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Interview : BABX


Emilie, le 25/07/2013
Babx c'est l'histoire d'un coup de coeur en 2009, aux Bains-Douches de Lignières. Grand homme sur cette petite scène ô combien précieuse, il chantait "sous le piano de ma mère" en compagnie d'un contrebassiste, avant de (me) gifler violemment avec "Electrochoc Ladyland". Une fois tombé dans le bouillon Babx, impossible d'en ressortir. Encore moins après avoir rencontré Drones Personnels et surtout la prestation scénique de tous ces hommes en symbiose. Forte et terrassante prestation, aussi saisissante qu'un éclair d'orage. Trépignant des semaines à l'avance à l'idée de revoir la troupe au Fnac Live, place de l'Hotel de Ville, j'ai sauté sur l'occasion d'aller me glisser timidement dans les loges, pour tenter de décoder ce qui se cachait derrière électrostatique Babx.


Entre Cristal Ballroom et Drones personnels, que s'est-il passé pour toi ? Au niveau recherches instrumentales, nouvelles envies mélodiques (car c’est quand même assez différent entre les trois albums…) ?

Babx : Ouais ouais c’est vrai. Je pense que je voulais vraiment sortir d’un son, pas par dégoût mais parce-que je crois que j’avais fait le tour d’un cycle de son, qui peut-être s’est achevé particulièrement avec l’album de L. Il y a une couleur qui a été trouvée et ça se sentait. Ça me faisait très plaisir au début car on entendait dire « la patte Babx » et tout à coup s’est devenu une patte un peu collante et je me suis dit que je ne voulais pas que ça devienne un univers où je me répète de trop. Donc j’ai voulu prendre un peu le contre-pied de Cristal Ballroom où l’acoustique prenait beaucoup plus de place, avec une espèce de ruminance électrique derrière. Là c’est vraiment le contraire et ce qui me hantait c’était de travailler sur la matière de l’électricité en fait. Pas faire du rock, pas faire de l’electro mais finalement trouver les mêmes échos que ce que j’ai toujours fait mais avec cet outil là qu’était l'électricité. Peut-être même électronique dans certains aspects, ou organique aussi… Donc c’était plutôt ça, les machines et ce qui reste un peu d’humain là dedans. Je voulais en fait que ça ressemble pas mal à cette idée que l’on avait nous quand on était gamin, enfin je ne sais pas quel âge tu as mais on doit avoir sensiblement le même, cette vision que l’on avait du XXIème siècle quand on était petits. On voyait ce monde de soucoupes volantes et de choses comme ça, et qu’est-ce-qu'il nous reste de ça. En fait aujourd’hui est-ce que ça y ressemble, est ce que ça n’y ressemble pas. Enfin voilà, je voulais que ça sente un peu le XXIème siècle !

Et ça transpire sur scène ! Car tu es beaucoup plus accompagné que pour Cristal Ballroom. En tout cas moi je t’avais vu juste avec un piano et une contrebasse, alors que là c’est chargé et ça colle totalement avec l’ambiance de l’album

Babx : Oui oui oui, disons que je voulais un peu lâcher le piano, du coup tout se réorganise très différemment quand cet instrument là disparaît un peu. Et avec les gaillards qu’il y a à mes côtés qui sont plutôt d’humeur électrique, eh bien on a travaillé sur un son qui leur soit très fidèle à eux déjà - je voulais que ça leur ressemble aussi- et puis aussi trouver quelque chose qui soit à la fois très électrique comme ça et à la fois très rugueux et terreux, primaire pratiquement. Donc voilà on a travaillé là dessus, on a essayé de trouver ce son là.


Et ça marche plutôt fort. Il y a un morceau qui m’a laissée assise, c’est celui où vous reprenez un texte de Baudelaire, "La mort des Amants". Le son de la batterie dessus est juste « énorme »

Babx : Ouais c’est le mot ! Le mot est bon, « énorme » -rires

C’est vraiment particulier comme moment car la première fois que je l’ai entendu c’était aux Bains-Douches de Lignières, donc une salle toute petite avec un gros son comme ça, ça fait un drôle d'effet !

