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Compte-rendu de concert

Kasabian


Date : 07/11/2014
Salle : Zénith (Paris)
Première partie :

Raphaëlle, le 19/11/2014
( mots)

Certains vendredis soirs, cassé par la semaine, on a juste envie de se traîner jusqu’à son lit et y mourir en paix. Mais parfois, on a plutôt envie de ne pas se poser de questions, de se rendre dans un endroit bruyant à souhait, un concert par exemple, pour s’y faire retourner le cerveau dans les règles de l’art. Dans ces cas-là, vous êtes dans le bon état d’esprit pour aller à un concert de Kasabian.

Il y avait une promo dans l’Eurostar ou quoi ?

Avant de vous relater les frais d’armes des quatre rigolos de Leicester, une petite introduction sociologique s’impose. En Angleterre, la société repose sur un tryptique aussi sacré que la Reine : la bière, le foot, le rock. Kasabian réussit le tour de force de réunir les trois : leur musique de stade est bâtie pour les bandes de potes qui vont descendre des pintes de lager avant d’aller au stage. On a les ambitions qu’on peut : certains rêvent d’élever la musique vers les cieux, Kasabian se contente de concocter un son d’une efficacité redoutable sans jamais rien inventer de nouveau.

Aux abords du Zénith, quelques détails mettent la puce à l’oreille. Gel dans les cheveux, oreilles décollées agrémentées d’une petite boucle, polo Fred Perry boutonnés jusqu’au col et résistance anormale au froid (qui se balade en tshirt par 5°C dans ce pays ?)… Les brits nous ont envahis ! Partout autour de moi, dans la queue, dans les couloirs et dans les gradins, je n’entends que l'accent du nord de l’Angleterre. Celui des frères Gallagher, les chanteurs d’Oasis réputés pour leur capacité à introduire the F word dans à peu près toutes leurs phrases. Le décor est planté, le spectacle peut commencer.

Tout en douceur : back to basics

Comme d’habitude je n’ai pas réussi à arriver à temps pour la première partie. J’arrive en réalité environ 5 minutes avant les premières notes de "Shiva", qui n’a probablement pas d’autre raison d’être que d’introduire les héros sur scène. Devant moi, un couple d’anglais, monsieur entame sa première pinte.

Et puis soudain c’est parti. Un déluge de son s’abat sur le Zénith : "Bumblebee" retentit. Qu’on se le dise, ce soir, on n’est pas là pour faire dans la dentelle. Le Zénith réagit instantanément, la fosse bondit dans tous les sens et les gradins sont debout. Pourtant la chanson est l’illustration du pire de Kasabian : beaucoup de sons, une mélodie inexistante et un ensemble qui se tient miraculeusement. Si vous voulez mon avis, cela tient beaucoup à la voix hypnotisante de Tom Meighan lorsqu’il assène "when we’re together I’m in exctasy". Peut-être pas. De toute façon l’ambiance électrique ne donne pas beaucoup de temps pour disséquer les paroles.

Les vieux fans boudent dans leur coin ? Pas de problème, on enchaîne avec quatre titres sortis tout droit du best of de Kasabian. Ce qui est fascinant avec le groupe, c’est qu’on a vraiment l’impression que les disques ne sont là que pour fournir de la matière au live. Entre deux ou trois hits immédiats, ils comblent les vides et cela donne des albums inécoutables dans leur ensemble. Enfin ce n’est que mon avis. Du coup, une fois sur scène, libre à eux de revisiter leur répertoire et de piocher dans leur collection de tubes pensés pour faire danser les foules.

Ils enchaînent donc "Shoot the Runner", "Underdog", "Where did all the love go" et "Days are forgotten" avec une facilité déconcertante. La foule leur est totalement acquise, obéissant docilement quand on lui ordonne Paris f*cking dance ou de raise your f*cking hand in the air. Le type devant moi repose la deuxième pinte et entame la troisième. Il se lève pour commencer à danser. Pendant ce temps, Tom remercie le public en répétant "Merci beaucoup" entre chaque titre et Sergio Pizzorno, le guitariste, exhorte la fosse à sauter régulièrement. Pas de répit, pas de temps mort, on n’est pas venu pour ça.

