiterie, Strasbourg, France 2016, Black to the Future

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