Babx : -rires oui et ça fait longtemps que nous le jouons, il nous suit depuis un moment mais il évolue au fil des ans parce qu’on s’ennuie à jouer toujours pareil. Et là on a essayé de le jouer plus fidèles au « trip » dans lequel on était ces derniers temps. Ce côté machinique comme ça.. Et donc forcément la batterie derrière nous engloutit de son son –rires

Totalement ! Et justement avec les musiciens comment vous travaillez ?

Babx : Ce qui se passe généralement c’est que, vu que maintenant ça fait un moment que l’on travaille ensemble , on a un langage commun, un imaginaire également car on parle souvent évidemment. Moi quand j’ai des idées je leur en parle, ils font leur chemin dans leur tête, ils travaillent un peu sur des thématiques que je peux leur donner

Plutôt musicales ou textuelles ?

Babx : Tout … C’est plutôt onirique, moi j’essaye de moins en moins de parler de musique quand on joue ensemble, mais plutôt essayer de se plonger dans un imaginaire commun. Après la musique; chacun joue de son instrument, ce n’est pas moi qui vais leur apprendre à jouer de leur truc. Mais souvent ce que je fais c’est que je pré-produis les titres et ensuite vient le moment où ça leur revient de les jouer. De toute façon ça change. Après on retravaille en fonction de ça et c’est un peu comme une matière brute déjà assez travaillée que je leur donnerais, mais qu'ils se réapproprient. Et encore une fois, je tiens à ce que ce soit leur son vraiment, que ce soit leur manière de jouer et qu’ils soient à l’aise avec ça, que ça devienne un peu leur musique aussi. Je ne suis qu’un metteur en scène, enfin en son.

Et les textes par contre, c’est toi ?

Babx : C’est moi oui

Ils ont eux aussi beaucoup changé au fil des trois albums. Ils sont plus poétiques, moins palpables

Babx : Oui ! Je pense que pareil, plus ça va plus quand j’écoute des chansons de mon premier disque plus je me demande vraiment comme j’ai plus écrire ça –rires. Aujourd’hui je ne saurais même plus écrire une seule phrase de comment j’écrivais avant quoi ! Peut-être que je vais moins dans un style identifié chanson, donc avec peut être moins de réalisme, c’est de plus en plus des choses liées aux sensations. Ou peut-être que ce sont des pistes d’imaginaire que je donne aux gens et ensuite ils en font ce qu’ils veulent, ils construisent leur histoire. Enfin voilà, plus ça va moins j’ai envie d’imposer un sens de manière "fasciste" aux gens –rires


J’étais bien partie dans cette idée là en écoutant l’album attentivement. Du coup je m’étais noté une citation de Jean Renoir qui m’a fait penser aux textes de Drones Personnels. Je te la dis : « J'aime que le film donne au spectateur l'impression qu'il n'est pas fini. Parce que je crois qu'une œuvre d'art où le spectateur et le critique n'apportent pas leur part n'est pas une œuvre d'art. J'aime que ceux qui regardent le film construisent parallèlement leur propre histoire »

Babx : Ha bah ouais c’est exactement ... ouais bah voilà ! C’est ce qu’on disait, c’est la même chose –rires

Oui quand tu parlais je me disais que t’étais en train de faire foirer ma citation –rires

Babx : -rires Non mais c’est vrai, c’est vrai je suis complètement d’accord. J’aime bien cette idée que l’œuvre appelle à quelque chose, on se pose une question et en fait c’est à chacun d’entre nous d’y répondre avec son histoire, son humeur etc.

