La Route du Rock 2010
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Introduction
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- Vendredi 13 Août
- Samedi 14 Août
- Dimanche 15 Août
Vendredi 13 Août
Pour cet anniversaire le temps se montre clément en ce vendredi 13. Un signe de chance apparemment. Non non, je ne suis pas superstitieux ! Le site s'est embelli de sacs de sable de couleur blanche au coeur des stands et des buvettes. Ils font office de sièges et sont sérigraphiés des noms des groupes passés ici tout au long des dix-neuf éditions précédentes.
Mais trêve de mise en situation, les Dum Dum Girls sont déjà là. Ces quatre girls in black ont le look bien comme il faut pour nous faire croire qu'elles ont le rock dans la peau. Des collants fantaisies et troués font leur effet, surtout sur moi, mais le défilé de mode n'a pas le son qui va avec. Timides et statiques, elles semblent nous donner une répétition dans leur garage. La voix de la chanteuse n'est pas désagréable mais les choeurs qui l'accompagnent ne raviront pas le mien. Il ne suffit pas d'être Californiennes et de plaquer fièrement quelques accords de guitares pour nous faire rêver d'ailleurs. Les spectateurs, encore peu nombreux, sont visiblement du même avis. Ca ne durera pas, c'est promis. Owen Pallet, lunettes noires et bonnet sur la tête, va et vient ensuite sur les cordes de son violon pour nous changer radicalement le décor. Si sa voix et ses envolées frottées sont de haute volée il n'en reste pas moins que je ne ressens rien, ou presque. D'abord seul sur scène avec ses boucles électroniques, il est rejoint par Thomas Gill (basse-batterie), mais ils ne comblent pas l'espace d'une scène de festival et le soleil, toujours présent, ne renforce pas l'effet lunaire que sa musique devrait ou pourrait me procurer. En rappel, la reprise de "Odessa" de son compatriote Caribou finit tout de même par me faire frissonner.
Logique, l'astre du jour vient de quitter le fort et Yann Tiersen est attendu. Non pas que je sois un fan mais il est Breton (j'en suis fier aussi) et la découverte de son album à paraître avec cette création comprenant dix musiciens et cinq choristes, dont Laetitia Sheriff, Matt Eliott et Josh T. Pearson, donnent des raisons d'espérer quelques moments de félicité. Pourtant, ce concert unique dans sa forme ne semble pas vraiment décoller dans le fond. Les jolis choeurs sont étouffés et la longueur des morceaux instrumentaux souffrent aussi d'une balance inégale entre les deux batteries, les cuivres ou les cordes, notamment. Le souffle épique est toutefois présent, le public aussi. Les images de cartes postales projetées en arrière plan et en noir et blanc sont contrebalancés par des panneaux d'interdictions pendant que la caravane de symphonies pré ou post-nucléaires de Yann Tiersen et de ses compagnons passent sans me transporter. Toujours dans l'attente d'un moment de grâce je me rends à la raison. J'aurai voulu adorer, je n'ai pas détesté, je ne sais plus quoi vraiment en penser et reste sans mot dit.
Coïncidence ou pas, la stupéfiante voix du leader de The Black Angels (photo), Alex Maas, me fait fondre d'emblée. Casquetté, le barbu semble ravi d'être là et le courant passe, forcément. Le psychédélisme de ces Texans est puissant, parfois nonchalant, mais toujours fuzzant et distordant. La voix réverbérante et entêtante rapproche le public d'une sorte de transe dès leur premier succès "Black Grease". Ca titille où ça fait du bien, ça joue fort, ça serpente et sonne poussiéreux. La terre du fort colle désormais aux jeans, c'est à l'image de ce que j'entends. L'appel du désert peut-être... La fumée artificielle n'est pas nécessaire, le transport se fait naturellement lors d'un hallucinant "Young Men Dead", même sans le fond vidéo qu'ils utilisent habituellement. "You on the Run" bat des records d'intensité, un spectateur en profite pour monter sur scène et revêtir d'un poncho le guitariste Christian Bland. Le très 60's "Telephone Blues" (extrait de leur prochain album à paraître en septembre) finit par envahir le fort de ses plus belles clameurs. Sans rappel, leur heure était si belle que très peu l'on vu passer. Suis-je d'ailleurs toujours là ?
Les Liars (photo) vont sûrement me donner la réponse. Leur dernier album Sisterworld est un bijou, ils viennent nous le présenter sans écrin. Toujours aussi allumé le chanteur Angus Andrew a promis de l'exécuter sans nous le jouer comme on l'attendait. En fait, avec ces menteurs il faut s'attendre à tout. Ils sont désormais cinq sur scène mais le dégingandé Angus ne tient pas en place et l'occupe avec ses gestes et allers-retours. Il chante sur tous les tons et cris sous des morceaux toujours aussi déconstruits. Le premier vraiment grand moment de furie est lancé avec la reprise de Bauhaus "In the flat field" suivie par "The Overachievers" et une batterie sidérante. Il s'amuse à déclamer quelques mots en français au beau milieu de ses morceaux (saucisson, fromage...) et commence un décompte sur "Here Comes all the People" lorsqu'il fait tomber sa boîte à effet vocal, son micro reste en rade. Il entonne même le premier vers de la Marseillaise, les spectateurs reprennent aussitôt les paroles mais la chanson repart sans eux. Avec Angus Andrew c'est surtout quand il veut. Voire quand il peut. Le fil de son micro a toujours du mal à le suivre, il demande le retour de Napoléon pour bouter Sarkozy hors d'ici en entamant le tripant "Proud Evolution". En guise d'au revoir il crie plusieurs fois "je t'aime" à la technicienne qui vient de remettre en place son dernier foutoir microphonique. Parole tenue, Liars c'est toujours inattendu. La seule et vraie route du rock en somme ! 02h30, il est d'ailleurs temps d'aller se coucher, globalement conquis. Caribou peut bien prendre son élan il ne passera pas par moi.