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Hellfest 2011: Three Days Of Black, Grey & Noise


Geoffroy, le 28/07/2011

Samedi 18 juin

Cette deuxième journée a pour valeur celle de l’expérience. Il me semblait important d’apprendre à connaitre par le fond ces musiques dont le fond et la portée ne peuvent absolument pas me toucher. Elles ne sont pas mes ennemies, elles partent simplement dans des directions que je ne saurais suivre. Pour rester simple et naïf, il n’existe que deux façons de jouer: ne chercher que le succès, la gloire et l’argent, s’adaptant à toute forme sans pouvoir se créer la moindre consistance sensuelle ou sémantique, et de l’autre côté être habité par une foi sincère en ce que l’on crée, offrant ainsi sa vérité aux oreilles des auditeurs. Ce n’est pas anodin de voir autant de personnes défendre ces musiques avec passion et vigueur. Il y a un sens derrière tout ceci, une volonté et une attente de reconnaissance. C’est donc pour cela que je suis ici aujourd’hui, pour observer et tenter de comprendre.

Punk, Hardcore, et Bière


De retour au festival pour le show de The Haunted, on apprend que le concert est reporté au Metal Corner pour une heure relativement tardive. Bière. C’est alors vers la Terrorizer que les pas se dirigent pour aller voir fleurir une scène hardcore très à l’honneur aujourd’hui. Raw Power est en train d’y envoyer du gros son, très rapide et très… brut, comme son nom l’indique. L’énergie déployée est remarquable mais, et c’est récurent dans le mouvement punk, ça finit par faiblir musicalement quand on en attend autre chose, contrairement aux new-yorkais de Shai Hulud qui dispensent la même fougue mais avec une précision qui force le respect et nourrit la hargne. C’est d’ailleurs une colère moins noire que blanche, qui ressort bien plus comme de la rage que comme de la haine. Bière.

"Municipal Waste will fuck you up !"


Le trash metal de Municipal Waste se fait entendre sur la Main Stage tandis que la fatigue devient omniprésente. Les scènes du festival ont un volume sonore difficilement soutenable quand on ne recherche pas l’écoute et le bruit a cette fâcheuse tendance à exténuer… Le concert de US Bombs étant annulé pour cause de retard du groupe, je m’écroule près de la Terrorizer, dans l’herbe non loin des barrières et banderoles où des hectolitres d’urine ont déjà été déversés depuis deux jours. Un « Municipal Waste will fuck you up ! » annonce la fin du show des ricains et je finis par rejoindre la grande scène pour Destruction qui balance également un trash rapide et précis. Mais la prestation des Allemands manque de conviction et ce n’est pas en retournant sous la tente que Comeback Kid fera bonne impression avec son jeu de scène ridicule digne de punks californiens et une musique plus que passable. Bière.

"N'existe-t-il personne pour penser à ouvrir un stand de café sur les festivals bordel ?"

Folklore scandinave


Il n’en faut pas plus pour aller découvrir les joies du black metal avec 1349 sous la Rock Hard Tent. Je commence à me marrer devant les frusques de la formation, maquillée comme le veulent les traditions, mais me retrouve très vite lassé par cette voix dégueulasse et surtout ce faux semblant de violence. Pour avoir bouffé les Melvins la veille et avoir vu de nombreux concerts en tous genres, le metal extrême ne me parait absolument pas violent, malsain certainement mais les doubles croches à foison, la saturation crade et le grawl ne suffisent pas à créer l’intensité que je recherche. Il n’existe pas d’accalmie dans leur musique, pas d’art de la tension, de la maîtrise des nuances et tous ces héritages des musiques classiques et baroques qui font la puissance et la violence. Un ton monocorde, des atmosphères sans vie et un message radical, voilà tout ce qui m’empêche d’apprécier cette expression que d’autres voient comme leur aboutissement à l’art.

Apocalyptica & Times Of Grace


L’ennui dégoûté que me procure le folklore scandinave me pousse devant Apocalyptica. La reprise de "Nothing Else Matters" plonge l’assemblée dans un profond coma et personne ne pouvait s’attendre à pire après ça… Le jeu des trois violoncellistes ne fonctionne absolument pas avec la batterie, créant un décalage constant. Les musiciens transpirent d’une prétention pitoyable - le beau gosse soliste dévoilant son torse d’anorexique nu - essayant de meubler la scène tant qu’ils le peuvent avec une formation originale qui mériterait bien mieux que ça. J’en avais pourtant entendu de bons échos malgré mes réticences mais on touche ici encore au risible. Times Of Grace relève quelque peu le niveau avec des passages en clean plutôt agréables quoiqu’un peu niais et pré-pubère sur les bords. Mais ne nous plaignons pas, c’est peut être le dernier témoignage de quiétude avant la fin de la journée. Bière.

