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Critique d'album

The Coral


Distance Inbetween


(04/03/2016 - Ignition Records - Pop Folk Rock Blues - Genre : Pop Rock)
Produit par Richard Turvey, The Coral

1- Connector / 2- White Bird / 3- Chasing the Tail of a Dream / 4- Distance Inbetween / 5- Million Eyes / 6- Miss Fortune / 7- Beyond the Sun / 8- It's You / 9- Holy Revelation / 10- She Runs the River / 11- Fear Machine / 12- End Credits
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le sacre des oubliés ?"
Nicolas, le 24/03/2016
( mots)

Parfois, on a l’impression de ne pas vivre sur la même planète que tout le monde, notamment quand on lit les accroches retenues pour porter aux nues le dernier effort de The Coral. “De loin l’oeuvre la plus rock et la plus explosive de toute leur carrière !” Les Inrocks. “Un album lourd, agressif et psychédélique. Passionnant.” Rock N’ Folk. Mouais. Les épithètes “rock”, “explosif”, “lourd” et “agressif” sont-ils vraiment les premiers à venir à l’esprit en écoutant Distance Inbetween ? A moins que nos collègues pros ne cherchent par tous les moyens à se racheter de ne pas avoir soutenu comme il se devait l’un des groupes les plus indispensables et les plus injustement méprisés de la sphère rock anglaise ?


The Coral, pour ceux qui l’ignoreraient encore, sont les derniers représentants vivants et encore décents de l’ère post britpop. La scène britannique du début des années 2000, celle qui devait prendre le relais des Oasis, Blur, Suede et autres Supergrass, s’est progressivement étiolée pour ne survivre aujourd’hui qu’à l’état larvé. Comme on n’osera décemment pas parler de Coldplay, on se contentera d’évoquer les défunts - ou tout comme - Travis, Keane, Kaiser Chiefs, Athlete (qui s’en souvient encore, de ceux-là ?) voire même Doves qu’on aimerait vraiment voir revenir un jour. The Coral… ah oui, au fait. Coral, en anglais, veut dire “Corail”. Rien à voir avec “Corral” et autres enclos à chevaux qu’on voudrait parfois attribuer à cette formation adepte des ambiances folk. Bref, The Coral, au contraire de leurs congénères, ont survécu au cap de 2010, et c’est curieusement au moment où le groupe semblait le plus près de s’éteindre qu'il a su non seulement se ressaisir, mais aussi susciter de nouveau la curiosité. On se souvient de débuts tonitruants, avec ce premier album bigarré, foutraque, intello et saltimbanque, et une suite moins évidente, moins immédiate, peinant à retenir l’intérêt de nos collègues britanniques quoique non dénuée de sel. Les années passant, le groupe se faisait plus discret, moins attendu. Bill Ryder-Jones, au bord de la dépression, quittait le navire pour s’émanciper en solo. Butterfly House, s’inscrivant au début de l’actuelle décennie, se voyait cordialement méprisé par l’intelligentsia et marquait le début d’une longue hibernation de six années.


Pour autant, n’en doutez pas : The Coral est un groupe essentiel. La galaxie qui gravite autour du récif coralien est à ce jour la plus solide et la plus inventive de cette chère Albion, ayant donné naissance ou adoubé Bill Ryder-Jones, donc, mais aussi les frères Skelly (albums solos de James et Ian durant la période), Serpent Power (projet de Ian et Paul Molloy, des voisins liverpuldiens The Zutons), Miles Kane (cousin germain des Skelly) et par extension, via quelques traits d’union entre Liverpool et Sheffield, entre Kane et Alex Turner, The Last Shadow Puppets… tandis que Ryder-Jones a déjà joué les seconds couteaux chez les Arctic Monkeys. Vous le voyez, sans faire de bruit, The Coral a consciencieusement placé ses pions pour répandre son aura sur tout un pan incontournable de l’Angleterre pop. Et le vent commence lentement à tourner. L’accueil plus que  chaleureux réservé au certes somptueux The Curse Of Love, leur album perdu récemment réapparu dans les bacs, laissait présager un retour en grâce lorsque l’on a appris que les natifs de Liverpool se réactivaient après cette veille de six ans. Aujourd’hui, Distance Inbetween devrait achever de convaincre les plus sceptiques.


James Skelly et sa bandent livrent ici une production non pas lourde ni agressive, mais tout à la fois robuste et sereine. “Connector”, la mise en bouche, sonne presque comme un Kasabian chic avec ses boucles de synthé et sa batterie martelée. Psyché, The Coral l’est certainement, renvoyant Temples à ses chères études avec le superbe “White Bird” au texte ciselé et à la langueur éthérée des plus élégiaques, tandis que la noirceur et la pesanteur de “Chasing The Tail of a Dream”, le single livré en pâture à la plèbe avant la sortie de l’album, habille sobrement la matrice liverpuldienne qui se laisse aller à quelques solos enivrants. Par ces trois morceau, le groupe se montre tout autant attaché à la tradition du rock anglais qu’attiré par la modernité. Plus directe qu’avant, le musique coralienne flirte avec les tenors du milieu, Paul Weller n’étant jamais bien loin (“Holy Revelation” ou même “Miss Fortune” qu’on jurerait entonnée par un Miles Kane plus mûr). Les balades du groupe demeurent l’un de ses points forts, d’autant que la variété est de mise : si “Distance Inbetween”, avec sa ligne de basse douce et ses oscillations de guitare, n’aurait pas dépareillé sur le troublant The Curse Of Love, “Beyond the Sun” joue sur un contraste entre air lent et batterie véloce, tandis que le miroitant “She Runs The River” s’appuie sur une polyphonie contemplative. Mais ce qui retient ici l’attention, c’est le côté rock n’ roll de certains morceaux. Tout en restant dans l’épure, Skelly embarque son projet dans des trips revigorants, laissant “Million Eyes” s’étirer au rythme d’un long jam psyché sur lequel s’exprime un solo de guitare bluesy à souhait. Du blues, on en retrouve encore, et même plus, sur le pré-conclusif “Fear Machine” qui sonne comme un Monkeys dopé aux Yarbirds, conjuguant élégance et puissance de frappe. Une surprise des plus agréables.


Distance Inbetween marque un retour impeccable de la part de The Coral : espérons qu’ils gagneront enfin les lauriers qu’on leur tresse depuis si longtemps. Les Last Shadow Puppets, d’ores et déjà encensés par la presse rock n’ roll pro (on attend de voir, pour notre part), n’ont dès lors qu’à bien se tenir, car la concurrence pour le meilleur album british va s’avérer rude, cette année.

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