Glass Hammer
Chronomonaut
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1- The Land Of Lost Content / 2- Roll For Initiative / 3- Twilight of the Godz / 4- The Past Is Past / 5- 1980 Something / 6- A Hole in the Sky / 7- Clockwork / 8- Melancholy Holiday / 9- It Always Burns Sideways / 10- Blinding Light / 11- Tangerine Meme / 12- Fade Away
Glass Hammer fait partie de ces formations dont on regrette le manque de reconnaissance. Pilier américain du renouveau progressif des années 1990 aux côtés des [g]Spock’s Beard[/g] et autre Dream Theater (dans un style tout à fait différent), il offre une musique très référencée, œuvrant méticuleusement au profit du genre symphonique. Tout y est, des pochettes magnifiques aux univers tolkieniens. Avec le temps néanmoins, Glass Hammer s’est émancipée de ses glorieux modèles pour trouver sa propre pâte, sans les renier pour autant.
C’est alors qu’est annoncée la suite au très apprécié Chronometree (2000), au doux nom de Chronomonaut, évoquant un voyageur temporel naviguant ici vers l’âge d’or du rock progressif, en phase avec une époque où la nostalgie des 70’s-80’s est assez sensible. En effet, le concept derrière cet album consiste en l’histoire d’un jeune homme, Tom, remontant le temps pour devenir un dieu du prog’. Le tout sur les notes encore chaudes du très bon Valkyrie (2016).
En ce sens, Chronomonaut est ce qu’on pourrait appeler un album méta-progressif. Premièrement puisque le concept de l’album en lui-même est un discours sur l’aventure du rock progressif, l’attitude passionnée de ses amateurs, dans une sorte de mise en abîme où le groupe raconte l’histoire tout en jouant l’œuvre de Tom. Ensuite, parce que Glass Hammer sillonne à travers les sentiers tracés par les formations cultes des 70’s, sans pour autant les singer, mais veillant à ce que les références soient belles et biens présentes et ressenties par l’auditeur averti.
Et c’est dès le titre introductif que nous sommes plongés dans ce tourbillon progressif, composé tel un résumé de l’ambition du groupe sur cet album. Il en va de même avec l’un des chefs-d’œuvre de l’opus, "The Past Is the Past" évoquant à la fois Van der Graaf Generator ("Arrow"), King Crimson et Yes. Un exemple parfait de l’appropriation des qualités des anciens sans se borner à l’imitation plus ou moins ridicule. Le matériau est investi, et la composition peut se déployer à partir de celui-ci.
Le voyage dans le temps se permet même d’aller plus loin encore avec "Twilight of the Gods" aux arrangements sixties, entre psychédélisme et, surtout, univers hippie (guitare acoustique, chant …).
Le groupe n’hésite pas non plus à voguer vers d’autres rivages, quitte à moderniser son approche ("A Hole in the Sky"), ou à regarder vers la synthwave ("Clockwork", tout droit sortie de la BO de Stranger Things). Ce dernier morceau est d’ailleurs un jalon dans l’album, puisque la seconde partie de celui-ci, si l’on considère cette césure, est encore plus solide que la première déjà remarquable.
Le planant "Melancholy Holiday" prépare le terrain pour "It Always Burns Sideways" à l’introduction tout droit sortie de Red pour mieux retomber dans du symphonique pur jus. "Blinding Light" est une variation sur du jazz-fusion, et "Tangerine Meme" vire du côté de la musique électronique planante (vous l’auriez deviné rien qu’au titre). Des titres assez courts mais très riches, et très différents les uns des autres, on se déplace dans l’album comme dans un labyrinthe sonore, à l’affût d’une nouvelle surprise.
Le tout est servi par des musiciens exceptionnels, avec de beaux riffs et soli de guitare, des claviers variés, un chant maîtrisé, une basse complètement intégrée à l’ensemble (de très belles lignes sur "Roll for Initiative").
Glass Hammer propose un véritable acte de bravoure dans sa discographie fleuve, avec peu de longueurs, des titres variés, et de vraies qualités de composition. Un des plus beaux albums progressifs de 2018.