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La Route du Rock 2010


Marc, le 25/08/2010

Dimanche 15 Août


Dans la nuit j'ai survécu à la sortie de la route du rock sur un chemin complètement boueux et cabossé. Par bonheur, le retour ici se fait avec le soleil, il a même déjà séché une grande partie de la terre et diminué l'étendue des flaques. Les bottes en plastique ne sont donc plus vraiment de mise mais elles demeurent d'actualité pour certains spectateurs échaudés par la soirée d'hier. Confiant en ma Bretagne, je fais comme si de rien n'était. C'est malheureusement un peu la même attitude que j'ai en écoutant les Suédois de Thus:Owls. Leur cabaret un peu jazz, avec piano et contrebasse, est déroutant. Ce n'est surtout ni le lieu ni le moment pour moi. Sur la route de l'étrange la chanteuse a une belle et puissante voix mais une façon d'interpréter qui finit par lasser même si ses compagnons ont beau s'appliquer.


Je n'ai qu'une envie, me décalaminer les esgourdes avec Archie Bronson Outfit. Mes barbus préférés arrivent en tenue africaine, celle en rigueur pour toute leur tournée. Le bassiste-guitariste a les jambes nues, je m'interroge sur ce qu'il y a sous son boubou, mais peut-être ai-je les idées mal placées. Une chose est sûre, le contraste entre leur accoutrement et ce qu'ils envoient est attendu et volontaire. Première surprise, un quatrième membre est venu s'ajouter pour bidouiller des effets et frotter quelques cordes. En sus le chanteur Sam Windett est particulièrement méticuleux sur le son et l'accordement de ses guitares, on les sait pourtant complètement loufoques dans leurs clips et imprévisibles au sein de leurs chansons. Revêches, psychédéliques ou dansantes elles sont pratiquement tout à la fois. De sa voix faussement plaintive Sam Windett répète ses refrains à l'envi le temps de quelques mélodies qui s'effondrent sous des riffs incisifs. La tête dans ses fûts le batteur fou me fait penser à Animal du Muppet Show alors qu'avec ou sans basse à ses côtés son tempo ne cesse de tonner. Moins dissonants que sur album Archie Bronson Outfit c'est du vrai Live et ça gratte où ça fait du bien. La cavalcade "Kink", les incontournables "Cherry Lips" et "Dead Funny", mais aussi la plus dansante "Hoola" et le dernier single "Shark's Tooth" s'enchaînent sans faiblir. Le public se resserre et apprécie, aussi. Hélas leur temps imparti est vite passé, ils ne battront même pas le rappel demandé. Sans l'ombre d'un doute l'un des concerts du festival.


La nuit vient de se lever, le fort semble paré de tous ses atouts pour affronter l'assaut sonore de Serena Maneesh. Clairement, la plastique de Hilma Nikolaisen, bassiste à la blondeur norvégienne, et la cadence de ses pas sautés ne me laissent pas de glace. Plus perturbant et perturbé, Emil Nikolaisen, son frère guitariste et chanteur, visiblement bien allumé, a décidé de ne pas faire de quartier. Ça sonne comme, et ça joue presque aussi fort, que My Bloody Valentine. Mais la transe noisy aux mélodies submergées par des nappes saturées sous un dôme de réverbération me provoquent, à la longue, quelques belles sensations. Le batteur n'y est pas pour rien. Possédé, Emil fait tomber un ampli, plusieurs fois son micro et traîne sa guitare au sol avant de finir le concert seul sur scène, allongé sur le dos, en jouant quelques accords de guitares pendant que le son de ses compagnons s'évanouit dans la nuit. En 42 minutes et seulement 7 morceaux, les ruines du fort ont tremblé et quelques spectateurs ont apparemment eu peur. Interloqué, j'ai déjà envie de les revoir dans un autre contexte, dans un autre état...

