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Critique d'album

Sturgill Simpson


A Sailor's Guide to Earth


(15/04/2016 - Atlantic - Country - Americana - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Sturgill Simpson

1- Welcome to Earth (Pollywog) / 2- Breakers Roar / 3- Keep It Between the Lines / 4- Sea Stories / 5- In Bloom (Nirvana Cover) / 6- Brace for Impact (Live a Little) / 7- All Around You / 8- Oh Sarah / 9- Call to Arms
Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La mer de la tranquillité"
Etienne, le 06/08/2016
( mots)

Sensation du début d'année, le troisième album de l'américain Sturgill Simpson était passé en travers des mailles de la rédaction. En cette période estivale plus tranquille en terme de grosses sorties (de qualité), il semble plus qu'adéquat de revenir sur ce superbe disque, véritable expédition onirique sur les flots des sentiments.


Petite remise dans le contexte. Voilà une ascension fulgurante que celle de Sturgill Simpson, ex-marin de la Navy américaine reconverti en chanteur bluesgrass puis en crooner country depuis le début de la décennie. Son premier album, entièrement auto-financé, High Top Mountain sort en 2013 et attire l'oreille du label britannique Loose qui le distribue en Europe. C'est Dave Cobb, producteur originaire de Savannah révélé après son excellent travail sur le Head Down de Rival Sons qui se charge de la production. Repéré, Simpson ne tarde pas à enregistrer son deuxième album qui sort une toute petite année après, toujours avec Cobb aux manettes. Bouclé en seulement cinq jours, Metamodern Sounds In Country Music lui vaut les honneurs du New York Times et de Rolling Stone. Des références critiques à la légitimité plus que discutable mais qui ont le mérite d'exposer Simpson à un public plus large. Il est reçu sur tous les plateaux TV à la mode: Jimmy Fallon, Sete Meyers, David Letterman ou encore Conan. Il est même embauché par Scorsese et Jagger pour enregistrer le générique zepellinesque de la déjà regrettée série Vinyl. La reconnaissance est soudaine. Abrupte même. Simpson se retire un temps du brouhaha médiatique. Quand soudain...


Sa vie bascule avec la paternité. A 37 ans, ses priorités changent - même si c'est un peu gnan-gnan présenté de la sorte. Sa vision de la musique aussi. Il congédie Dave Cobb et s'occupe lui-même de la production de son troisième album en seulement quatre ans. Simpson recherche l'authenticité, l'émotion pure, simple, la musique dans son exécution la plus primaire. Il décide alors d'enregistrer A Sailor's Guide To Earth en condition "live", toujours entouré de son fidèle backing-band qui comprend une guitare, une basse, une batterie, un clavier et trois cuivres bien distincts: trompette, saxophone et trombone. Un bel orchestre dont la justesse des arrangements transpire élégamment du premier disque de Simpson estampillé d'une major, et pas des moindres en la présence d'Atlantic Records. Un contexte favorable à l'émulation artistique et émotionnelle, le tout avec la ferme intention d'initier sa jeune progéniture aux frissons musicaux les plus touchants.


Car la musique, Simpson maîtrise et dévoile deux facettes plutôt nettes dans ce troisième album. La première, mélancolique et poétique fait la part belle à des arrangements de cordes minimalistes et cotonneux ("Oh Sarah"). Quelques arpèges ouatées sur lesquels se pose délicatement une voix chaleureuse ("Breakers Roar") et voilà Simpson intronisé parfait maître-conteur pour trompes d'Eustache apaisées. Sauf que le bougre, dans un deuxième temps, y va de ses compositions cuivrées endiablées ("Keep Between The Lines"), d'un blues vénéneux suintant la slide-guitar ("Brace For Impact"), d'une soul chaleureuse ("All Around You") et même d'un morceau de bravoure country qui sent bon la paille et les cactus en plein cagnard ("Sea Stories"). A Sailor's Guide To Earth est un disque plein et authentique au travers duquel Simpson étale ses aspirations musicales à des fins d'éducation de son rejeton.


Une éducation pleine de sons mais aussi de sens. Si "Welcome To Earth (Pollywog)" ouvre l'album sur une tendre note enamouré, le reste dépeint le sombre tableau d'un monde gangrené. Du début à la fin, le capitaine Simpson mène sa barque sur des eaux noires et mouvementées et évoque sans détour les peines du monde. "Pourquoi voudrais-je te mentir ?" lance-t-il sans équivoque dans "Sea Stories". Simpson déballe la vérité via des mots sobres mais choisis, enveloppés dans l'écrin soyeux et délicat de sa musique. Il prend soin de délivrer son message avec clarté. Il prend aussi soin de ne pas brusquer les esprits innocents et les cœurs fragiles. Tout le long de cette expédition où le narrateur ne semble s'adresser qu'à son jeune enfant, on ne peut s'empêcher de se sentir concerné par les propos d'un chanteur qui prend son rôle très à cœur. Son constat est implacable, la dénonciation des péchés des hommes inéluctable et nous arrive en pleine poire telle une vague scélérate impossible à esquiver. Et si l'enfant persiste dans sa vision idéalisée, l'adulte est lui beaucoup plus touché par ce A Sailor's Guide To Earth d'une urgence manifeste.


A l'heure du bilan alors que le navire s'amarre au port, on ne peut que s’émouvoir d'une telle justesse de ton tant Simpson semble avoir délivré une partition passionnée le temps de ce court disque. Une passion partagée par tous. Les mélomanes salueront l'audace musicale d'un artiste surfant sur une vague soul-rock qui embrase l'Amérique depuis le début de la décennie: Alabama Shakes, St. Paul & The Broken Bones, Nathaniel Rateliff & The Night Sweats etc. Les rednecks aimeront cet ex-militaire repenti reconverti en chanteur country, le bon p'tit héros comme on l'aime. Les enfants, eux, seront bercés par les comptines harmonieuses de Simpson qui va même jusqu'à faire de Kurt Cobain le concurrent direct de Nicolas & Pimprenelle ("In Bloom"). Certains rockers chevelus et nostalgiques le fustigeront peut-être pour un tel blasphème. Les autres préféreront saluer l'audace de l'artiste. Enfin, les grandes personnes se laisseront porter par un disque admirablement maîtrisé par un guide qui emmène tout son monde là où il le souhaite. Un véritable voyage sur une mer de tranquillité des cœurs. Et de tempête des consciences.

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