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Rétrospective : 1997, c'était pas mal


Maxime, le 19/12/2017

Septembre - décembre


Cornershop – When I Was Born For The 7th Time (Wiiija)
8 septembre

"Brimful Of Asha" est l’un des tubes surprise de l’été 1997, même s’il aura fallu une version accélérée et remixée par Fatboy Slim pour l’imposer dans les charts. Il serait pourtant injuste de limiter Cornershop à un simple one hit wonder, car il y a un véritable album derrière. Le groupe de Tjinder Singh versait jusqu’alors dans l’indie rock limite bruitiste avant de se remettre brutalement en question sur son troisième effort, d’assumer ses origines indiennes tout en les hydridant avec les sonorités actuelles. Tablas, sitars et chant Punjabi s’invitent donc en toute logique tout au long de When I Was Born For The 7th Time. Pour autant, Singh n’est pas un vulgaire antiquaire communautarisant. "Brimful Of Asha" citait déjà Marc Bolan, Trojan Records, le Brassens des "Bancs publics" comme Jacques Dutronc.

L’album est à l’avenant, déployant le spectre des influences du songwriter, de la pop millésimée au funk débridé. L’héritage musical du joyau de la couronne britannique se voit ainsi soutenu par des duos improbables (la géorgienne Paula Frazer sur "Good To Be On The Road Back Home", le flow de Justin Warfield – futur She Wants Revenge – sur "Candyman") et surtout une production tonique où la batterie de Nick Simms semble s’échiner à reproduire les boites à rythme des Chemical Brothers sous les volutes épaisses et épicées (on pense souvent au Beck d’Odelay), comme si le Harrison de "Love You To" se tapait un bœuf avec la nouvelle génération, balbutiant sur Pro-Tools. C’est en toute logique que ce disque légèrement culte s’achève sur une reprise hindi de "Norwegian Wood". A (re)découvrir, pour sa fraicheur intacte.



Björk – Homogenic (One Little Indian)
22 septembre

Aux côtés de Beck et Radiohead, Björk est la grande chouchoutte de la presse musicale de l’époque, l’égérie du triangle des Bermudes Inrocks-Libé-Magic, l’élève modèle qui invente la pop du futur. Sa troisième copie, rendue en cette rentrée 97, se veut plus personnelle, plus introspective. Son idylle avortée avec Goldie, l’empereur de la drum and bass, la pousse à régler ses comptes ("Immature") et à s’abîmer dans la mélancolie. Homegenic est conçu comme un gigantesque hommage à son Islande natale ("I’m an emotional landscape", entonne-t-elle sur "Jóga") et prend la forme d’un voyage mental et émotionnel, déployant de vastes paysages harmoniques où la peine ouvre des gouffres vertigineux ("Unravel") et le chagrin se perd dans les altitudes enneigées ("Bachelorette", bénéficiant d’un clip magnifique signé Michel Gondry en forme de mise en abyme).

Son pygmalion Mark Bell (pionnier de la techno dite « intelligente » avec LFO) et une pléiade d’invités triés sur le volet lui confectionnent un écrin d’exception, serti de rythmiques électroniques cristallines et nimbé de cordes élégiaques flirtant avec le trip-hop (Portishead est sur le point de sortir son deuxième album). On sent littéralement le froid nous mordre les joues tout le long de ce disque pourtant enregistré sous le cagnard espagnol. Björk assoit son statut d’artiste majeure de la fin du 20ème siècle, avec érudition et sensibilité. Un rang qu’elle conserve toujours en ce début de 21ème.



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Portishead – Portishead (Go! Beat)
29 septembre

Avec Massive Attack, qui s’imposa au même moment, Portishead est l’autre grand ambassadeur du Bristol sound, donnant naissance au trip-hop, un genre mutant croisant électro, post-rock et néo-jazz, cadençant le spleen occidental post-industriel sur des rythmiques hip-hop alanguies. Le succès du premier album du trio (Dummy, 1994) est immédiat, surprenant, inattendu. "Numb", "Sour Times" et "Glory Box" distillent leur mélancolie sourde dans les walkmans comme dans les spots publicitaires un peu partout en Europe comme en Amérique. Portishead devient l’une des sensations majeures de la scène indie et un groupe indispensable à voir en live. En coulisses, chacun gère différemment cet engouement imprévu : Geoff  Barrow (le grand architecte de la bande) veut absolument capitaliser sur les bases jetées par Dummy, tandis que la très fragile Beth Gibbons est effrayée par cette soudaine starification.

