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Furia Sound Festival 2008


Maxime, le 06/09/2008

SAMEDI 28 JUIN


Dès l’ouverture des portes, on se dirige vers la scène 3, située près de l’entrée, pour s’apercevoir qu’elle a laissé place à un chapiteau afin, selon la brochure, "de créer un espace chaleureux plus propice aux musiques pointues". Seulement, si l’on n’est pas posté sous les bâches, impossible de voir correctement le groupe jouer. De même, l’enchevêtrement des piliers destinés à soutenir l’installation est tel que si l’on ne se trouve pas pile dans l’axe de la scène, il faut se lancer dans des séances de contorsions douloureuses pour espérer apercevoir quelque chose (même problème constaté à Solidays). Mais les Mantis, qui ouvrent les hostilités, ne semblent pas dépaysés par cet espace confidentiel, eux qui viennent tout droit des caves des clubs parisiens, où depuis quelques mois ce duo adolescent usine son garage rock frénétique à la croisée du psychobilly et du surf épileptique. Bruyante et tapageuse, la paire débite son jeune répertoire avec une fougue parfois approximative. On retiendra cependant leur "Where Are You My Generation", petit brûlot malin en forme de clin d’œil au légendaire tube des Who. Alors que l’après-midi s’installe et qu’une population très jeune et familiale finit d’installer les tentes dans une atmosphère bon enfant, la grande scène ouvre ses planches pour l’insolite Coming Soon. Collectif peuplé (on compte presque autant de membres que chez les psychopathes masqués de Slipknot) et hétéroclite (il y a là une grande perche coiffée d’un Stetson, quelques filles diaphanes et un gamin de 12-13 ans), ce groupe originaire d’Annecy étonne dans un premier temps, puis charme rapidement, avec son folk-pop lo-fi soutenu par de superbes chœurs qui trouve dans la base de loisirs de Cergy-Pontoise le décor champêtre idéal pour l’apprécier à sa juste valeur. Il faudra se pencher plus avant sur leur album…


Alors que le soleil fera sa plus grosse apparition du week-end, l’atmosphère devient bouillante sous le chapiteau de la scène 3 avec l’arrivée de Sherkan, collectif métallique hexagonal mené par un chanteur semblant tout droit sorti des antiques Fishbone. Les riffs sont tranchés à la hache, et les premières gouttes de sueurs apparaissent sur les nuques des spectateurs qui se lancent dans des séances de handbanging pendant que le thermomètre se met à exploser. Un rapide changement de plateau plus tard, les adeptes du décibel cru réservent un accueil déchaîné à Eths et sa prêtresse gothique, Candice, aussi ravissante quand elle se lance dans des refrains mélodiques que terrifiante quand elle hurle comme un porc sur une chaîne d’équarrissage. La musique du collectif marseillais a beau être fort bourrine, on est comme fasciné par cette schizophrénie bruitiste (même si loin d’être originale dans le genre), cette orgie où Mylène Farmer se ferait bouffer toute crue par Slayer, ce grand déversoir de tripaille presque hypnotique dans son alternance soutenue de murmures et de cris gutturaux. Ce combo a définitivement un charme bien à lui, même si on a du mal à vraiment l’expliquer. Au même moment, sur la grande scène, une autre diva hexagonale, Mademoiselle K, l’égérie de Guitar Hero version Nintendo DS, avec son perfecto moulant et ses joues de hamster, convainc beaucoup moins. Son débit de parole frénétique plaqué sur un rock quelconque et sans saveur exaspère au bout de deux titres.


Première sensation indie du festival avec la venue des new-yorkais de The National, accompagnés des très bons titres de leur dernière livraison, The Boxer. Même si le groupe joue avec un charisme minimal qui trouve un parfait écho dans l’accueil poli, sans ardeur excessive, qu’il reçoit, on est de plus en plus envoûtés, au fur et à mesure que le set progresse, par la voix de Matt Berninger (certes moins satinée que sur disque) et leurs mélodies ouatées dans lesquelles on se love avec plaisir. Le soleil commence à décliner, et alors qu’on se rend vers la scène 2 après avoir enfin réussi à obtenir sa bière (les festivals obligeant désormais les spectateurs à se munir du même gobelet en plastique recyclable pour éviter les déchets superflus, initiative louable mais qui redouble les queues aux buvettes), on croise nombre de festivaliers ayant chaussé leurs shades, saisi leur blouson en cuir et étrenné leur t-shirt vintage, prélude idéal à l’arrivée des Black Rebel Motorcycle Club qui viennent ici achever leur tournée européenne. Même si leurs disques n’ont jamais engendré de pics de jouissance absolue sur toute leur longueur, force est de reconnaître que leur rock noisy volontiers étiré en de longues transes éthyliques a de la gueule sur scène. S’échangeant basses et guitares, Peter Hayes et Robert Turner imposent une incroyable présence, s’abîmant tout entiers dans leur musique narcotique. L’un, mégot vissé sur le bec, yeux enfouis sur une grasse tignasse, marmonne en semblant se contrefoutre du public qu’il a en face de lui, jouant à cache-cache avec une camera-woman essayant tant bien que mal de filmer la prestation. L’autre, instrument collé contre le torse, valse, se contorsionne comme un shaman possédé. Le formidable "Ain’t No Easy Way" reçoit un accueil dithyrambique. Leur rock misanthropique semble avoir des effets secondaires, à en voir le vigile de sécurité malmenant les personnes du premier rangs, shootant à coup de pieds les sacs des photographes, une espèce de brute lâchée en liberté qu’aucun de ses confrère n’a envie de calmer, et qui ajoute une tension certaine aux titres du BRMC.