Septic Flesh... ("Chair Sceptique ? Ah non...")


D’ailleurs Septic Flesh ne fait pas dans la quiétude. Ambiance théâtrale, mise en scène carrée, les death metalleux symphoniques grecs jouent vite, bien que le chanteur et bassiste passe à peu près autant de temps à lever son instrument comme appel à l’hécatombe qu’à exciter ses doigts dessus. Des orchestrations pas forcément folichonnes mais bien foutues se retrouvent diffusées dans les enceintes pour appuyer le groupe et même si les prouesses techniques du quatuor sont enviables et les références héritées sont respectables, seuls deux ou trois passages plus calmes et ambiants ("Persepolis") créent un sentiment presque agréable. J’ai personnellement ressenti un plaisir intense à simplement éviter de peu ce que la culture autochtone nomme « Wall Of Death » ou encore « Braveheart ».

"... When the Kreator will return!"


De retour devant la Main Stage, Kreator a déjà commencé son show et dire que ce show est intense est un putain d’euphémisme. Mille Petrozza est un furieux habité par une foi palpable et il n’existe rien à faire contre la foi. Contrairement à Destruction, leurs compatriotes dans ce mouvement qu’est le trash allemand, que j’avais trouvé plus ou moins dedans en début d’aprème, les quatre énervés balancent ici un concert d’une violence à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’un groupe de metal, un vrai: pas de ceux qui font semblant d’être méchants, en jouent pour se donner un genre et tomber dans une soupe qui ne vaut pas mieux que tout ce sur quoi ils crachent. Devant nous se déroule quelque chose de fiévreux et d’incontrôlable à la puissance démesurée, qui transpire la peine et la colère. Je ne ressortirai pas fan de trash metal de ce festival mais j’ai enfin vu ce que j’avais à voir. Même si le message est radical et que la musique ne recherche pas la beauté, elle a pour catalyseur quelque chose qui doit être dit et c’est seulement de cette façon qu’elle peut être exprimée. Kreator est le seul de ces groupes que j’aurais vu exploser de sincérité dans une ferveur rare de nos jours et rien que pour ça, je sais ne pas avoir perdu ma journée...

Pas la force d'affronter Scorpions... L'idée d'éclater de rire à s'en tordre les côtes devant "Still Loving You" m'eut pourtant enchanté si cette fatigue ne prenait pas inlassablement le dessus et s'il ne fallait subir un set qui fut apparemment atroce même pour les fans... Il serait bon de savoir s'arrêter pour certains... Bière.



En passant une partie de l’après-midi dans le Extreme Market, excroissance du festival où vous pouvez acheter albums de genres plutôt variés, t-shirts cannibales et autres accessoires du parfait petit antéchrist, quelque chose m’a frappé. Quel est l’intérêt pour un français hypermoderne d’acheter une croix du mérite de l’armée allemande et se défendre ensuite de porter un symbole à l’effigie du troisième reich ? La réponse est simple: la provocation sans concession. Très peu de groupes se prennent totalement au sérieux dans leur symbolique et leurs croyances, beaucoup jouent sur cette provocation pour se placer en totale opposition et faire réagir leurs détracteurs. Le Metal est un mouvement qui s’est créé sous une volonté de faire jaser les autorités puritaines de sociétés qui réprimaient le moindre élan de liberté à coups de damnation éternelle et forcément depuis plus de trente ans que la machine est lancée, les choses ont évolué, pris de l’ampleur, gagné du succès et dans une certaine branche, se sont radicalisées. Oui, aujourd’hui on peut se retrouver dans un festival avec un mec au visage flippant et blindé d’imagerie ostentatoire tout en sachant que ce mec est juste un gros défonçard pépère, là pour se marrer et faire chier les centaines de Boutin et DeVilliers qui le verront secouer sa tête devant 1349 et les caméras du journal régional du soir. Pour les autres, ceux qui y croient vraiment, le fait est qu’il existe des débiles partout, ce n’est plus à prouver. Nombreux sont ceux aussi qui ont perdu le sens du mot religion et de « dieu » dans sa plus simple expression. La faute à une perte croissante de la spiritualité dans nos actions et nos relations. Pourtant, quand je me retrouve devant un groupe comme les Melvins, je sais à quoi je touche.



Crédit photos: Matthieu Ezan - Matthieu Ezan
Eric Bagnaro - Ozirith

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