Alice Cooper
Zipper Catches Skin
Produit par Erik Scott Alice Cooper
1- Zorro's Ascent / 2- Make That Money (Scrooge's Song) / 3- I Am the Future / 4- No Baloney Homosapiens / 5- Adaptable (Anything for You) / 6- I Like Girls / 7- Remarkably Insincere / 8- Tag, You're It / 9- I Better Be Good / 10- I'm Alive (That Was the Day My Dead Pet Returned to Save My Life)
Au début des années 1980, Alice Cooper demeure méconnaissable physiquement (en témoigne son look de dandy à l’intérieur de l’album, bien loin de ses maquillages gothiques) et musicalement, notamment au sein d’une trilogie oubliée par son auteur même, peut-être un reniement déguisé en amnésie quoique son état puisse suggérer un aveu honnête (l’artiste est plongé dans les drogues). Dans tous les cas, il s’agit d’une période aux albums assez négligeables, mais parfois jugés un peu trop hâtivement. Certes, on est loin d’être face à des chefs-d’œuvre, la réhabilitation a ses limites, toutefois, il semble qu’on puisse ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, notamment pour Zipper Catches Skin (bon, on passera sur la gauloiserie suggérée du titre, c’est le plus douloureux).
Cet album a un mérite : Alice Cooper y abandonne presque ses penchants 1980’s assez ridicules avec des synthés poisseux et infâmes. Même le titre un peu kitsch "I Am the Future", composé pour la bande-son de Class 1984 (décidemment, la question scolaire colle à la peau de Cooper), n’est pas complétement honteux.
Finalement, on a ici un disque qui navigue entre un rock classique mais direct et un hard-rock mélodique, non sans mauvaises idées. Les touches hispanisantes du chorus (très sympathique) et son fond dansant sud-américain fournit une bonne ambiance à "Zorro’s Ascent", à moins d’enlever les chœurs féminins qui ouvrent les refrains (une faute de goût). La première face aligne des titres de hard-rock franchement honnêtes comme "Make That Money (Scrooge’s Song)" qui peut rappeler Wishbone Ash par ses mélodies guitaristiques, ou encore "No Baloney Homosapiens" qui tente des contrastes entre moments plus calmes et d’autres plus saturés, dans une perspective de faire bouger les stades avec ses mélodies accrocheuses et son rythme très cadencé. On remarque même un titre assez moderne au niveau du jeu de guitare : "I’m Alive". Par ailleurs, Alice Cooper semble, malgré ses addictions qui limitent son investissement, incarner le chant en développant ses nombreuses facettes, ce qui est plutôt positif.
Pour le reste, la deuxième face est visiblement moins inspirée, entre du rock’n’roll classique ("I Like Girls"), du rock direct ("Remarkably Insincere", presque punk sur "I Better Be Good"), et du hard-rock peu inventif ("Tag You’re It"). De toute façon, l’album est très court (à peine plus d’une demi-heure), preuve peut-être d’une inspiration trop légère pour produire un opus plus long et inspiré. Mais même ici, il tombe certes dans l’anecdotique mais rarement dans le carrément mauvais, ce qu’il avait hélas pu faire autrefois – et par la suite. Ainsi, Zipper Catches Skin s’empile dans la discographie des albums oubliables parce que n’allant que trop rarement au-delà du sympathique : de toute façon, il s’agit d’une catastrophe promotionnelle pour Cooper qui empile les invendus et ne fit aucune tournée.
A écouter : "Make That Money (Scrooge’s Song)", "No Baloney Homosapiens"