Rock en Seine 2015
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Introduction
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- Vendredi 28 août vu par Matthew : Poissons-chats, hautes lumières et jours oubliés
- Samedi 29 août vu par Matthew : Mentions, ennui(s) et ratures libertaires
- Dimanche 30 août vu par Matthew : Rock qui tâche, verres de trop et West Coast
- Et maintenant ?
- Samedi 29 août vu par Raphaëlle
- Dimanche 30 août vu par Raphaëlle
Vendredi 28 août vu par Matthew : Poissons-chats, hautes lumières et jours oubliés
La guerre arrive
La pluie ne tombe plus sur le domaine National de Saint-Cloud, mais une épaisse couche de boue s’étend sur l’intégralité du site. Sans bottes, on assiste dans un premier temps au show de Kate Tempest et de son superbe flow sur la scène de la Pression Live. L’anglaise délivre une prestation à la fois maitrisée et fougueuse, naviguant parfaitement entre hip-hop et slam, haranguant une foule encore clairsemée et balançant son imposante chevelure bouclée de droite à gauche et de bas en haut. Si certains aspects méritent d’être recalibrés, nul doute que Katie a de beaux jours devant elle.
Pour cause d’interview, nous n’assisterons pas à l’intégralité du concert donné par la nouvelle coqueluche de la presse spécialisée Jeanne Added, et ce à notre plus grand regret. Auréolée du succès de son premier album Be Sensationnal, la rémoise de naissance nous offre un excellent set maitrisé de bout en bout et impeccablement rôdé, où les titres électro-pop énergiques ("A War Is Coming") s’allient parfaitement avec les douces et mélancoliques compositions ("Look At Them"). Tantôt sautillante de partout, tantôt gracieuse, Jeanne Added n’en oublie pas son instrument principal : sa voix. Un timbre envoûtant et puissant, délicat et bouleversant, qui a laissé l’assistance sur le carreau. Elle est où, Jeanne ? Dans les cieux.
Du flamenco et de la fougue
Les différentes sollicitations extérieures aux concerts nous feront louper coup sur coup Benjamin Clementine et John Butler Trio. Pour épancher notre soif, on se rassasie avec Rodrigo&Gabriela, le duo qui réconcilie guitare acoustique, prestation électrique, folk et flamenco. Virtuoses et à l’aise, concentrés et souriants, les mexicains impressionnent toujours par la dextérité et l’harmonie de leur jeu guitaristique. Cependant, on finit par se demander si la Grande Scène est l’endroit qui correspond le mieux à l’ambiance hispanique qui résonne à Saint-Cloud en cette fin d’après-midi. Les quelques enfants qui rejoindront le duo dans une impressionnante chorale pour quelques titres n’y changeront rien : le chaleur du flamenco nous a laissé froid.
Nous abandonnons les écossais de Franz Ferdinand et leur projet un peu ennuyeux avec Sparks pour retrouver la Pression Live et assister au show d’autres britanniques, basés eux en Irlande du Nord : Catfish & The Bottlemen. Encore peu connu en France, le groupe a littéralement roulé sur le pays de sa Majesté, si bien que beaucoup de nos compatriotes composent la foule venue écouter Ryan Van McCann et ses et leurs fougueux hymnes pop-rock, à mi chemin entre les Strokes et les Mystery Jets. Sur scène, le quatuor ne se ménage pas : ça crie, ça saute, ça harangue le public (qui le lui rend bien), et on se prend une véritable déferlante dans la tronche. Quel dommage que le son balbutiant n’ait pas rendu hommage à cette dantesque prestation, rappelant une fois de plus que peu de progrès ont été réalisés sur ce domaine du côté de la Pression Live. McCann s’égosille un peu dans le vide, on entend bien trop la deuxième guitare, et on peine à distinguer une cohésion sonore dans ce gloubi-boulga de décibels. Qu’importe, l’assistance, ivre de bonheur, n’en finit plus d’hurler. Pauvres oreilles.
Skate et nostalgie
Retour sur la Grande Scène où le groupe qui s’y produit nous ramène à nos 15 ans, cette époque bénie ou maudite pour tout adolescent qui se respecte. On se remémore nos soirées devant American Pie, notre planche de skate usée par nos ollies ratés et nos premières grosses chaussures devant The Offspring, première grosse tête d’affiche du festival et groupe culte de la scène punk-rock des années 90. Si ses membres ont pris de l’âge en plus du poids, les chansons aux mélodies reconnaissables entre mille demeurent toujours aussi efficaces, entre tubes immédiats repris par toute l’assistance et nouvelles compositions, qui resteront toutefois dans l’ombre de leurs ainés. Visibement heureux d’être là, le groupe offre une prestation sans ratures, calibrée et de qualité, quoique manquant un peu de fantaisie. The "kids" aren’t alright, at least.
Autre ambiance pour Fauve sur la scène de la Cascade : les festivaliers ont bel et bien 15 ans et le groupe n’a pas abusé d’une nourriture non équilibrée. En revanche, par rapport à l’édition 2013, tout a doublé voir triplé pour Fauve, si bien que les 5 garçons semblent pressés d’en finir avec l’énorme tournée qui a accompagné la sortie de Vieux Frères, Partie 2. La chaleur du public, reprenant en chœur les hymnes du groupe ("Infirmière", "Nuits Fauves" et "Les Hautes Lumières" entre autre) et l’atmosphère de pleine lune redonneront du poil de la bête au groupe, qui n’en finira plus de nous remercier chaleureusement après chaque titre. Les lumières, imposantes, subliment les hurlements aériens des guitares, les sont planants et l’égosillement du chanteur, matraquant ses paroles aussi tranchantes qu’une lame de rasoir. Un parfum de nostalgie flotte dans l’air : les mains se joignent, les regards s’embrument et l’on ressent la même chose après chaque concert de Fauve : l’impression d’avoir prit un buldozer dans la tronche. Ou plutôt une comète.
L'Empire anglais
Pas le temps de souffler et de se remettre de nos émotions car les lads de Kasabian ne sont pas venus pour plaisanter. Devenu un véritable mastodonte de la scène rock international, le groupe sort d’une tournée marathon mais assure le show plus que professionnellement, enchainant les tubes, de "Shoot The Runner" à "Days Are Forgotten" en passant même par une reprise des Doors. Les guitares hurlent, la batterie cogne, et la foule ne cesse d’en redemander, faisant briller un Serge Pizzorno qui n’en demandait pas tant. Une prestation aboutie de bout en bout, qui nous fait totalement oublier le set de Mr.Oizo de l’autre côté du domaine, tant L’Empire de Kasabian est bien trop imposant.