Alice Cooper
From the Inside
Produit par David Foster
1- From The Inside / 2- Wish I Were Born in Beverly Hills / 3- The Quiet Room / 4- Nurse Rozetta / 5- Millie and Billie / 6- Serious / 7- How You Gonna See Me Now / 8- For Veronica's Sake / 9- Jackknife Johnny / 10- Inmates (We're All Crazy)
Je ne suis pas du genre à apprécier la petite histoire ou l’anecdote à propos d’un artiste ou d’un groupe, notamment quand elle touche à l’histoire personnelle au point d’en devenir sordide. Néanmoins, quand elle explique à ce point un parcours et qu’elle enrobe un album, il est impossible de la négliger.
En plus d’avoir une activité artistique schizophrène avec le diabolique Alice Cooper, Vincent Furnier est travaillé par un démon bien plus redoutable, l’alcool. A côté de la plaque lors de l’enregistrement et la composition de Lace and Whiskey, il en était au point où sa carrière pouvait être remise en cause si bien qu’il dut se rendre dans un institut spécialisé pour se soigner. Il y mène une étude anthropologique en bon Foucault du rock et ce sera le sujet de son nouvel album, From the Inside. Une triste parenthèse de sobriété puisque la cocaïne prit rapidement le relais, et l’alcool coulera de nouveau à flot l’entraînant au plus proche des rives du Styx, preuve de la place des addictions dans sa carrière, mais c’est une histoire à suivre.
En attendant, séparé de Bob Ezrin mais pas de ses fidèles partenaires, il s’entoure également de musiciens aguerris ayant accompagné Elton John (?!), mais également certains issus de Cheap Trick et de Toto. Si, à ce niveau, vous envisagez déjà le programme FM de l’album, vos a priori vont hélas s’actualiser … Il est étonnant que cet opus soit particulièrement apprécié par les amateurs de Cooper tant il dégouline de guimauve FM. Certes, son côté introspectif, son concept bien développé et très personnel, expliquent cet attachement : d’ailleurs, au-delà de la référence explicite à Vol au-dessus d’un nid de coucou à travers une photographie, la pochette est plutôt bien pensée entre un asile fermé et une fenêtre ouverte sur l’individu. Mais tout de même ... Surtout que musicalement (entendre au-delà des paroles), seul "Inmates (We’re All Crazy)" incarne véritablement le sujet …
Du reste, que dire … Prenons "Nurse Rozetta", qui devint un classique grâce à un jeu de scène un peu discutable : de la basse slappée aux claviers, au petit effet sur les arpèges, tout converge vers les années 1980 à grand pas, et pas les plus brillantes. Et, à la limite, on peut y trouver un petit intérêt, rien à voir avec les ballades tristement et dérisoirement fades et ridicules comme "The Quiet Room" (écoutez ces chœurs), "Millie and Billie" (duo féminin de choix …), "How You Gonna See Me Now", "Jacknife Johnny" … Une véritable soupe au marshmallow, franchement, et sur la moitié de l’album !
On relève un peu la tête pour du Cooper classique, très ricain et rock’n’roll sans grande inventivité ("Wish I Was Born in Beverly Hills"), du rock heavy pour stade où le mauvais goût est de mise ("Serious" - quoique le riff soit plutôt bien pensé par moment – "For Veronica’s Sake", et les débuts totoïsant de "From the Inside"). Ce ne sont pas quelques plans de guitare intéressants, si l’on prend vraiment le temps de s’y arrêter, qui sauveront quoi que ce soit. Son entourage a visiblement déteint sur lui, faisant de l'album une mauvaise blague de Toto.
Je cherche vraiment ce que From the Inside a de mieux que Lace and Whiskey : si ce dernier était un peu terne, quelques titres valaient le détour et l’ensemble n’était donc pas globalement honteux. Ici, entre les titres rock totalement FM et sans âme, et le rosaire de ballades sirupeuses ou/et lassantes dès la première note, on ne demande qu’à sortir, vite, avant de se frapper la tête contre les murs. C’est bien Cooper pourtant, je ne suis pas fou ?
A écouter : "Nurse Rozetta", "Serious"