Bien décidés à parachever leur conquête du public avec une tournée des festivals marathonienne (ils sont de tous les gros rassemblements estivaux cette année), les BB Brunes viennent tâter de la jeune femelle et du kid en jean slim, dans une atmosphère beaucoup moins crispée que celle qui avait été réservée à leurs camarades des Naast l’année dernière. Personne ne les accueille à coup de jets de fourchettes à tartiflette. Dommage pour le show, beaucoup moins fougueux que celui du quatuor de Joinville. Sous de gigantesques lettres BBB formées par des spots aveuglants, le trio, renforcé d’un quatrième larron, abat sa besogne avec un certain détachement, sans véritablement rentrer dans son set. Les clins d’œil aux amis et aux groupies se multiplient, et on les laisse bien vite s’amuser entre eux. Retour sur la scène 3, où on cueille la dernière demi-heure du concert que le trio de rock arty Why ? déroule devant un petit parterre de curieux. La tambouille lasse rapidement, un titre sur deux est partiellement raté, transparent, sans caractère, malgré les coiffures originales des musiciens. Finalement, les passages les plus intéressants adviennent quand ils se lancent dans un hip-hop lo-fi et décalé qui ne parvient hélas qu’à n’évoquer Beck dans ses moments les moins inspirés. Franche déception pour ce qui semblait être l’une des découvertes majeures de ce festival. Cette prestation très mitigée tranche avec l’accueil bouillant amplement mérité qui sera réservé, une heure plus tard ici-même, au DJ allemand Shantel flanqué de son orchestre originaire des Balkans, le Bucovina Club Orkestar. On a l’impression d’assister à une rencontre jouissive entre une disco-pop entraînante et le Emir Kusturica & The No-Smoking Band. C’est chaleureux, festif, ça réchauffe les cœurs excite les gambettes. Le public est en osmose totale et c’est une superbe teuf populaire (on se croirait un samedi soir dans un bar de Belleville) qui se met à battre son plein une bonne heure durant. Certainement, pour les festivaliers, l’un des moments forts de cette édition.


Alors que les amateurs de dub mutant s’en donnent à cœur joie avec Zenzile, High Tone et le Peuple de l’Herbe, dont les infrabasses résonnent partout sur les buttes de la base de loisir, on vient s’installer devant la grande scène pour le dernier grand rassemblement de la journée avec les australiens de John Butler Trio. Après une première partie en piano-voix féminine que le public écoute docilement mais avec une certaine impatience, le nouveau pape de la musique roots prend possession des lieux. On s’attendait à des séances de jams amples et tribales, il faudra se contenter de chansons chaloupées évoquant aussi bien un funk décharné, un folk altier et un reggae volontiers badin entre lesquelles s’intercalent des apartés en faveur du WWF ou des diatribes contre le gouvernement américain, incapable de gérer les ravages de l’ouragan Katrina. Si le set, assez long et généreux, n’a pas manqué de ravir le public du Furia (que l’on sait très réceptif à ce genre de groupes), on commence à s’ennuyer ferme pour préférer goûter à nouveau la chaleur plus intimiste de Shantel et ses potes que l’on suivra jusqu’à la fin du concert, où les spectateurs ont du mal à les laisser partir tellement ils en redemandent. Cette première journée se clôt avec le passage d’un des duos des plus hype de l’été, Crystal Castles, attendu sous le chapiteau par les membres de Coming Soon réunis au complet. Les BB Brunes risquent un coup d’œil en dehors des backstage et se font rapidement alpaguer par une grappe de groupies en pamoison. Sous une averse continue de stroboscopes et un brouillard persistant de fumigènes, le duo canadien, homme cagoulé ployé sur ses potards, chanteuse haletante, achève les derniers festivaliers tenant encore sur leurs jambes avec leurs titres écharpés gonflés aux sonorités 8-bits. L’une des dernières nuits de juin sombre sous les assauts technologiques de la génération Myspace.
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