Accept
Too Mean To Die
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Peu de groupes peuvent se targuer d'avoir connu une seconde partie de carrière aussi tonitruante qu'Accept. Cette renaissance est survenue il y a 11 ans désormais, lorsque paraissait l'inoubliable Blood of the Nations, qui permit à la formation teutonne de se replacer sur le devant de la scène. S'enchaînent alors les albums avec une certaine régularité. 4 ans se sont donc écoulés depuis The Rise of Chaos, qui, sans être mauvais, loin de là, n'était pas du même niveau que ses prédécesseurs. D'importants changements sont survenus récemment : tout d'abord, le départ fracassant en 2018 de leur emblématique bassiste, Peter Baltes, qui était jusqu'à présent l'un des deux derniers "survivants" de la formation originelle (il était en poste depuis 1976 !). Ce départ inopiné a retardé la sortie leur album, le temps que Peter Baltes soit remplacé par un certain Martin Motnik tandis qu'un troisième guitariste a été recruté en la personne de Philip Shouse. C'est donc autour d'une formation assez remaniée (comprenant six membres) qu'Accept s'attèle à la composition de son seizième album, intitulé Too Mean to Die, dont la pochette, mettant en scène un serpent-cyborg géant, n'est pas sans rappeler celle de Fright Night (Stratovarius) ou plus encore celle de Mean Streak (Y&T) avec un visuel plus moderne.
A l’écoute des premiers singlesextrêmement intéressants ("Zombie Apocalypse", "TooMean to Die" et "The Undertaker"), ce nouvel opus, très prometteur, était attendu avec une impatience toute particulière.
Accept reste fidèle à son identité et ce nouvel album constitue la suite logique des productions de l'ère Tornillo en renouant avec des compositions plus heavyque ne l'étaient celles de The Rise of Chaos. Le titre d'ouverture, "Zombie Apocalypse" avec son intro lourde et pesante avant de basculer sur un riff plus véloce est un pur bijou forgé dans le même acier qu'un "Beat the Bastards" ou un "Stamped". Le titre éponyme - et son riff qui ressemble beaucoup à "Stand Up and Shout" de Dio - et "No Ones Master" vont également dans ce sens. Comment ne pas s'extasier devant ce hurlement enragé de Mark Tornillo et sa superbe voix éraillée qui annoncent l'ouverture des hostilités ? La venue de dernier n'est certainement pas étrangère au succès que connaît Accept depuis une décennie et confirme une nouvelle fois qu'il fait bien plus que remplacer Udo Dirkschneider.
Mention spéciale aussi à "The Undertaker", qui a fait l'objet d'un clip, un des (nombreux) temps forts de ce disque. Très mélancolique et calme, notamment sur l'intro, sa structure et son développement sont à rapprocher d'une autre pépite du groupe, "Shadow Soldiers" (Stalingrad). On retrouve ces chœurs très graves et virils si caractéristiques de nombre de refrains d'Accept, également présent sur "How Do WeSleep" ou "Symphony of Pain". Le solo aux sonorités très classique nous rappelle à quel point Wolf Hoffmann est un guitariste talentueux, très inspiré par les compositeurs classiques auxquels il s'amuse à rendre hommage dans ses compositions. C'est ainsi qu'il nous avait gratifié d'une Marche slave et de la Lettre à Elise dans "Metal Heart" ou, pour citer un exemple plus récent, "Au Matin" d'Edvard Grieg sur "Final Journey" (Blind Rage). TooMean to Die n'échappe pas à cette tendance : ainsi, l'auditeur averti se délectera d'un clin d'oeil à Beethoven (5e Symphonie) sur "Symphony of Pain", très fugace certes mais très plaisant ou encore sur l'instrumental aux sonorités orientalisantes qui nous transportent au pays de Samson et Delilah, avec des détours par la Symphonie du Nouveau Monde d'Anton Dvorak, qui est, par ailleurs, une pièce très appréciée dans les groupes de metal et a fait l'objet de nombreuses reprises et réarrangements (Blind Guardian avec "By the Gates of Moria" ou Rhapsody of Fire dans "Wizzard'sLast'sRhymes"). De plus, la présence d'un troisième guitariste apporte plus de profondeur aux morceaux et nous régalent sur ces mélodies virevoltantes et harmonisées ("Symphony of Pain", "How Do WeSleep", "Not MyProblem").
Outre les titres bien heavycités précédemment, mentionnons la présence de compositions plus hard rock très "acceptien" dans la forme, à l'image d'un "Overnight Sensation" qui aurait très bien pu figurer sur un Metal Heart ou Breaker.
"The Best Is Yet to Come" est l'un des rares moments d'apaisement, un power ballade très agréable, tout en finesse et en musicalité. Les arpèges du couplet renvoient à la magnifique outro de "The Galley" (Blind Rage). Le chant de Tornillo est beaucoup plus nuancé, et montre qu'il a plus d'une corde (vocale) à son arc !
Accept réussit un véritable tour de force et retrouve les chemins de l'excellence, avec un album nettement plus abouti que Blind Rage et plus encore, que The Rise of Chaos.