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Compte-rendu de concert

Patti Smith


Date : 29/12/2014
Salle : Webster Hall (New York)
Première partie :

Après un détour par le Vatican et une visite au Pape François, c'est à New York que la godmother of punk venait célébrer son anniversaire avec pas moins de deux dates programmées au Webster Hall. L'occasion rêvée pour voir en chair et en os l'une des figures les plus influentes de la scène musicale new-yorkaise des seventies tandis que cette année 2014 approche de son terme.

Alan, le 31/12/2014
( mots)

Noël passé et la Saint-Sylvestre approchant à grands pas, il n’y a officiellement plus grand-chose à espérer de la part de cette année 2014 qui touche à sa fin : tous les yeux sont désormais braqués vers 2015, avec son lot d’attentes et l’espérance d’une nouvelle année aussi glorieuse - voire même plus - que la précédente. Il serait néanmoins déraisonnable de franchir le seuil de cette nouvelle année de manière précipitée, au risque de passer à côté des quelques curiosités que recèlent pourtant les ultimes jours de décembre, à l’image de la venue de Patti Smith au Webster Hall qui réservait de surcroît une surprise de taille et à laquelle personne ne pouvait s’attendre.

Aucun nom n’avait circulé quant à la première partie de cette birthday party grimée en concert. Enfin, presque : les bougies ont été soufflées le lendemain, car comme le rappelait Patti le premier soir, “ce soir n’est pas mon anniversaire, il me reste encore quelques heures pour savourer l’âge glorieux de soixante-sept ans”. Quoi qu’il en soit, celle-ci avait invité un ami proche à venir se produire en première partie de ces deux concerts d’anniversaire. C’est de ce fait un invité surprise de marque qui a foulé la scène du Webster Hall puisqu’il s’agissait de nul autre que Michael Stipe, la voix de R.E.M., pour son premier concert en quatre ans.

Délivrant, tout comme sa consoeur le fera après lui, un set rendant hommage à différents artistes (dont Patti Smith elle-même avec une reprise de sa chanson “Wing”), Stipe, accompagné au piano par Jesse Paris Smith, fille de Patti, apparaît comme étant à la fois fascinant et intriguant. Sa performance est saluée par le public, dont un membre s’exclame d’ailleurs “Tu nous avais manqué !” avant que Stipe ne réponde avec humour “Je sais, je me suis manqué à moi aussi.” Entre différentes reprises de Vic Chesnutt ou Perfume Genius, celui-ci séduit son auditoire lorsque résonnent les premières notes de “New York, New York” qu’il chantera avec classe et élégance. C’est finalement avec “New Test Leper”, morceau de R.E.M. au même titre que “Saturn Return”, présent lui aussi dans le set, que cette première partie de luxe se termine, acclamée par un public extatique. Pas de doute, la dame sait choisir ses amis, et son public l’en remercie encore.

Le souvenir des proches

C’est finalement une Patti Smith désormais marquée par les années mais toujours aussi souriante qui fait son entrée sur scène, accompagnée par ses musiciens et son compagnon de bonne fortune Lenny Kaye, à ses côtés depuis maintenant près de quarante ans. Le concert s’ouvre sur “Dancing Barefoot”, et d’emblée l’on ressent une certaine spontanéité dans l’interprétation : la cohésion au sein du groupe confère au spectacle une sensibilité vintage authentique et enivrante. Suit un “Fuji-San” lancinant et apaisant à la suite duquel Patti prend la parole pour le premier des nombreux hommages qu’elle rendra durant la soirée. C’est ainsi à Allen Lanier, claviériste et guitariste de Blue Oÿster Cult et ancien concubin, qu’elle dédie “Distant Fingers”.

