The Elderberries
Nothing Ventured Nothing Gained
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1- Laying Low / 2- Once Or Twice / 3- Running For Life / 4- I Wanna Bit / 5- Double Demons / 6- Like A Bull / 7- Gotta Get Me Good / 8- The Little House / 9- What You Gonna Do ? / 10- Looking For A Place To Go / 11- Overdose / 12- Shoot For The Money
Dans la famille baby rockeurs, on prendra avec plaisir les chevelus en chemises à carreaux du fond, m’est avis qu’ils ont des choses assez savoureuses à raconter. Faisant fi du post-punk opportuniste ou de tout dance-rock tapageur, les Elderberries, du haut de leurs 17 berges, optent pour un binaire juteux et direct ne passant pas par quatre chemins pour faire piaffer le jarret des foules consentantes. Pas arty ou glamour pour un sou, ce quintet international (trois anglais, un canadien, un français) entend montrer combien le garage volumineux et le hard rock seventies se moquent des frontières et des effets de mode. Plaçant leurs pas au centre de l’anneau magique reliant AC/DC , Led Zeppelin et Ramones en passant par The Stooges (soit tout ce qui mouline dru), les Elderberries traînent déjà un joli petit palmarès derrière leurs basques, riche de plus de 80 concerts menés entre autres en ouverture de The Used , Kill The Young ou El Presidente , préalable nécessaire à ce premier effort.
Comme tout bon disque de ce genre, Nothing Gained, Nothing Ventured tronçonne, féraille, décanille un maximum en un minimum d’accords. Ryan Suttan et Tom Pope croisent le fer, épaulés par un Jamie Pope concerné et un Yann Clavaizolle impitoyable derrière les fûts ; Chris Boulton n’a plus qu’à venir distordre ses cordes vocales sur ce tapis sonique. Il en résulte un joyeux flot de gâteries devant lequel ne renâclera pas tout hirsute au cuir craquelé : ouverture bourrue ("Laying Low"), MC5 brutalisé ("Running For Life"), Hellacopters vandalisé ("Double Demons"), Bellrays tancé ("The Little House"), punk frotté aux barbelés ("I Wanna Bit"), sentences hérissées ("Gotta Get Me Good"), clin d’œil appuyé à tonton Jimmy ("What You Gonna Do ?"), gerbes de larsens incantatoires ("Shoot For The Money"). Ça sent la fougue juvénile, la frénésie électrique, le riff trapu, bref, tout ce qu’il faut pour que The Datsuns ou les Flaming Sideburns se mettent à couver cette progéniture d’un regard langoureux. Tout pisse-froid exigeant originalité et déconstruction post-moderne sera vigoureusement reconduit vers les Arcade Fire avec le tampon réglementaire apposé sur l’arrière-train. Seule la quantité de plaisir brut prodigué compte, et à ce jeu là les Elderberries nous envoient un baiser lippu qu’il serait obscène de refuser.