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Critique d'album

Jake Bugg


On My One


(17/06/2016 - - Indie rock - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- On My One / 2- Gimme The Love / 3- Love, Hope and Misery / 4- The Love We're Hoping For / 5- Put Out The Fire / 6- Never Wanna Dance / 7- Bitter Salt / 8- Ain't No Rhyme / 9- Livin' Up Country / 10- All That / 11- Hold On You
Note de 3/5
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Note de 1.5/5 pour cet album
"Jake Bugg tente d'élargir ses horizons musicaux et se prend les pieds dans le tapis."
Raphaëlle, le 21/07/2016
( mots)

Commençons cette chronique par un peu de sociologie de comptoir. En Angleterre, il suffit de prononcer un seul mot pour que votre accent trahisse des origines prolétariennes, dans une société morcelée en castes isolées. La violence sociale est le terreau idéal pour que naissent les pires frustrations et le rock en est le vecteur d’expression privilégié. C’est pour cela que les meilleurs titres de la britpop sont éructés avec des accents improbables, des Arctic Monkeys à Oasis.

Il est facile de surfer sur la vague en se revendiquant de cet héritage. Jake Bugg y est arrivé sans trop de souci en tirant sa "prolo-cred" de son enfance en council estate (une barre HLM, quoi) près de Notthingham. Il a sorti un album sobrement intitulé Jake Bugg en 2012, sur lequel il alignait les refrains folk et s’attirait les bonnes grâces de toute l’Angleterre. Un producteur inspiré, Rick Rubin, arriva à lui donner de l'épaisseur sur Shangri La, en 2013. On était donc en droit d’espérer le meilleur pour ce troisième effort, On My One. Une pointe d’inquiétude nous assaille quand même en voyant que cette fois, Jake Bugg est le seul maître à bord: pas de producteur, pas de parolier. A lui la liberté artistique ! 

Il est toujours cruel pour un musicien de se sentir limité, que ça soit par ses capacités ou par son image auprès du public. Pour toutes ces raisons, il est tout à l’honneur de Jake Bugg d’avoir voulu explorer d’autres contrées musicales. Évidemment, ce n’est pas sans risque. Ce webzine est rempli de chroniques dubitatives sur des albums marquant un changement de cap, remplis de bonnes intentions mais un peu patauds dans la réalisation.

De même, il est compréhensible qu’après plusieurs années au sein de l’industrie musicale, le petit Jake soit devenu grand et qu’il ait envie de s’affranchir de la houlette de sa maison de disque. Comme Exsonvaldes nous l’expliquait il y a quelques mois, le producteur est l’œil extérieur et avisé qui sait prendre du recul sur la composition musicale. Force est de constater que Jake Bugg n’a pas su être assez sévère avec lui-même.

Laissez-moi vous citer cette chronique du journal anglais NME: “Bugg’s decision to try his hand at rapping on ‘Gimme The Love’ and ‘Ain’t No Rhyme’ turns out to be a convincing argument for more record company interference”(*). Malgré un understatement et une ironie toute britannique, on ne peut que partager le constat de NME. Cet album est en contre-point une excellente démonstration de ce qu’est un bon producteur.

Cet album ressemble plutôt à un inventaire à la Prévert de la musique rock. Le résultat de cette émancipation et de ces explorations est un véritable gloubi-boulga de pop rock contemporain. Bugg cite grossièrement ses prédécesseurs sans jamais trouver comment se forger sa propre identité. Jugez plutôt: l’ouverture se fait sur un titre de blues dépouillé, “On My One”. Soudain “Gimme The Love” nous donne un bon coup de fouet en nous balançant un Kasabian de seconde zone sous amphet. Le rythme freine brutalement avec la ballade “Love, Hope and Misery” (un bonus pour vous si vous arrivez à supporter sa voix sur le refrain). A ce stade des opérations, c’est simple, on a envie de se jeter par la première fenêtre dans notre champ de vision.

Pour résumer, vous trouverez de la folk plus ou moins dépouillée (“The Love We’re Hoping For”, “On My One”, “All That”), des ballades à violons (“Love, Hope and Misery”, “Never Wanna Dance”), des clins d’oeil au pire du glam rock (“Bitter Salt”), de la country (“Livin’Up Country”, “Put Out The Fire”, “Hold On You”) et deux incompréhensibles accidents industriels: “Gimme The Love”, tendance Madchester, et “Ain’t No Rhyme”, option The Streets. Au point où on en est, on s’attend à un featuring avec Adele.

Prenons par exemple “Gimme The Love”. Paroles limitées, beat électro pour soutenir le tout, synthés et mini solo au milieu: la ressemblance avec Kasabian est troublante. Souvenons-nous par exemple de la bombe “Eez-eh” sortie sur 48:13… Et pourtant, Jake Bugg passe complètement à côté du sujet. “Eez-eh” s’affiche comme la bande-son décomplexée et pleine d’autodérision d’une soirée à s’envoyer des petites pilules. “Gimme The Love” joue au contraire à fond la carte du rock stadium lisse, sans personnalité. Et attention, que personne n’ose citer les Stones Roses comme précédent. Ou si vous le faites, (ré)écoutez “I Wanna Be Adored” avant et on en reparle (si vraiment vous insistez, on ne pourra que vous suggérer de relire cette chronique de Maxime).



Chérie, j'ai découvert l'électro.


Un autre problème de cet album réside dans la vacuité abyssale des paroles. On peut faire de brillants morceaux de pop sans que les paroles aient le moindre sens. Alex Turner a décidé sur le dernier The Last Shadow Puppets de tenir davantage compte de la sonorité que du sens des mots, et ça a donné des choses comme “The Colourama in your eyes/
It takes me on a moonlight drive”. Ça ne veut rien dire, certes, mais ça marche.


Chez Jake Bugg, toutes les paroles sont débitées avec une absence de conviction inédite. “Love, Hope and Misery” affiche sans complexe un refrain incroyablement paresseux: “tell me if I’m wrong/I hope that I am and you don’t hate me/Don’t be mad, I'm just a man” (pardon, “I’m just a maaaaaaaaan”).


Quant à ce grand moment de rap engagé qu’est “Ain’t No Rhyme”... Il prouve à tous ceux qui en doutaient encore que rapper ne consiste pas simplement à beugler “Yo, yo” dans un micro. Il faut aussi avoir quelque chose à dire, si possible autre que “Allez Curtis, repose ce couteau”. (“Come on Curtis just put down the knife/I knew from his eyes he wasn't gonna think twice”). Mon dieu, quel malaise.



Chérie, j'ai découvert le rap.

Cet album brouillon et mal fini est une bonne démonstration de l’utilité d’un producteur… Et d’un parolier ! Heureusement, il contient quelques morceaux pas si mal fichus, qui se trouvent justement être les titres qui restent dans la zone de confort de Bugg (“All That”, “On My One”). Il est dommage de voir un talent gâché par trop d’arrogance, mais là aussi Bugg ne fait que suivre la trace de ses illustres ainés, Oasis en tête. Rendez-vous au prochain album pour voir s’il se rattrape.

(*) “La décision de Bugg de tenter le coup d’un rap sur Gimme The Love et Ain’t No Rhyme se trouve être un bon argument justifiant davantage d’implication des majors dans la création du disque


Pour commencer: "All That"... Et c'est tout.


 

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Commentaires
Etienne, le 21/07/2016 à 17:52
Dommage il était bon ce petit...