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Interview Perfume Genius: Les Effluves du Spleen


Claude, le 27/01/2012
Fragile mais tendue et avant tout honnête et décharnée; ainsi pourrait-on définir la musique de Mike Hadreas, alias Perfume Genius, sur Put Your Back N2 It son deuxième album. Pris sous la houlette de John Goodmanson producteur de Los Campesinos!, il déploie tout un éventail de mélodies délicates et intimistes. Mélancolique et triste certes, le disque reste néanmoins prenant dans sa façon de conjuguer côté à fleur de peau et émotions encastrées dans la chair. Précarité des sensations donc, mais aussi, sur certains titres, volonté d'assertion comme si, ne serait-ce que par le titre de cet album, il s'agissait de se reprendre en mains.


Votre nom de scène est assez adapté à votre musique je trouve; elle est très nuancée, chaloupée, délicate mais intense.
Ce sont des définitions auxquelles j'adhère. Quant à "Perfume Genius", je n'y avais pas trop songé avant de l'adopter. Je crois que si j'avais réellement voulu styliser mon image, j'aurais fait pris un patronyme plus dramatique. Ceci dit, je suis assez heureux d'arriver à évoquer quelque chose avec cet alias.

Qu'essayiez-vous, au fond, de susciter avec ce disque?
Vous en avez déjà dit pas mal, rires. J'écoutais beaucoup de vieux trucs, des choses que j'aimais mais sur lesquelles je voulais greffer ma propre sensibilité. D la soul par exemple, en particulier Otis Redding. C'est assez étrange de ressentir une musique mais de s'en sentir différent, voyez-vous. J'aime, par conséquent, faire des morceaux qui sonnent comme des ballades directes et anodines mais qui évoquent des thèmes plus personnels.


Diriez-vous qu'il y a une qualité presque liturgique sur certains de vos titres?
Oui dans la mesure où ce sont des passages réconfortants, comme des berceuses. Quand j'ai fini ce disque, j'ai éprouvé d'ailleurs un certain soulagement. Achever un projet, même si c'est très rarement semblable à l'idée que vous en aviez au préalable. J'ai apprécié de rester simple mais plus réfléchi.

Vous composez au piano; cela joue-t-il un rôle à cet égard?
Je serais incapable de composer sur un autre instrument; cela apporte sans doute plus de profondeur. Je souhaitais ne pas sonner comme une groupe de rock indie de plus.

Sur "No Tear" le rythme, en particulier les percussions, et votre diction m'ont fait penser à ces "slave songs" noirs américains.
Au départ je ne voulais pas de percussions voyez-vous. Je souhaitais quelque chose de très élémentaire mais mon producer a accentué ce côté plus direct et tribal qui a fini par me plaire. J'aime aussi beaucoup les vocaux en arrière plan, très lents, qui ont apporté une touche plus masculine.

C'est de la "soul" sans en être…
Oui; j'aime sur des morceaux très ajourés comme les miens apporter un aspect presque guttural. C'est très difficile pour moi car ma voix est plutôt étrange je crois; perçante mais chaleureuse, réconfortante presque en certains moments. J'aime bien jouer sur la tension mais pas enter dans ce qui pourrait sonner comme conflictuel.


De par son "track listing", l'album semble être divisé en deux parties.
Ça n'était pas intentionnel mais quand j'ai amalgamé les compositions, j'ai trouvé qu'il y avait comme deux facettes à l'album. Et puis j'aime aussi les vieux formats: je souhaitais qu'on ne se dise pas: "Tiens, je vais juste télécharger ce morceau et l'écouter sans prêter attention aux autres. Pour moi, même s'il n'y a pas de concept, il s'agit de prendre en considération le fait que c'est avant tout un album. C'est pourquoi j'ai souhaité introduire quelques nuances plus légères car le disque est très mélancolique. Ainsi je crois qu'il ne perd pas de sa puissance.

"Take Me Home" par exemple a un côté "poppy".
Oui, même si je parle de ces personnes qui restent toujours coincées dans le même type de fonctionnement. Je pense souvent au fait que la vie est une boucle qui nous ramène chez nous. C'est quelque chose qui me préoccupe.

