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Critique d'album

Deftones


White Pony


(20/06/2000 - Maverick - Metal alternatif - Genre : Hard / Métal)
Produit par Terry Date, Deftones

1- Feiticeira / 2- Digital Bath / 3- Elite / 4- RX Queen / 5- Street Carp / 6- Teenager / 7- Knife Party / 8- Korea / 9- Passenger / 10- Change (In the House of Flies) / 11- Pink Maggit
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La quintessence du combo de Sacramento, un incontournable du Neo Metal."
Maxime, le 31/08/2010
( mots)

C’était il y a pile 10 ans, mais cela semble remonter aujourd’hui à une époque tellement plus lointaine. Il faut pourtant s’en souvenir : en ce début de millénaire, le vocable metal ne s’employait qu’accolé au préfixe neo (ou nü). Partout sur la planète, les décibels plombés ne se pratiquaient qu’en Ibanez 7-cordes et en Van’s, le baggy serré au ras des fesses avec l’indispensable chaîne reliant la ceinture à la poche avant. Korn, Limp Bizkit et Incubus dominaient les charts, rejoints par une engeance rapidement parvenue sous le feux des projecteurs, Linkin Park, Papa Roach et Slipknot en tête, mais aussi une kyrielle de combos tous plus accablants les uns que les autres (Crasy Town, Disturbed… rien que l’évocation de leur souvenir fait trembler l’échine). Que retenir de toute cette vague ? Pas grand-chose, et la relative discrétion du nu-metal dans notre discorama consacré aux plus grands disques de metal des années 2000 en est bien l’illustration, tant il est vrai que le peu que ce mouvement avait à dire, il l’avait déjà bien postillonné dans les années 90 avec ses disques séminaux.

Les âmes charitables qui auront la miséricorde de retenir une poignée d’albums parmi toute cette flopée de post-ados hurleurs proprement tatoués n’oublieront évidemment pas Deftones et son troisième opus. Car le quintet de Sacramento mérite tellement plus que le purgatoire dans lequel se sont vus jetés nombre de ses immondes collègues. On a toujours été tenté de réfuter l’appartenance du groupe au nü-metal, sans doute pour éviter qu’il soit sali par la médiocrité de ses comparses. Pourtant, tout comme ses camarades, Deftones n’est qu’une bande de white trash californiens qui ont longtemps fantasmé sur le hip-hop scandant le quotidien du quartier noir à quelques blocs de chez eux, sans pour autant jamais perdre de vue les guitares viriles d’un Metallica et l’œcuménisme forcené d’un Rage Against The Machine. Mais dès que Korn se mettra à lancer le mouvement au milieu des années 90, il se contentera de l’accompagner de loin, le regard de biais. Le combo de Chino Moreno transcendera le genre à sa juste place, en outsider.

Le temps de deux albums rageurs, Deftones était vite apparu comme un des fers de lance de cette nu-school. Mais on sentait, à écouter la voix de Moreno flotter sur "Be Quiet And Drive" ou psalmodier sous le soleil écrasant de "My Own Summer", que le combo en avait plus sous la semelle qu’un énième pourvoyeur de bande-son pour vidéos de skate. Ainsi, White Pony est sans doute la tentative la plus aboutie par un groupe de néo-metal de s’affranchir des codes du genre. Et cette réussite prend sa source dans un conflit qui minera longtemps l’enregistrement de l’album, lequel s’étalera sur plus d’un an. Fan de Depeche Mode et de The Cure, Chino Moreno veut amener ses influences new wave et électro dans le groupe, tandis que Stephen Carpenter, massif guitariste astreint par un régime strict à base de burritos, entend persister sur les voies du metal, fusse-t-il niou. Le producteur Terry Date, au chevet des boys depuis leurs débuts, impose finalement un compromis entre ces deux orientations. La grâce de White Pony provient vraisemblablement de ses origines contrariées. Pour la première fois, Deftones engendre de véritables mélodies, et non plus une alternance poussive entre couplets susurrés et refrains hurlés comme un goret sur la chaîne d’équarrissage. Les impériaux "Digital Bath", "RX Queen" et "Change (In The House Of Flies)" naviguent ainsi en eaux troubles, aussi cotonneux que fébriles. Ils ont le pouvoir attractif des néons des parkings mall qui attirent les phalènes vers leurs lueurs gazeuses.

Si la figure du poney blanc est pour le groupe une allusion à la cocaïne ou à une image subliminale qui frapperait les rêves post-coïtaux, on pense bien évidemment au lapin blanc d’Alice au pays des merveilles, à cette créature assurant le passage entre deux mondes. Ici, le quintet absorbe l’auditeur dans une enveloppe aqueuse pour l’inviter à contempler les replis des grandes cités américaines baignées par le crépuscule. White Pony ne fait qu’évoquer piscines désertes, périphériques silencieux, collines perchées sur la banlieue endormie, passé à observer d’un air béat les immenses amas de béton criblés de lumières vives. Apparu timidement au détour d’Around The Fur, le DJ Frank Delgado impose de plus en plus sa marque. Le vaporeux "Teenager" déploie sa mélancolie lasse sur des samples de piano crépitants, "Feiticeira" ouvre ses bras et ferme ses poings sous des nuées d’échos tremblotant dans l’atmosphère. Face à ces climats en demi-teinte où la torpeur latente est parfaitement canalisée et retranscrite, les décharges d’électricité pure n’en apparaissent que plus violentes. "Elite", "Street Carp" et "Korea" sont des montées d’adrénaline grisantes, des éclairs fulgurants tonnant sous un ciel serein. Il faut à nouveau louer les talents d’Abe Cunningham et sa batterie syncopée au son parfait, les riffs de Stephen Carpenter bouillonnant dans la distorsion, la basse de Chi Cheng, ferme et douillette à la fois. Ils portent à l’excellence les longs "Passenger" (sur lequel Maynard Keenan fait une apparition) et "Pink Maggit".

