Eloy
Performance
Produit par Eloy
1- In Disguise / 2- Shadow And Light / 3- Mirador / 4- Surrender / 5- Heartbeat / 6- Fools / 7- A Broken Frame
De l’adaptation à la compromission - ou comment Eloy a cédé aux sirènes des radios FM, en proposant ici sa première contre-performance. La pochette, loin des digressions fantasy ou science-fiction habituelles, a dû faire sursauter les fans : un androïde-astronaute, des néons, la police du titre … Tout est au point pour coller à l’époque, à la décennie qui s'ouvre.
Titres calibrés, synthés kitschs et omniprésents, batterie qui semble parfois sortir d’une boite à rythme (Randow est pourtant bien crédité), riffs de guitare électrique sans créativité : Eloy propose une hard-pop synthétique peu originale. D'ailleurs, l’album rappelle un peu ce que tentait de faire Rush à la même époque, avec plus ou moins de bonheur là aussi …
Ainsi, dès l’introduction d' "In Disquise", l’auditeur sait à quoi s'en tenir : claviers qui font pouêt-pouêt, batterie binaire et simpliste, son de guitare très clair - la nouvelle direction est actée. Les refrains de "Shadow and Light" (un titre plutôt réussi par ailleurs) ou de "A Broken Frame" sont illustratifs de leur démarche, tout comme "Heartbeat" qui lorgne davantage vers Jean-Michel Jarre que vers le rock progressif.
Au rang des ratés, l’instrumental "Mirador", ennuyant à souhait (quelle pauvreté de la section rythmique) et blindé de synthés, n’est dépassé que par "Surrender". Tout y est, de la rythmique risible aux claviers horribles. On a l’impression d’entendre un morceau destiné à devenir une sonnerie pour les vieux cellulaires : c'est bel et bien le nadir de l’album, seulement rejoint dans ses abysses par "Fools", symptomatique de la direction hard-pop de Performance.
Ne soyons ni complètement injustes, ni trop sévères, car de bonnes idées sont présentes : le pont de "Heartbeat", le solo sur "Shadow and Light", l'outro de "Fools", la basse en général au son rond avec des lignes bien écrites. La dimension progressive n’est pas jetée dans son entièreté, sauvant l’album de la catastrophe : on pense aux variations sur "Shadow and Light", mais ne vous faites pas avoir par la longueur d' "A Broken Frame" qui ne s’engage sur cette voie qu’en conclusion. Reconnaissons à Eloy le fait qu’on ait connu des sorties de route bien plus honteuses et Performance est franchement au-dessus des Big Generator et autre Under Wraps ; mais il n’est néanmoins pas du tout au niveau de l’œuvre du groupe.
L’album est un échec commercial et un déboire artistique ; sans aller complètement dans le mur, le combo semble en perdition artistique en se faisant happer par les 80’s. Performance n’est hélas que le premier jalon de cette sombre décennie pour Eloy...
A écouter : "Shadow and Light", "Heartbeat"