Top10 – Hors-série #22 - Vive le Vent

Comment naissent les chroniques ?

- Monsieur Dan a l’air bien pensif…

Installé à ma table préférée table du "Rock Restaurant" au 18ème des vingt étages que compte l’immeuble AlbumRock, j’observe Elmore avec surprise. Il est rare que notre majordome adresse la parole aux rédacteurs. Il "décloche" mon bœuf Wellington d’un geste précis.

- Je cherche l’inspiration, Elmore. Il me faudrait un thème.

- Monsieur Dan sait que la plus haute rédaction interdit au personnel d’influencer les rédacteurs.

- Certes, Elmore...

- Mais, à titre éminemment subsidiaire, Monsieur Dan pourrait penser à l’automne qui approche...

- ???

- Qu’est-ce qui souffle en automne, Monsieur Dan ?

- Le vent, bien sûr ! Le vent !

- Je n’ai rien dit à Monsieur Dan !

- Évidemment, Elmore. Évidemment.

- Excellent appétit, Monsieur Dan !

- Merci et bon vent, Elmore !

Esprit Saint

Le vent au sens biblique du terme symbolise l’Esprit Saint. Au sens rock, il adopte une kyrielle de fonctions et de sens selon l’inspiration (et le talent) du littérateur de service.

La sélection du Top10 est, comme de coutume, épicée d’une sérieuse dose de mauvaise foi. Tout le monde sait que les deux meilleurs titres sur le sujet sont "Ride Like The Wind" (1980) de Christopher Cross et l’absolument adorable "Dust On the Wind" (2025) de The Velvet Sundown. Mais Elmore m’a confié ne pas aimer Christopher Cross (dont acte) et The Velvet Sundown n’existe (hélas) que par la disgrâce (actuelle) de l’IA.

10.- "Riding On the Wind" – Judas Priest (1982) – Il fallait un groupe de heavy metal du meilleur cru pour chevaucher le vent et filer à des millions de miles à l’heure (sic) dans un rugissement de tonnerre surgi de l’Enfer qui tue le bouclier du dragon de sa race.

Échelle de Beaufort : 2 – Inutile de souffler ! Il est impossible de décoiffer Rob Halford...

9.- "Wind Chimes" – The Beach Boys (xxxx) – Il faut avoir fumé beaucoup de champignons lyophilisés pour composer une cornichonnerie hallucinée de cet acabit à la gloire des petits carillons suspendus qui tintinnabulent au gré du vent.

Échelle de Beaufort : 0 – calme plat. La fumée de cigarette qui fait rire est trop épaisse pour mesurer la vitesse du vent.

8.- "Let the Four Winds Blow" – Fats Domino (1955) – Les quatre vents peuvent bien souffler de concert (phénomène peu documenté) ! Rien n’empêchera Antoine d’aimer sa Rosemary. Leur mariage tiendra plus de cinquante années, émaillées de huit enfants, de beuveries quotidiennes et d’une multitude d’aventures d’un soir.  

Échelle de Beaufort : 4 – Un peu trop gnagnan pour mériter un statut tempétueux.

7.- "The Wind Cries Mary" – The Jimi Hendrix Experience (1967) – Quelques vers bibliques, inspirés par le vent au grand Jimi à la suite d’une dispute féroce avec sa petite amie au sujet de sa façon de cuisiner la purée.

Échelle de Beaufort : 0 – Tous les marins savent qu’il n’y a jamais de vent là où il y a  purée de pois.

6.- "Master Of The Wind" – Manowar (1992) –  Seuls les quatre vents connaissent l’identité du héros qui brisera toute résistance et fera plier ses adversaires pour devenir leur seul Maître. Un titre monumental des Vrais Guerriers du Métal Ultime. Et on ne rigole pas !

Échelle de Beaufort : 12 – L’échelle de Beaufort ne compte que douze degrés parce que le treizième, c’est déjà l’échelle de Manowar.

5.- "Winds Of Change" – Scorpions (1990) – Le vent peut également substituer les services postaux pour diffuser des messages porteurs d’un grand espoir naïf. L’espoir ici d’un monde meilleur et réconcilié. Quelques années plus tard, le temps, plus sournois, a remplacé le murmure aimable des balalaïkas par le rugissement des missiles tactiques.

Échelle de Beaufort : 3 – Un vent de fraternité a bien soufflé un peu mais l’indicible imbécillité de la violence humaine a rapidement repris le dessus. Pffffut.

4.- "Blowin’ In the Wind" – Bob Dylan (1963) – Et voici le vent qui se fait philosophe pour répondre, avec une pointe d’accent enrhumé, à toutes nos questions existentielles. Le vent sait tout. Le vent murmure tout. Vive le vent.

Échelle de Beaufort : 9 – Il faut déjà un bon vent debout pour transporter toutes les angoisses existentielles de l’humanité.

3.- "Dust In the Wind" – Kansas (1977) – En parfait chrétien militant, Kerry Livgren, aussi fataliste que sincèrement dévot,  entend nous rappeler que nous ne sommes rien, sinon quelques poussières véhiculées selon le bon gré du vent.

Echelle de Beaufort : 2 – Il n’est pas besoin de grand-chose pour faire voler les poussières misérables que nous sommes.

2.- "Against The Wind" – Bob Seger And The Silver Bullet Band (1980) – Sous la plume de Robert Clarke Seger, le vent se fait métaphorique lorsqu’il incarne toutes les difficultés qu’un être humain doit surmonter sans cesse au gré des différents âges de son existence.

Échelle de Beaufort : 11 – Le souffle a été tel que Bob a détrôné The Wall de Pink Floyd dans les charts de son temps. Pas banal.

1.- "Wild Is The Wind" – David Bowie (1976) – Créée par Johnny Mathis, sublimée par Nina Simone puis habillée d’une merveilleuse crédibilité rock par David Bowie, cette chanson est d’un beauté surréelle. Je serais le vent que ce serait ma préférée de toutes.

Beaufort 12 – Et, soudain, le vent se fait si subtilement sauvage que même Rob Halford s’en trouve décoiffé...