Réconciliant un genre bâti sur l’adolescence éphémère avec la sagacité de la maturité, White Pony est peut-être la seule amorce de passage à l’âge adulte réussie par un groupe de néo-metal. Le public suit, même s’il faudra notamment pour cela enregistrer une version hip-hop de "Pink Maggit", "Back To School", laquelle se verra très justement reniée par le quintet. Les Californiens se contenteront ensuite de prospérer avec plus ou moins de réussite sur les bases de ce troisième opus sans avoir encore jamais tout à fait retrouvé cet équilibre impeccable entre rage et suavité. Mais le coup de force est suffisamment considérable pour que, alors que le théâtre pédophilo-morbide de Korn en a lassé plus d’un depuis plusieurs années, on se mette toujours à attendre le dernier Deftones avec la même ferveur.

Note de 4.5/5 pour cet album
Aurélie, le 23/06/2004

Mieux vaut tard que jamais, dit le proverbe. C'est donc deux ans après sa sortie que j'ai découvert White Pony, le troisième album des Deftones à sortir sur le label Maverick (celui de Madonna). Autant dire tout de suite que ce fut une révélation... Jamais je n'aurais imaginé être transportée par une voix comme je le fus par celle de Chino Moreno. C'est incontestablement sur cet album qu'il révèle toute l'étendue de son talent. Méprisant les aigus de castrats qui ont toujours fait les riches heures du métal, le chanteur est réellement stupéfiant dans un registre plus grave, et donc forcément plus menaçant... On connaissait déjà sa capacité à alterner des passages mélodiques et d'autres beaucoup plus... hurlés ("Bored", "My Own Summer (Shove It)" ou encore "Be Quiet and Drive (Far Away)"). Ce qu'il démontre à présent, c'est sa capacité à faire frissonner son auditoire en lui susurrant des textes torturés qui, tels le poney blanc de la pochette, galopent à travers des champs d'amour et de haine jusqu'au plus profond de nos angoisses existentielles. On est décidément bien loin des "Fuck" à répétition dont se repaissent d'autres groupes de néo-métal afin de se dispenser d'écrire des textes dignes de ce nom. Jamais non plus je n'aurais cru possible une telle fusion pop / métal. Allant à l'encontre de la tendance qui consistait à l'époque à faire le plus de bruit possible à coups de double pédale et de guitares déchirées, et au risque de déconcerter les fans de la première heure, le combo de Sacramento choisit de composer un album beaucoup plus calme, posé et mélodique que ses prédecesseurs. Bien sûr, on retrouve sur l'album quelques morceaux dévastateurs à la hauteur de ceux qui avaient fait connaître le groupe : "Elite", "Knife Party" ou "Korea", mais l'ensemble du disque n'en contredit pas moins ceux qui, se basant sur le premier titre, "Feiticeira", avaient prédit un second Around the Fur... Au lieu de l'habituelle formule "riff à tout casser, chant flirtant avec le hip-hop", les Deftones ont donc préféré un ton plus modulé : on pense immédiatement à "RX Queen", à "Teenager", courte ballade au refrain planant, au superbe "Change (House of Flies)" (choisi d'ailleurs comme premier single), ou encore au tortueux "Knife Party". La section rythmique a beau n'avoir jamais été aussi carrée, l'ambiance aussi sombre, l'ensemble rappelle néanmoins plus les Soundgarden ou les Smashing Pumpkins que Korn (je pense notamment à "Digital Bath", chanté à la Corgan sur une mélodie et des arrangements guitaristiques que n'auraient pas reniés les citrouilles, ni d'ailleurs le Bruce Springsteen de l'époque de "Streets of Philadelphia"). Ceci est loin d'être un défaut ; au contraire, les Deftones nous montrent par ce biais qu'ils constituent vraiment un groupe à part dans le monde du métal, l'un des rares à se bonifier avec le temps, qui plus est... A ceux qui ne seraient toujours pas convaincus et demanderaient à voir (ou plutôt à écouter), procurez-vous d'urgence "Passenger", magnifique duo enregistré par le groupe avec Maynard James Keenan, la voix de Tool et de A Perfect Circle. La violence latente, l'entremêlement des voix, avant l'explosion finale, bref l'osmose parfaite entre la musique et le chant, tout cela nous donne droit à une neuvième piste quasi parfaite, où l'inspiration du groupe est à son sommet. Seul le titre suivant, un "Pink Maggit" de 7 minutes et demie, secoué, cahotant mais tellement prenant, pourrait à la rigueur rivaliser avec lui auprès des fans. "Follow the leader", clamaient les membres de Korn en 1998, dans l'un des premiers albums hardcore à atteindre la tête des charts américains. Deux ans plus tard, les Deftones prouvaient au monde entier que les leaders, c'étaient eux. "Back in School / We are the leaders", chante d'ailleurs, non sans ironie, Chino Moreno dans "Pink Maggit". Même si leur dernier album a depuis un peu atténué la ferveur initiale, le groupe semble l'un des seuls à faire l'unanimité auprès des amateurs de métal et de rock confondus. Les Deftones seraient-ils les Radiohead du métal ? A noter : on peut aujourd'hui trouver dans les bacs, non pas une, mais trois versions de White Pony. La première, l'authentique, la "grise", contient 11 titres, mais les deux autres (la "rouge" et la "noire") contiennent une chanson supplémentaire : "Back to School (mini Maggit)", ainsi qu'une partie multimédia.

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