Ce disque homonyme, guetté avec ferveur, travaille le son Portishead à l’os, élaguant tout le superflu (les samples et les effets turntablism ont quasiment disparu). Barrow s’est remis à la batterie et pousse guitare Fender et orgue Hammond à l’avant plan, s’inspirant des œuvres majeures de Serge Gainsbourg et d’Ennio Morricone. Sur fond de basse bourdonnante, de lignes cotonneuses et de cordes glaciales, l’album réinvente la soul blanche et la projette dans le nouveau millénaire. L’expérience reste aussi intense et pénétrante aujourd’hui qu’à l’époque. La performance de Gibbons est absolument stupéfiante, diaphane, féline, hantée, hypnotique. Avec OK Computer, Portishead est l’autre excellente surprise de l’année, réconciliant le grand public avec une œuvre pointue et sans concession. Le genre de miracle qui était encore possible en 1997.



The Verve – Urban Hymns (Hut/Virgin)
29 septembre

A la fin de l’été, Oasis se ramasse un gadin retentissant. Un mois plus tard, triomphe The Verve. Il y a comme un passage de témoin tragique entre les deux groupes, déterminés à secouer un étendard britpop dont les couleurs commençaient à sérieusement ternir. Richard Ashcroft et les Gallagher sont des amis de longue date. Deux ans plus tôt, les frangins terribles lui avaient rendu hommage dans "Cast No Shadow" sur (What’s The Story) Morning Glory. A l’époque, après deux premiers disques au succès confidentiel et essentiellement insulaire, le groupe s’était séparé de guerre lasse, Ashcroft préparant alors un hypothétique album solo. Le retour de l’indispensable guitariste Nick McCabe et le renfort des claviers de Simon Tong en décideront autrement.

The Verve se réunit, sous la houlette de Youth (ex Killing Joke), et les planètes s’alignent comme par magie. "Bittersweet Symphony", porté par les violons de la version instrumentale de "The Last Time" du Andrew Oldham Orchestra, est un tube instantané, l’un des joyaux pop d’une décennie où les groupes britanniques étaient en grande forme. Les excellents "The Drugs Don’t Work" et "Lucky Man" suivent rapidement. Pratiquant un shoegaze grandiloquent à ses débuts, le quintette de Wigan synthétise ses influences diverses (psychédélisme, pop en jabot et rock anglais eighties) pour en tirer le meilleur. Les pépites s’enchaînent, du groovy "The Rolling People" au planant "Catching The Butterfly", en passant par le frontal "Come On" ou le cosmique "Neon Wilderness". The Verve ne saura pas capitaliser sur le succès de ce tour de force et restera à jamais le groupe d’un seul album. Mais quel album !



Fu Manchu – The Action Is Go (Mammoth)
7 octobre

Eddie Glass et Ruben Romano partis fonder Nebula, le gang californien inaugure son Mark II avec l’arrivée de Bob Balch à la guitare et le renfort de Brant Bjork (3 ans après son départ de Kyuss) à la batterie. Avec ce line-up remanié, les AC/DC du rock heavy repartent sur de nouveaux fondamentaux et frappent un grand coup, façon Back In Black.

Sous la houlette du White Zombie Jay Noel Yuenger, le groupe opère un retour aux sources punk ("Laserbl’ast!") tout en lardant son fuzz rock massif de lourdes échappées psychédéliques (le final "Saturn III"). Chanteur médiocre mais riffeur affuté, Scott Hill parvient à pondre quelques petites bombinettes particulièrement efficaces ("Evil Eye", "Urethane"), propres à squatter les bandes-son des émissions de skate matraquées sur MTV. Avec cette véritable borne révérée par les fans, Fu Manchu amorce son ascension aux confins du mainstream, popularisant un genre à l’intitulé encore balbutiant : le stoner rock.



Green Day – Nimrod (Reprise/Warner)
14 octobre

En 1994, le néo-punk californien explosait à la face du monde. Trois ans plus tard, c’est la débandade. Offspring, les éternels rivaux, se ramassent un four avec Ixnay On The Hombre, tandis que Billie Joe et sa bande, arrivés au seuil de la trentaine, commettent leur London Calling. Ceux qui espéraient un Dookie bis en eurent pour leurs frais et découvrirent à la place un disque schizophrénique et ambitieux, riche de 18 titres. Parvenu à son pic créatif, le trio de Berkeley ne s’interdit rien et régale au bar. Punk, ballade lacrymale, surf, ska, hardcore, tout y passe, avec aisance et entrain. Armstrong est impérial et s’impose comme l’un des meilleurs songwriters de sa génération. Les trois quarts du tracklisting se résument à un alignement de tubes grandioses, évidents, ironiques, entêtants, liant dans un cercle magique pop quatre étoiles et rock mordant, du Spector sound farté à la vaseline ("Redundant", "Worry Rock") à la glorieuse power pop des Who ("Nice Guys Finish Last", "All The Time"), en passant par la mélancolie électrique dont on ne trouvera l’équivalent que chez Weezer à son meilleur ("Scattered", "Haushinka").