En réalité, tout cela semble tellement facile que le groupe ne semble pas vraiment dedans. Peut-être est-ce déstabilisant d’avoir un public aussi facilement conquis ? Enfin pour ceux qui avaient encore un doute, les quatre chansons pré-citées sont toujours aussi efficaces en live et tout le Zénith reprend les refrains en chœur. Du jamais vu, quand je repense à l’accueil initialement mitigé réservé à Franz Ferdinand en Mars dernier.

Histoire d’en découdre pour de bon avec 48 :13, ils entament alors "clouds", la préférée de Meighan, nous confie ce dernier. Ah. Bon c’est sûr qu’elle est mieux en live que sur le disque … De là à dire que c’est la meilleure… Il y va un peu fort en besogne, l’ami Tom.

Enfin le démarrage du concert

En réalité, tout cela n’était qu’une mise en jambe et nous nous y sommes laissés prendre. Le vrai début du concert est maintenant, avec "eez-eh". La température du Zénith monte d’un cran avec cette bombe électro conçue dans l’unique but de retourner les stades sens dessus dessous. Cette fois le chanteur est à fond et Pizzorno sautille partout frénétiquement. Même le type devant moi s’y est mis. Il faut dire qu’il en est à sa cinquième pinte.

La promenade à travers les classiques reprend. Les voilà qui enchaînent "Processed Beats" et "the Doberman", clin d’œil aux années où leur son était sec et nerveux comme une petite frappe de Leicester. On revient ensuite à un son plus récent avec "Take Aim" et "Thick as Thieves". Cette dernière est probablement leur seule ballade potable. Le clin d’œil aux Beatles est un peu trop appuyé (pourquoi ces chœurs ?!) mais on ne pouvait pas attendre de Kasabian de faire preuve de délicatesse. Quand je vous disais que le foot n’était jamais loin… Ravivant les clameurs de la foule, "Club Foot" sonne comme un coup de fouet. Personnellement, c’est la chanson qui m’a conquise. Cette ligne de basse, ces coups, cette violence dans les paroles… Comment résister ? Dix ans et pas une ride, chapeau. Et que dire du culte "Hit me, harder, I’m getting Re-Wired" qui met le Zénith en délire juste après?

A force de revisiter le passé, on en arrive au présent avec treat, la chanson la plus déroutante du groupe. Ses refrains qui scande "Everybody" me rappelle malencontreusement une chanson de boys band de mon enfance (Backstreet’s back alright…) tandis qu’au milieu, un intermède de house arrive comme un cheveu sur la soupe… Et le pire, c’est que ça marche ! Pizzorno a lâché la guitare, il danse de part et d’autres de la scène, au sommet de son art. J’ai arrêté de compter le nombre de bières que le type devant s’est envoyées mais ça a l’air de faire effet, il danse comme un dingue.

Avant le rappel, ils expédient encore "Empire" et l'uppercut final "Fire". C’est bien simple, à ce moment-là, je ne réponds plus de rien et j’ai mal aux mains à force d’applaudir. Pour vous faire une idée de l’ambiance, je suggère la vidéo ci-après, surtout autour de 2:10…

On prend les mêmes et on recommence

On a droit à un rappel qui sonne comme un sursis pour nous. Ils reviennent avec "stevie", qui me laisse dubitative devant tant de gimmicks éculés puis "Vlad the Impaler" dont le get lose get lose fait son petit effet. Après une reprise inattendue mais bien fichue de "Praise You", le grand moment de communion a lieu sur L.S.F. Peut-être que c’est en écoutant "L.S.F." que j’ai décidé que j’allais aimer Kasabian, finalement… Bien après le départ du groupe, le Zénith continue de chanter l’air du refrain.

Conclusion : allez voir Kasabian en live. Oui leurs disques sont boursouflés et vaniteux. Oui ils sont insupportables à raconter partout qu'ils forment le meilleur groupe du monde. Oui leur musique se contente de piquer des astuces aux autres pour mixer le tout sans trop d’inventivité. Vous voyez, je suis d’accord avec leurs détracteurs. Mais comme ils arrivent à transcender leur soupe en un véritable magma une fois sur scène, je signe tout de suite.

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