Esthesis
Watching Worlds Collide
Produit par Aurélien GOUDE and Misty Tones
1- Amber / 2- Place Your Bets / 3- Skimming Stones / 4- Wandering Cloud / 5- Vertigo / 6- 57th Street / 7- Through My Lens
Lauréat de notre concours "La Sélection Albumrock" avec son album The Awakening (la chronique par ici), Esthesis fait incontestablement partie de nos belles découvertes de l’année. La réussite de ce premier essai est telle que le groupe mené par le chanteur et multi-instrumentiste Aurélien Goude s’est vite vu propulsé parmi les formations les plus prometteuses de la scène progressive hexagonale. Il serait cependant réducteur de résumer la musique d’Esthesis à son seul caractère progressif, tant celle-ci s’est avérée être un formidable vecteur de sentiments, générant de superbes tableaux d’ambiances et d’émotions à travers des compositions aussi délicates que renversantes.
Nous avons eu la chance de pouvoir enchaîner directement avec le deuxième opus du groupe (paru cet été), et retrouver Aurélien Goude et ses confrères - Baptiste Desmares (guitare), Marc Anguill (basse) et Arnaud Nicolau (batterie) - pour une nouvelle expérience introspective et picturale intitulée Watching Worlds Collide. Au programme, sept nouveaux morceaux, soit sept nouveaux mondes à découvrir : des territoires aux atmosphères variées qui se rencontrent et s’entrechoquent, l’occasion pour Esthesis de présenter une nouvelle fois l’étendue de son savoir-faire en mixant les genres et en expérimentant de nouvelles sonorités.
Parfait ambassadeur de cette force mélodique, un titre comme "Amber" séduit immédiatement au détour d’une brillante introduction nappée de trip-hop, voyant la section piano-basse-batterie cohabiter avec une panoplie de cuivres et de bois (Saxophone ténor, trombone et trompette) pour un rendu du plus bel effet. On retrouve la voix posée et aérienne d’Aurélien Goude accompagnée par les chœurs de Mathilde Collet (également à l’œuvre sur les autres pistes de l’album) et cette faculté de basculer vers des registres plus sombres et virulents, rappelant par moment les ambiances obscures et itératives de Porcupine Tree.
Si les influences de Steven Wilson et de The Pineapple Thief sont toujours aussi prégnantes, Esthesis se démarque avec une abondance instrumentale (violon, harmonica, banjo et dulcimer venant s’ajouter à une liste déjà bien fournie) permettant aux Français de se montrer en permanence imprévisible et de maintenir l’attention sur des morceaux s’étendant sur plus de huit minutes. Le groupe se livre ainsi à de savoureuses incursions jazz : au détour d’un somptueux passage de saxophone sur "Place Your Bets" ou encore d’une saisissante confrontation des styles lors du final "Through My Lens". Tout le talent de composition d’Aurélien Goude est mis en exergue sur l’instrumental "Vertigo", titre aussi éclectique qu’élégant, déployant une intro funk raffinée, parsemée de petits breaks aux sonorités électroniques. Le rock atmosphérique de Esthesis atteint des sommets de sensibilité sur le magnifique "Skimming Stones", un morceau intimiste à la mélancolie prégnante, doté d’un final au violon d’une beauté envivrante, rappelant certains moments de grâce d’un groupe comme Gazpacho.
Avec ce deuxième opus, Esthesis affirme sa personnalité et étoffe son panel de sonorités, embarquant l’auditeur dans un véritable voyage sensoriel et introspectif. Après seulement quatre ans d’existence, le groupe mené par Aurélien Goude s’impose déjà comme un fer de lance des musiques progressives et atmosphériques en France. Une ascension qui laisse espérer le meilleur pour la suite du projet, tant le potentiel de Esthesis ne semble avoir été qu’effleuré.
A écouter : "Place Your Bets", "Skimming Stones"