“Pumping (My Heart)”, énervé et abrasif, se voit dédié à Mohammed Ali. “This Is the Girl”, à Amy Winehouse. C’est néanmoins son défunt mari Fred “Sonic” Smith qui sera le plus cité au cours de la soirée, Patti lui dédiant une reprise de la “Stable Song” de Gregory Alan Isakov. Kurt Cobain se voit dédié “About a Boy” auquel suit la mystique reprise folk de “Smells Like Teen Spirit” au sein de laquelle le deuil se manifeste au travers d’un chant serein et quiet à l’opposé de la hargne manifeste de Cobain dans la version de Nirvana. Suivent dans la foulée “25th Floor”, “Pissing in a River” et “Gandhi” qui clôt le set avant le rappel.

C’est accompagnée du seul Lenny Kaye que Patti Smith remonte sur scène, le duo interprétant “Mercy”, berceuse composée spécifiquement pour le Noé de Darren Aranofsky, avant d’être rejoint par le reste du groupe - auquel se joint Jesse Paris Smith - pour un “Banga” exalté et animal rythmé par les hurlements lupins de Smith et Kaye. “People Have the Power”, de par son message fédérateur, galvanise le public avant le monologue de Patti sur “Babelogue” qui débouche sur un “Rock ’n’ Roll Nigger” furieux et excité dans lequel celle-ci lance ses dernières forces, allant jusqu’à arracher à la main les cordes de sa guitare, l’air amusé et satisfait, avant de chaleureusement remercier le public et quitter la scène. 

Entre rock et poésie

C’est ce mariage si atypique entre poésie Beat et punk-rock sauvage qui fait toute la saveur du rock contestataire de Patti Smith : lorsque celle-ci n’arrache pas les cordes de sa Strat’ ou ne vocifère pas avec hargne “Outside of society, that’s where I wanna be”, cette dernière aime rappeler son amour pour la poésie, et plus particulièrement pour Arthur Rimbaud, dont le nom sera prononcé plusieurs fois durant la soirée. C’est d’ailleurs le jour de l’anniversaire de sa mort - le 10 novembre - qu’elle prévoit un nouveau concert new-yorkais pour célébrer le quarantième anniversaire de Horses, album catalyseur qui a largement contribué à définir la mouvance punk.

Entre deux morceaux, elle prend d’ailleurs le temps d’expliquer son attachement particulier pour la ville de New York qui a alors su l'accueillir à bras ouverts lors de son arrivée en 1967, à l’inverse du New Jersey où elle a grandi. C’est d’ailleurs sur une série de remerciements pour les five boroughs que “Gandhi” se termine : “Thank you Manhattan, thank you Brooklyn! Queens, Bronx, Staten! Thank you New York!” Fierté chauvine lorsque sort de nulle part un “Thank you Paris, France!” par la suite. Quoi qu’il en soit, Patti Smith aime la ville de New York, et elle a su le montrer ce soir avec un show de plus de deux heures parfaitement rythmé aussi sincère que captivant.

Ainsi s’achève la folle épopée qu’était cette année 2014. Il est désormais temps d’aborder 2015 tout en repensant à l’année écoulée : il y eut de bonnes choses, il y en eut de mauvaises. Et, indéniablement, ce concert de Patti Smith, malicieusement caché à la charnière entre 2014 et 2015, rentre dans la première catégorie. À 68 ans, la godmother of punk a su faire preuve d’une vitalité épatante, celle-ci se targuant même d’un superbe : “Même à soixante-sept ans, il est toujours possible de trouver un mec.” Dans ce cas ça y est, Patti : tu as déjà ta bonne résolution pour 2015. Bonne année à toi.

Et bonne année à vous, aussi.

Setlist : 1. Dancing Barefoot - 2. Fuji-San - 3. Distant Fingers - 4. Pumping (My Heart) - 5. This Is the Girl - 6. Because the Night - 7. The Stable Song - 8. My Little Red Book - 9. 7 and 7 Is - 10. About a Boy - 11. Smells Like Teen Spirit - 12. 25th Floor - 13. Pissing in a River - 14. Gandhi

Rappel : 15. Mercy Is - 16. Banga - 17. People Have the Power - 18. Babelogue - 19. Rock ’n’ Roll Nigger

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