Antoine (guitariste qui était caché sur son fauteuil): Tu notais la différence dans la façon d'écrire, que l'on a tous noté aussi. Il y a des phrases qui t’évoquent presque une température, une matière une couleur, donc à la fois il y a plus de rien et à la fois ça remplit davantage. Donc il y a vraiment une interaction entre la musique et le texte parce-que c’est elle qui met tout ce qu’elle veut dedans

Babx : Il dit des trucs bien hein !! –rires non mais ça c’est important parce que vraiment, justement cette idée de … moi j’aime bien quand on parle de température ou de matière parce que c’est beaucoup plus à ça que j’aimerais tendre. Simplifier l’écriture en termes de torsions littérataire vers un truc super simple, épuré, mais qui soit juse du son qui puisse résonner autant de temps qu’il faut.

Ça se ressent beaucoup plus sur scène en tout cas.

Babx : Eh bien merci … enfin chouette quoi, ça m’encourage ! –rires

Et alors quand je fais écouter des morceaux à toi, de cet album ou des deux autres, on a tendance à me dire que ça ressemble à Bashung. Et moi je trouve pas du tout ….

Antoine : Ah !! C’est bien –rires

… et donc je ne suis pas d’accord forcément avec cet avis là. Peut-être sur la phrasé ou la façon d’allier la voix et les instruments, mais au delà non. En revanche, côté « expérimentation » ou sons un peu bizarres, je pense plus à David Bowie. Je suis totalement à côté de la plaque ?

Babx : Ha non pas du tout, pas du tout. Pour Bashung, j’essaye de ne pas m’inspirer de lui, je pense qu’il y a des accointances esthétiques chez lui qui me séduisent énormément. Il y a vraiment des choses que j’ai adoré chez cet homme là qui m’ont forcément influencé, peut-être dans l’idée de casser le sens trop réaliste des choses. Après je ne m’en inspire pas plus que ça, et la passion que j’ai pour Bashung a ses limites aussi. Mais il y a vraiment des choses magnifiques qui m’ont marqué, et qui certainement s’entendent d’ailleurs, je ne m’en cache pas du tout. C’est comme quand tu fais de la pop anglaise, à un moment ça devient difficile de cacher que tu as écouté les Beatles tu vois. Donc je pense que c’est à peu près pareil mais ce n’est pas la personne à laquelle je pense en permanence quand j’écris une chanson. Et Bowie, eh bien oui, particulièrement pour cet album là parce que je voulais quand même qu’il y ait une sorte d’opéra un peu mégalo sur l’espace ! Et il a été le premier dans la pop à pousser vraiment très loin cette idée de "Space oddity". Et je pense que cet album là c’est ma petit space Oddity à moi –rires


Du coup quels autres artistes t’ont donné envie de faire tel type de son, par exemple ?

Babx : la personne qui m’a le plus influencé pour ce disque là c’est Laurie Anderson. C'est une des artistes avant-gardistes américaine de musique électroniques qui a beaucoup inspiré justement Bowie, mais qui est beaucoup plus radicale et moins pop que lui. Elle, dans les années 80 elle faisait des choses très épurées, beaucoup avec un vocodeur, et ça devenait très émouvant on ne savait plus trop si c’était un homme ou un robot. C’était quelque chose de très humain et émouvant, mais à la fois très désincarné. Il y avait une sorte de prophétie comme ça sur les hommes-machines à cette époque. Et moi j’ai ressorti ce vinyl que j’entendais quand j’étais gamin qui s’appelle Oh Superman, avec une longue incantation comme ça. On dirait une prière faite par des hommes qui, des générations plus tard seraient devenus au trois-quarts des robots mais à qui il reste encore un cœur humain. Et pour ce disque là ça m’a beaucoup influencé oui. Par contre pour un son assez rugueux de guitare, peut être des gens comme Sonic Youth un peu. Je cherchais des choses un peu comme ça, une carrosserie, un garage quoi –rires

Bon, moins garage du coup dans l’album, le duo avec Camélia Jordana dont tout le monde doit te parler je suppose. C’est ton premier duo, as-tu travaillé ce morceau différemment ?

