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Critique d'album

Focus


Focus 3


(00/11/1972 - Imperial - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Ration double de rock hollandais"
François, le 02/07/2022
( mots)

Non content d’avoir offert au monde un tube imparable à mi-chemin entre le Heavy Metal en devenir et le rock progressif ("Hocus Pocus"), Focus avait forcé les portes de ce dernier genre alors en plein âge d’or, prouvant qu’il était loin d’être la chasse gardée des Anglais et qu’un combo néerlandais pouvait prétendre aux plus hautes places. Le succès mérité de Moving Waves permit au groupe de circuler un peu en Europe, et la tournée stimula la veine créative des musiciens contraints à la vie de troubadours cénobites – à noter la présence de Bert Ruiter à la basse depuis le départ en 1971 d’Havermans. En 1972, Focus est donc un groupe débordant d’inspiration, si bien que de façon imprévue, leur troisième opus devint un double-LP à force d’accumuler du matériel de qualité.


Le problème de ce genre d’œuvre gargantuesque, c’est la phase de digestion : comme l’orgie culinaire peut laisser un poids sur l’estomac, le festin musical risque de peser dans les oreilles. Pour éviter ce genre de désagrément, il est préférable de manger équilibré, et Focus joue ici sur l’esthétique de l’éclectisme en parcourant les multiples champs stylistiques qui le traversent.


Le jazz d’abord, qui sera plus tard l’orientation dominante du groupe après quelques errements, avec "Answer ? Questions ! – Questions ? Answer !" qui n’est pas loin du jazz-rock canterburyen pratiqué par Caravan à ses débuts, un jazz qui est également fusion à souhait par sa rythmique latin-funk, ses claviers, ses soli électriques. Un titre réservé aux amateurs de belles digressions au sein desquelles le son du groupe ressort par le chorus somptueux à la flûte. Cette inclinaison jazz traverse l’opus, ce qu’on peut entendre sur "Round Goes the Gossip", inspiré par Virgile, qui offre un rock progressif aventureux, proche de Gentle Giant et un chant répétitif lorgnant vers la Zeulh. On pourrait également évoquer le plat de résistance qui se résume presque en un long instrumental où se succèdent les parties solistes. Séparées sur deux faces, la seconde partie ainsi que la conclusion d’"Anonymous" forment un écho au premier opus ayant inauguré le premier mouvement en 1970. Plus de vingt-cinq minutes de rock progressif où l’on retrouve certains plans de la première partie, des passages incroyables à la flûte (avec une technique proche de celle d’Anderson), des claviers particulièrement bien mis en avant, un solo de basse, et de brillantes interventions à la guitare. Néanmoins, à la longue, cette succession de démonstrations de force (même la batterie y passe) peut lasser – comme toujours, ce genre d’exercice passe bien mieux en live qu’en studio.


La musique classique ensuite, entre "Carnival Fugue" qui, bien que toujours jazzy, pioche chez Bach, et le très progressif "Focus III" qui emprunte des passages à Tchaïkovski ou Schubert. On sait les musiciens à la fois amateurs et pratiquants quand il s’agit de musique savante, en témoigne "Love Remember" et ses beaux arpèges en trémolo accompagnant une flûte aérienne qui prouve encore une fois que Focus préfigure Camel. Les détours vers le passé peuvent remonter encore plus loin avec une pièce pour luth assez sublime, "Elspeth of Nottingham".


Enfin, Focus n’hésite pas à jouer la carte de la séduction avec l’addictif "Sylvia", au riff presque funky, entêtant par sa somptueuse ligne mélodique à la guitare, ses orgues déployées et son clin d’œil à "Hocus Pocus" au chant. Comme quoi la formation était aussi capable de produire quelques tubes.


Focus 3 n’échappe pas complétement aux défauts des albums de cette envergure, il y a toujours des longueurs et des moments plus dispensables (surtout les interminables parties solistes qui ont peu de sens sous en version studio). Néanmoins, l’opus est varié, toujours solide et possède son lot de grands moments : de quoi faire définitivement entrer Focus dans le panthéon du rock progressif.


A écouter : "Focus III", "Sylvia", "Elspeth of Nottingham"

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