69 Chambers
War On The Inside
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1- The Day Of The Locust / 2- Bloodaxe / 3- Thinking About You / 4- On The Inside / 5- Ex Nihilo / 6- Final Memento / 7- Judas Goat / 8- The Collapse Of Time And Space / 9- Wind Feeds Fire / 10- Dead Letter Office / 11- Final Memento / 12- Automatic Automata / 13- A Ruse
Prenez Gwen Stefani, flanquez-lui une Fender Stratocaster bien lourde entre les paluches et faites la chanter en riffant tantôt à la Mötley Crüe, tantôt à la Deftones. Vous aurez alors une idée à peu près exacte de ce que peut donner 69 Chambers : une belle voix féminine, puissante, mélodieuse et nuancée, qui entonne des airs pop sur des riffs de heavy metal. Pas du metal de fillette à la Evanescence, non, du vrai metal qui saigne, avec sa grosse caisse bien musclée et ses frappes de médiators comme autant de coups de burins sur une pierre de taille.
Un paradoxe semblant de prime abord assez lourd à porter, mais finalement plutôt bien assumé par un trio suisse à prédominance féminine déjà bien ancré dans le milieu metal local. Les donzelles sont tellement peu répandues dans la place qu'on croit presque à une blague aux premières minutes d'écoute de l'album, mais non. Ce War On the Inside, loin d'être une fumisterie à vague pensée commerciale, se révèle comme une belle collection de mid-tempos guerriers et de power balades brumeuses, transportés par une Nina Treml glaçante de maîtrise harmonique. Elle non plus n'est pas là pour plaisanter. La preuve ? Elle n'hésite pas à pousser le vice jusqu'à entonner l'oppressant "Judas Goat" en s'essayant aux grunts du death metal, véridique ! Mais le reste du temps, sa voix porte loin et fort, tout en se trouvant rehaussée par des secondes voix bien troussées et mélodiques à souhait.
Rien à dire, l'ensemble tient plutôt bien la route, même si l'originalité ne réside que dans ce curieux assemblage de sucre et de cyanure. Pour le reste, la structure instrumentale des titres reste immuable, et le schéma de "The Day Of The Locust" se répète presque sans exception tout au long de l'album sur les morceaux heavy : intro faite de riffs burnés (euh non... enfin on se comprend), rythme hâché sur les couplets, puis nappes pop alanguies sur les refrains. Dommage, un peu plus de variété n'aurait pas été de refus. Malgré tout, certains morceaux valent le déplacement, comme le duo "Bloodaxe" - "Thinking About You" qui boostent le début du disque avec leurs murs de guitare massifs renforçant le chant terrien de Nina, ou encore le riff mégalithique de "Return Of The Repressed" (le meilleur morceau). Plus loin, "The Collapse Of Time And Earth" rappelle un peu Melissa Auf Der Maur dans ses ambiances étranges et inquiétantes, tandis que le semi-acoustique "Wind Feeds Fire" relâche un peu la pression et que "Dead Letter Office" rajoute une petite dose de power pop à l'ensemble. Les trois derniers morceaux sont malheureusement plus oubliables, y compris la ballade pop "A Ruse" qui s'englue très vite dans le caramel.
Beau coup d'essai, néanmoins, pour 69 Chambers. Preuve que les femmes ont sans aucun doute leur mot à dire en matière de metal. A leur façon, bien sûr. Un beau pied de nez pour un courant ultra-machiste qui se croit indéfiniment à l'abri des effluves d'oestrogènes. Rien que pour cette nique faite à la communauté des chevelus branleurs de manche, ce War On The Inside mérite un petit détour.