The National est en revanche espéré par la majeure partie du public. De mon côté, je redoute ce que j'ai toujours ressenti en les écoutant chez moi. C'est bien réalisé, c'est parfois beau et sombre comme j'aime, mais, au bout du compte, il ne me reste presque rien. En grande formation, ils sont huit sur scène avec trombone et trompette, ma crainte est rapidement confirmée. C'est trop carré et trop soigné pour que la voix de Matt Berninger aille fouiller où ça me remue. Tel un autiste, il se bouge malgré tout pour nous faire voyager mais je reste sur le bord de la route. Sa belle voix grave et ses soudaines gueulantes n'y changent rien. Ce que j'entends et vois manque d'authenticité. La dédicace d'un morceau "pour tous les Français qui ont apprécié notre musique un peu avant tout le monde" conforte ironiquement mon avis. A la question "quelle serait la meilleur façon d’écouter votre musique ?" Matt Berninger avait répondu en 2008 : "de la manière dont nous le faisons, c’est-à-dire au casque. Il n’y a pas besoin d’une atmosphère de fête. C’est plutôt quelque chose que tu écoutes en solitaire. Nos chansons sont intimes et quand on les joue sur scène, c’est une sensation étrange." Je ne peux qu'acquiescer. Tant pis, la foule, elle, a apprécié.


En attendant The Flaming Lips (photo) et l'installation de son show, Josh T. Pearson, qui n'a pas décollé du festival, est juché sur la colline aux moutons. Eclairé par un spot, guitare en mains. Sa voix d'ange barbu tente une percée dans la nuit. Malheureusement, les bruits de la mise en scène des Flaming Lips perturbent trop ce possible instant de grâce. De plus, pressés de prendre les bonnes places, les spectateurs semblent avides d'avoir les lèvres en feu... La scène est toute orange : décor, amplis, pieds de micro et instruments compris. Un écran vidéo en arc de cercle est dans son fond avec les images psychédéliques d'une femme nue. Zoom sur son sexe d'où les musiciens sortent un à un. Wayne Coyne, lui, apparaît dans sa bulle désormais célèbre et surfe avec elle sur le public. Le show est lancé, les confettis, les ballons sont envoyés par des danseurs habillés en tenue de la DDE sur les deux côtés de la scène. Ce barnum est certes joyeux mais on attend toujours que Wayne Coyne chante. Il a la mégalomanie de vouloir qu'on l'applaudisse avant tout. Les musiciens, eux, assurent vraiment lors de l'introduction mais cette atmosphère surfaite ne réjouit que ceux qui veulent faire la fête avant d'écouter de la musique. Noyé par son message psychédélique de "Do You Realize ?" : "le monde est laid, à nous de l’enjoliver en commençant par ne jamais oublier de profiter de ses rares beautés." Je veux bien mais il y a très longtemps que les confettis et les ballons ne me font plus d'effets. Et comme j'attends toujours une vraie chanson après 30 minutes de show, alors que Wayne Coyne est ridiculement monté sur les épaules d'un ours humain en peluche, je perds patience et me dirige vers la sortie. Je ne suis visiblement pas le seul à agir ainsi.

Reste que ce vingtième anniversaire de La Route du Rock a bel et bien été fêté, avec ou sans The Flaming Lips. Avec 20 000 spectateurs sur les trois jours, soit 5 000 de plus que l'année dernière, François Floret, le directeur du festival ne cache pas sa satisfaction : "je suis content de la fréquentation. Malgré la pluie et la gadoue, samedi, les festivaliers sont venus apprécier la musique que nous proposions." Il faut ajouter que Massive Attack en a attiré plus de la moitié en étant le seul groupe à faire l'unanimité. Mais La Route du Rock c'est aussi et surtout la découverte ou la confirmation de groupes très différents scéniquement et musicalement. Il suffit juste de reconnaître ce que l'on aime vraiment pour vite oublier ceux qui nous ont déplu, au moins sur l'instant. En attendant, la vingt-et-unième édition nous fera sûrement vivre d'autres grands moments.
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