Babx : en fait avec Camélia on adore chanter ensemble. Il y a un truc très marrant qui se passe quand on chante ensemble car sans rien se dire on va placer des choses au même moment de la même manière. Nos timbres de voix se marient super bien, et moi je voulais me servir un peu des codes de la pop et du slow de l’été pour écrire une chanson un peu diabolique comme ça. Une chanson d’amour qui serait partie en torche dans un film de Lynch –rires. J’ai commencé à écrire les premiers mots de cette chanson là, et dès les premières touches de mélodie j’ai entendu la voix de Camélia dessus. Je voulais qu’on la chante à l’unisson tout le temps, pas comme une forme duo question-réponse. Un peu comme un split screen de cinéma où l’écran serait coupé en deux. On pourrait être à des milliards de kilomètres l’un de l’autre, dire la même chose au même moment sans savoir qu’on dit la même chose au même moment… Je trouve que ça fonctionne bien comme ça en fait. Une non chanson d’amour chantée en même temps en duo, ça me plaisait. C’est un tube ! –rires

Et bizarrement, ou pas bizarrement, c’est celle qui passe le mieux dans l’album auprès des gens qui ne connaissent pas ton univers. Parce que l’album n’est pas difficile à appréhender mais tu vois, il y a beaucoup de sons différents, beaucoup de genres différents qui demandent une approche délicate

Babx : C’est vrai que celle-ci donne un accès oui ...

Je ne dis pas que ta musique est inaccessible bien sur, mais c’est une bulle particulière. Je me demande même comment tu as réussi à tout coupler pour faire quelque chose d’harmonieux

Babx : Je t’avoue que sur scène ce n’était pas facile de lier les anciens morceaux et les nouveaux. Je trouve que les anciens de Cristal Ballroom avaient vraiment une température, une humeur, une époque enfin une image mentale qui était dure à coupler avec celle là, qui est beaucoup plus ancrée dans ce temps là avec des sons du même genre. Par contre pour l’album, j’ai vraiment écrit les chansons à chaque fois en ayant en tête non seulement le titre mais toute l’histoire que je m’étais racontée autour. Je prends plein de notes tout le temps, j’ai des tonnes de photos, de recherches iconographiques qui viennent m’aider à monter un peu mon bazar. Et donc j’ai écrit toutes les chansons dans cette direction là même si les thèmes divergent beaucoup les uns des autres, il y a toujours un peu une cible qui reste la même quoi.

Tu l’as pris comme UN objet quoi, tu n’es pas allé chercher des chansons de derrière les fagots

Babx : Non voilà, j’y arrivais pas du tout. J’ai essayé parce que j’ai des chansons que j’avais écrites avant d’avoir l’idée de cet album qui me plaisent beaucoup mais qui ne rentraient pas du tout dans cet esprit là. Donc j’y ai renoncé


Il y en a des trois albums qui collent parfaitement sur scène, je pense notamment à "Electrochoc Ladyland"

Babx : Oui ! Oui c’est vrai que c’est la plus proche de Drones Personnels

Après par exemple « Sous le piano de ma mère » elle casse un peu le rythme, mais je vois pus ça comme une virgule dans le set

Babx : Oui ça casse, oui oui complètement. Mais tu vois on est encore en train de bosser sur ce set, il y a des fois où on change encore la set list. On se dit que ça fait bizarre tel enchainement à tel moment. L’autre fois, on a pratiquement fait que Drones Personnels et en rappel, on a fait presque 1heure de rappel, et là on a fait des morceaux de Cristal Ballroom juste piano solo. Ca faisait deux actes, ce n’est pas plus mal d’une certaine manière. Enfin tu vois, ça se construit au fur et à mesure. ..

Emilie L.


Crédit photo : Julien Mignot

Le site de Babx

Merci beaucoup à Babx pour ce bel instant, ainsi qu'à Antoine pour ses interventions.
Merci également à Pauline, Nicolas, et Cécile de La Cadence pour cette interview dominicale.




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