Trop foisonnant, trop léché, Nimrod sera boudé par un public préférant attendre les Blink 182, Good Charlotte et autres Sum 41 qui se pressent derrière la porte. C’est le grand chef d’œuvre méconnu de Green Day, faisant montre d’une maturité et d’une capacité d’évolution telles qu’on était persuadé qu’on vieillirait au même rythme que leur musique. Malheureusement, c’est en empruntant la voie des opéras rock ronflants et surproduits que le groupe retrouvera les sommets des charts et les suffrages d’une nouvelle génération d’ados. Il n’est pas interdit de faire la nique à l’histoire en revisitant les innombrables trésors de cet Odyssey And Oracles punk-rock au destin malheureux. Et d’ouvrir grand les oreilles.



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Deftones – Around The Fur (Maverick/Warner)
28 octobre

Propulsés fers de lance du néo-metal aux côtés des parrains Korn avec leur premier album (Adrenaline, 1995), les Deftones se sentent rapidement corsetés par cette étiquette qui leur collera aux basques pendant plusieurs années, à la manière du sparadrap du capitaine Haddock, et s’emploient, dès ce deuxième opus attendu, à se dégager d’un carcan dans lequel la presse musicale s’était empressée de les enfermer.

Certes, "Headup" (en duo avec Max Cavalera) joue la carte des couplets rappés et des riffs cadencés dans la plus pure tradition du genre, mais partout ailleurs le gang de Sacramento affine dangereusement son style, sous la houlette du complice Terry Date, entrelaçant fébrilement hardcore éruptif, grunge éthéré et post-rock moite. Les guitares de Stephen Carpenter cisaillent dans un orage de distorsion sulfurisée, tandis que la batterie d’Abe Cunningham (l’un des meilleurs enclumeurs de sa génération) et la basse du regretté Chi Cheng pulsent en de brusques syncopes. Et puis au milieu de tout ça il y a Chino Moreno, flottant sur "Be Quiet And Drive" ou psalmodiant sous le soleil écrasant de "My Own Summer", visiblement plus travaillé par The Cure et Depeche Mode que par le tout venant hip-hop. Les contours du futur chef d’œuvre White Pony se dessinent peu à peu.



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Metallica – Reload (Vertigo)
18 novembre

Après avoir déversé des hectolitres de fiel sur Load, les fans du gang californien n’ont plus une goutte de bile en bouche lorsque son successeur débarque l’année suivante. Bien aidé par l’efficace single "Fuel" (l’un des seuls titres de cette époque a avoir encore droit de cité dans leurs setlists actuelles), Reload bénéficie d’un accueil plus clément que son aîné, alors que tous deux proviennent des mêmes sessions d’enregistrement. Cette nouvelle charge a effectivement ses bons moments : un duo surprenant avec Marianne Faithful sur fond de Sunset Boulevard néo-noir ("The Memory Remains"), quelques enclûmages sabbathiens bien sentis ("Better Than You", "Slither") et une giclée de hard rock graisseux plutôt roborative ("Bad Seed", "Prince Charming").

Pour le reste, ce septième opus se disperse inutilement entre titres de seconde zone, ballades interminables ("Low Man’s Lyrics") et rock alternatif mal digéré ("Where The Wild Things Are"). Load apparaît rétrospectivement plus homogène qualitativement. Les horsemen auraient pu publier un excellent disque de heavy rock solide et ténébreux (Hetfield est visiblement impliqué, ses textes n’ont jamais été aussi personnels), ils ont préféré délayer inutilement la sauce. Deux décennies ont passé et l’heure de la réhabilitation n’a pas encore sonné, le public ayant toujours du mal à digérer l’orientation prise par Metallica au mitan des années 90. Le diptyque maudit continue cependant d’irriguer souterrainement les récents Death Magnetic et Hardwired… To Self-Destruct, pourtant nettement plus old-school dans leur approche.



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Commentaires
Maxouzzz, le 07/01/2018 à 09:55
Je reste effectivement aussi persuadé que Metallica aurait eu tout à gagner à tout condenser dans un seul disque..voir un double ? Personne ne sait ce qu'il en serait advenu.
Gogo, le 28/12/2017 à 08:38
Pop, pour moi le dernier album réussi de U2. Depuis, on creuse toujours un peu plus bas.
Mik, le 24/12/2017 à 15:32
Voyons, Pop est une tuerie.
Eily, le 21/12/2017 à 13:16
Je corrige mon commentaire précédent: après avoir lu la section sur OK Computer, je trouve que ce qui est dit sur U2 est 'achement sympa à côté de ce qui l'est sur Radiohead !
Eily, le 21/12/2017 à 13:07
Pop de U2 un navet ? Beaucoup de défauts certes, mais de là à le qualifier de navet, c'est un peu fort. Pour moi, leur dernier album un peu aventureux avant de retomber dans des poncifs mainstream.
Kefran , le 20/12/2017 à 10:31
Excellent article, en cette année 2017 triste en sortie rock. C’est vrai qu’il y’a eu des gros albums en 97! Le passage OK Computer m’a beaucoup fait rire. Continuez comme ça , vous faites du super boulot!