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Compte-rendu de concert

Tremonti


Date : 18/06/2015
Salle : Laiterie (Strasbourg)
Première partie : Like A Storm

Alors que Cauterize sort à peine de son cocon et se révèle doucement comme un album plus qu'intéressant, Tremonti investit le petit Club de la Laiterie à Strasbourg. Affublé de son nouveau statut d'artiste solo, l'homme à tout faire de Creed et d'Alter Bridge délivre ce soir là une prestation à la hauteur de son talent : magistrale.

Etienne, le 22/06/2015
( mots)

De nombreuses appréhensions jalonnent l'esprit avant d'entrer au Club. Le son sera-t-il à la hauteur de la puissance du groupe ? La voix de Mark Tremonti souffrira-t-elle de la dizaine de concerts donnés en à peine quinze jours ? Pourtant, dès le premier accord, le premier larsen, toute interrogation sera balayée, emportée par un charisme hallucinant et le bulldozer sonore mis en place par le groupe. A l'exception de l'éternelle récurrence qui accable chaque concert (à quelques exceptions près) : qui sont ces drôles de mecs en première partie ?

Like A Storm, formation néo zélandaise peu connue, se présente sur scène avec un décor aussi moche qu'encombrant. Des draps nappés de flammes recouvrent les amplis, le tout surmonté d'un étrange miroir aux couleurs du groupe, digne d'un mauvais steakhouse. Au delà de cette délirante mise en scène assomante de médiocrité, la dégaine d'un chanteur aux airs de Tokio Hotel sous anabolisants et d'un batteur sosie de Drago Malefoy reste le seul souvenir périssable du rock FM poisseux servi par le combo. Les incessants "Strasbeurgue, d'ya have a good time ?", au moins 15 en 30 minutes, arranguant une foule au bout de l'ennui, n'y feront rien : Like A Storm est une formation ultra-classique de rock FM ou, à la limite, de metal alternatif américain. Le groupe tient d'ailleurs plus de l'orage que de la tempête : le tonnerre du didjeridoo servant d'introduction puis les guenilles vestimentaires piquant les yeux tel un éclair, n'aboutissent qu'à une grosse averse sonore bien déségréable, heureusement assez courte. Les kiwis quittent la scène en ayant convaincu la majorité de la salle, les autres filant se rehydrater au bar avant d'entamer les hostilités.

En ce 18 juin 2015, l'appel de Tremonti a été entendu unanimement. Après avoir débarasser tout le fatras scénique de Like A Storm, les premières notes de "Cauterize" retentissent. Balances parfaites, batterie lourde et basse claquante : le son, même au deuxième rang, est proche de la perfection. L'équilibre est respecté, chacun trouve sa place et personne n'empiète sur son voisin. Pourtant, au vu des décibels delivrés sans mesure aucune, la tâche s'avèrait complexe car dans cette même salle en octobre 2014, Black Stone Cherry s'est vautré, livrant un abrutissant grondement sudiste. Tremonti marque les esprits d'entrée, sa voix portée par ce support musical pharaonique qui octroye les premiers frissons d'un concert monumental.

Bien au delà d'une "simple" performance sonore, Tremonti promeut son statut d'artiste solo à celui de groupe scénique bestial. Les morceaux d'All I Was et Cauterize sont absous de toutes contraintes et déchainent les éléments. L'exécution nette et sans bavure de chaque titre ravit un auditoire qui ne manque pas de balancer ses encéphales d'avant en arrière, de gauche à droite, au rythme des riffs assomants de technicité et d'ampleur. "All That I Got", B-Side d'All I Was, précédée d'un "Cauterize" monstrueux en intro, lance le combo d'Orlando sur une voie royale où les vagues telluriennes déferlent sans discontinuer sur le petit parterre presque bondé du Club. En plus d'agrémenter le public alsacien d'un "Arm Yourself" absolument dantesque et joué pour la première fois en live, les déjà classiques "You Waste Your Time" ou encore "Brains" et son riff ravageur font s'agiter les mains cornues dans tous les sens, pour le plus grand plaisir de Mark, qui n'aura pas manqué d'effectuer lui aussi ce geste symbolique à son entrée sur scène. 

Habituellement, celui-ci ne brille pas par ses mouvements d'humeur sur scène. Du moins avec Alter Bridge. Ici, l'américain s'assume complètement, joue avec le public, se délecte de quelques plaisenteries bien senties et s'autorise même une séance de vocalises avec son auditoire sur un "Decay" moins vigoureux, que le jeu de scène de celui-ci réhausse. Libéré, délivré, (énorme vanne) Tremonti se voit comme un groupe à part entière, cohérent, à la signature sonore impeccable. Loin de s'attribuer tout le mérite, Mark laisse la place au guitariste Eric Friedman pour s'affirmer au travers de solos inspirés ("Leave It Alone"). Il est plaisant de voir que même si Tremonti porte le nom de son fondateur et membre éminent, on assiste à la représentation d'un groupe de 4 musiciens généreux dont l'énergie et le plaisir de jouer sont communicatifs. Il suffit de voir les bras se lever sur le planant "Things You've Seen" pour se persuader que Tremonti n'aura mis qu'une moitié de set pour convaicre totalement l'assemblée de sa pertinence musicale.

Pertinence doublée d'une extrême efficacité, tant les refrains fédérateurs de chaque titre prennent un volume expansif. "So You're Afraid" et ses back vocals bien tenues, "Radical Change" et ses longues notes poussées par un Mark Tremonti ayant indéniablement gagné en constance orale, font retentir des chants à l'unisson dans une salle chauffée à bloc. Ces deux titres, issus respectivement du premier et deuxième album du groupe, sont à eux seuls l'image de l'incroyable réussite de Tremonti : magnifier deux bons albums en morceaux live transcendentaux. Car la magie du maître opère sur scène plus qu'ailleurs. Son inimitable doigté est au service d'interprétations repoussant les limites entrevues sur les enregistrements studio, aux confins d'une fureur scénique époustouflante ("All I Was"). Le concert se concluera sur un "Wish You Well" infernal déclenchant de succints mouvements de foule, bienvenus en cette fin de concert plutôt sage dans l'ensemble.

S'il y a des concerts marquants à plus d'un titre, celui de Tremonti au Club en fait partie. Fort. Voilà comment résumer ce concert. S'affirmant une fois pour toute comme un artiste à part entière, Mark Tremonti réjouit par son aisance scénique. Son public assidu pourra même, comblé, faire dédicacer son disque par son idole, lui serrer la main, discuter une minute de ce fabuleux concert. Et bien sûr, le remercier pour "Arm Yourself", chanson parmi les meilleures du bougre. Bref, comme un enfant au pays de Mickey. Il n'y a bien que le rock 'n' roll pour donner de tels frissons.

Setlist : 01 Cauterize - 02 All That I Got - 03 You Waste Your Time - 04 All I Was - 05 So You're Afraid - 06 Flying Monkeys - 07 The Things You've Seen  - 08 Arm Yourself - 09 Brains - 10 Radical Change - 11 Decay - 12 Another Heart - Rappel : 13 Leave It Alone - 14 Wish You Well

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