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Interview Little Dragon


Laura, le 29/11/2010
Le 23 novembre au matin, le lendemain du premier des deux concerts de Gorillaz au Zénith de Paris, nous retrouvons Yukimi Nagano, la jolie chanteuse du groupe Little Dragon, qui s'occupe des premières parties du groupe de Damon Albarn. Aucune trace de fatigue sur le visage de Yukimi, juste de grandes lunettes Ray Ban et un sourire doux.


Le 22 novembre dernier, la file des fans impatients s'étend des grilles fermées du Zénith de Paris jusqu'à la sortie du métro pour le concert de Gorillaz. Un froid polaire, mais un espoir de consolation : ouverture des portes prévue à 18h30. A l'heure dite, on nous prévient qu'il y a un problème d'acheminement du matériel, que l'ouverture est reportée à 20h et que les premières parties (Little Dragon et De La Soul) sont annulées. On soupire, on râle, et en désespoir de cause, on se traîne laborieusement jusqu'au fast-food le plus proche pour ramener des cheeseburgers à ses amis. Les fans de De La Soul sont déçus, tout comme ceux qui s'étaient procurés Machine Dreams, le deuxième album de Little Dragon, par curiosité.
Enfin, on s'installe dans la salle parisienne et on s'attend à voir jaillir Gorillaz d'un moment à l'autre, sans préliminaire. Pourtant, c'est la petite suédoise d’origine japonaise, chanteuse au surnom éponyme du groupe Little Dragon qui apparaît, vêtue d'une longue robe ample et d'une veste à paillettes, et accompagnée de ses trois acolytes, avant d'envoyer la musique d'un coup de tambourin.



"C'était notre premier concert en France" confie Yukimi Nagano avant de commander un thé au serveur de cet hôtel-bar-restaurant concept du 20ème arrondissement. "Et ce soir, ce sera le deuxième !" Cet engouement cacherait-il une attirance particulière pour la France ? La question est là plus par habitude journalistique que par orgueil français. "Oh oui, j'adore, j'adore !" s'enthousiasme-t-elle avec douceur. "Je suis déjà venue à Paris trois ou quatre fois. C'est l'un des endroits que je préfère." Sourire flatté de rigueur de la part de la journaliste. Nous enchaînons sur la collaboration de Little Dragon avec la bande à Damon Albarn sur le dernier album de Gorillaz, Plastic Beach, qui a donné naissance à deux pistes phare de la galette : "Empire ants" et "To binge". "La femme de Damon Albarn écoutait notre album chez elle, donc je pense que c'est comme ça que Damon a découvert notre musique. Ensuite, il nous a contactés et on a enregistré dans son studio." Une sacrée opportunité, puisque Gorillaz a permis de préparer le terrain (si ce n'est de mâcher le travail) pour l'arrivée de Little Dragon dans nos contrées européennes. Mais quelle liberté l'anglais a-t-il laissée aux suédois ? "Sur "Empire ants", la première partie, c'est Damon" précise Yukimi, "et la partie que je chante, c'est moi qui l'ait écrite. Pareil pour "To binge", Damon a composé la mélodie ; j'ai écrit mes paroles et il a écrit les siennes. Håkan et Fredrik ont ajouté du synthé et quelques trucs, c'était bien, comme une sorte de jam !". Et qu'en était-il de l'ambiance ? Little Dragon tient en effet son nom du tempérament insatisfait et légèrement colérique de Yukimi en studio, qui lui valut le surnom de petit dragon. "On non, je n'ai pas fait mon petit dragon !" Elle sourit avant d'ajouter : "Plutôt le dragon paisible".