Quelle place occupez-vous dans vos textes?
J'essaie d'être objectif en pensant avant tout à tous les enjeux d'une situation plutôt qu'en mettant en avant mes émotions. Quand je me sens dans une humeur colériques, j'essaie de me montrer plus tendre. Pour que ce ne soit pas un journal personnel, je pense à des amis qui ont eu des expériences similaires; à des lettres qu'on m'a envoyées. Je prends tout cela en compte.


Qu'y-at-il derrière "Dirge"?
C'est en fait un poème de Edna St. Vincent Millay que j'ai mis en musique. Elle y évoque certains de mes thèmes. Il est toujours délicat de s'emparer du texte d'un autre. Celui-ci était bref; je le lisais et il s'est imposé à mon esprit comme si je savais la façon dont il allait sonner avant même que que ne m'y mette.
Il semblerait que tout est affaire d'atmosphère chez vous…
Exact, c'est toujours l'élément qui me détermine en premier. Ça peut être un élément minuscule qui va me faire me rappeler de quelque chose de plus vaste. Ensuite, il est question de transformer cette émotion dans une chanson. J'essaie de ne pas être dérangé, un coup de fil de ma mère par exemple (rires), et c'est alors que me viennent les textes.

Comment s'ajuste ensuite la musique?
J'essaie d'éviter que ça sonnez forcé en laissant les arrangements s'imposer, plus ou moins facilement d'ailleurs. Vous savez, il m'est très facile de voir si ça fonctionne ou pas.


Votre désir d'être plus "pop" était-il un moyen de ne pas sonner trop "pesant"?
Ça ne me gène pas trop que les gens soient mal à l'aise avec ma musique (Rires). Mon critère n'est pas cela mais simplement le fait que si vous êtes trop démonstratif, la puissance de votre message tend à se brouiller et qu'on va cesser de vous écouter. Je fais en sorte que chaque partie apporte un pierre supplémentaire plutôt que de penser en terme de concept qui traînerait en longueur. Le versant "pop" me permet d'explorer les duvets qui me préoccupent d'une façon plus légère.

Cela implique-t-il un peu d'ironie?
Je crois, oui. (Rires) J'aime bien l'idée de présenter mes textes les plus sombres sous un enrobage presque inoffensif, d'être trompeusement enjoué. Il ne s'agit pas d'induire qui ce soit en erreur mais c'est avant tout une licence poétique que me permet le fait d'être un auteur compositeur. En outre ça enrichit la chanson dans la mesure où vous pouvez l'écouter plusieurs fois et vous dire à chaque fois: Tiens, il y a un truc différent là! Ça n'est pas aussi doux que je ne le pensais (Rires) Je ne considère pas qu'une musique tranquille se doive d'être larmoyante


Être dans l'allusion tout en abordant des sujets chargés est-il une gageure pour vous?
Je crois qu'on peut se monter sensible en chanson tout en étant un trou du cul! (Rires) De la même manière, ça n'est pas parce que vous hurlez ce que vous ressentez que vous vous faites mieux comprendre ou que vous êtes plus puissant si vous adoptez une posture masculine. Je n'ai pas besoin de mettre en scène pour faire comprendre que ce que je chante est effrayant, du moins j'espère que les gens sont capables de le comprendre. je n'ai rien contre quelque chose d'uniformément sombre, mais ça n'est pas mon univers.

Vous terminez sur "Sister Song"; est-ce la fin d'un voyage qui vous fait retourner vers votre famille?
C'est le dernier morceau que j'ai composé. C'était dans le studio alors que nous enregistrions deux autre titres. J'étais assez anxieux d'avoir à enregistrer et une fois que j'ai réalisé que ça se passait plutôt bien, il y a eu comme un processus libératoire qui m'a fait le composer. C'est assez curieux, n'est-ce-pas de ne jamais savoir ce qui vous procure de l'inspiration? J'ai du mal à l'expliquer, peut-être que je devrais m'entraîner. (Rires)

En même temps le titre "Back N2 It" en signifie-t-il pas que, quelque part, vous avez repris certaines choses en main?
Tout à fait. Et ça rejoint ce que je disait précédemment: vous n'avez pas besoin de prétendre que vous êtes un dur pour faire preuve de solidité. Je viens de Seattle, et j'ai appris à forger ma propre identité malgré la scène musicale plutôt "virile" à laquelle la ville est associée.


www.myspace.com/kewlmagik
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