Les membres de Little Dragon se rencontrent à l'université et les quatre artistes en herbe emménagent rapidement ensemble dans un collectif à Gothenburg, étrangement nommé "La colonie des phoques". "Little Dragon, ça fait très longtemps" raconte la jeune femme. "Nous avions tous la musique comme passion commune. Je connais Håkan, Erik et Fredrik depuis si longtemps que nous sommes comme une petite famille. Nous avons enregistré sans contraintes, et ce que nous avons alors produit est devenu notre premier album". Sa voix est pleine d'affection et de tranquillité, comme apaisée d'être enfin sur le bon chemin. En effet, Håkan et elle ont essayé de forcer le destin et ont tenté d'être acceptés dans des écoles de musique. Sans succès. Mais Little Dragon aurait-il existé si les deux amis avaient réussi ? "Oh, tiens... Je ne sais pas". Elle semble réfléchir, semblant ne jamais avoir envisagé les choses sous cet angle. Peut-être que ces échecs représentaient une chance, finalement. "Oui, peut-être !" dit-elle avant de rire.

La veille de cette interview, le groupe a enflammé le Zénith à coup de gros sons électro à pleines basses, et d'une énergie monstrueuse et raffinée, notamment de la part de Yukimi qui fait preuve d’une formidable aisance scénique. Le public est laissé pantelant après une version live très différente de celle studio de "Swimming", accompagnée par une danse aux allures de rite vaudou de Yukimi. Cependant, le concert s'est terminé en douceur sur la délicate et touchante chanson "Twice", issue du premier album éponyme. Mais "Twice", en plus d'être une des plus belles chansons du groupe, est aussi pleine d'ambiguïté. Faut-il rire ou pleurer en l'écoutant ? Yukimi s'explique : ""Twice" était comme une réflexion sur ce que ma vie était à l'époque. J'étais dans cette optique de me dire "d'accord, voilà comme les choses sont...". "Twice" est plutôt triste, mais lorsque je l'ai écrite, je ne l’étais pas". Le clip, en ombres chinoises, est également plein de sens cachés, et personne ne semble d'accord sur l'interprétation à donner aux représentations utilisées dans la vidéo : une petite fille, un oiseau et un squelette. "Oui, le clip est ambigu, nous avions beaucoup d'idées. Même pour nous, il n'y avait pas de sens fixe. Johannes Nyholm, le réalisateur de cette vidéo, n'essaye jamais d'expliquer. C'est ça qui est bien : chacun peut choisir de quoi l'histoire parle. Même s'il y a du coup quelques débats là-dessus : "L'oiseau représente la mort ! La petite fille est amoureuse de l'oiseau mais le squelette est l'image de... " Donc c'est personnel à chacun". Le rendu est en tout cas assez sombre, loin de la pochette colorée du deuxième album, que Yukimi qualifie de "dynamique, enfantine et douce", à l'image du groupe. Concernant le titre de l'album, la chanteuse a un avis qui va au delà de la préoccupation esthétique : "On aime bien se penser spéciaux, exclusifs, "nous ne sommes pas des animaux". Mais je pense que parfois on est très simples, presque mécaniques. Comme des machines". Et en restant dans la forme de l'album, si le groupe est suédois, pourquoi a-t-il choisi de ne pas chanter dans sa langue natale ? "C'est dans la culture suédoise de chanter en anglais, beaucoup de groupes suédois le font. Mais aussi, chanter en suédois est vraiment difficile. Il y a plus de mots en anglais, plus de sons, plus de 3D, plus de lumière. Si tu dis "Jag älskar dig" ("je t'aime" en suédois), ce n'est pas pareil que si tu dis "I love you". Tu dis ça à ta femme, mais à la radio, non ! C'est trop pour un étranger, c'est très personnel".



Après un dernier album réussi et une prestation live époustouflante, on n’a qu'une envie, c'est d'entendre de nouveau parler de Little Dragon bien vite. "Le troisième album arrive l'année prochaine", confie Yukimi avec un large sourire. "Il sera toujours aussi pop, électro et soul, mais inspiré par la musique sud-africaine". De quoi promettre des rythmes encore plus saisissants et des lives entraînants. "Nous serons sur la scène française au printemps prochain. J'ai tellement hâte !". Nous aussi.

Myspace
Site officiel
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