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Critique d'album

Alice in Chains


Black Gives Way to Blue


(25/09/2009 - Virgin - Grunge - Genre : Rock)
Produit par Nick Raskulinecz, Alice in Chains

1- All Secrets Known / 2- Check My Brain / 3- Last of My Kind / 4- Your Decision / 5- A Looking in View / 6- When the Sun Rose Again / 7- Acid Bubble / 8- Lesson Learned / 9- Take Her Out / 10- Private Hell / 11- Black Gives Way to Blue
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Tel le phénix, Alice In Chains renaît de ses cendres."
Geoffroy, le 06/04/2010
( mots)

"Hope, a new beginning. Time, time to start living, like just before we died. There's no coming back, to the place we started from…" Les mots qui ouvrent cet album ne pourraient avoir plus de sens. D’une profondeur révélatrice, de celles qui ressortent des combats les plus âpres, des épreuves les plus éreintantes, ils se révèlent avec une puissante résonnance, témoin d’une volonté sans faille. Une volonté mise à mal par un passé à la fois extraordinaire et douloureux dont il fallait faire le deuil pour avancer.

Avec le temps, les vieux débats insensés ont pris fin. Il est ridicule de continuer à comparer Layne Staley et Kurt Cobain. Chercher à savoir qui de l’un ou l’autre fut le meilleur s’avère pitoyable quand tout ce qu’il nous reste, c’est cet héritage d’une dizaine d’albums où, mis à part un grain de voix quelque peu similaire, ils partagent avant tout un don incroyable pour transmettre leurs émotions à travers une tendance à l’autodestruction qui fut dévastatrice. Et la dernière chose qui peut ressortir à l’écoute de ce nouvel album, c’est un pathos misérable qui se défend avec pour seul argument le fait que Alice In Chains sans Layne Staley ne rime à rien.

Facile d’admettre que l’on pouvait avoir des doutes avec cette mode de reformer les groupes qui ont marqué les générations précédentes, soit pour raviver une gloire passée et décrépie, soit pour une histoire de fric, soit par frustration face à la mort d’un lead singer. Mais Jerry Cantrell a su se faire discret, profitant d’un concert de charité pour essayer d’apporter une nouvelle entité à la créature bicéphale. Entre Maynard James Keenan, Phil Anselmo ou encore Pat Lachman, rien ne fonctionnait réellement. Puis en 2006 s’annonce une série de concerts avec William Duvall, outsider inconnu venu d’un certain Comes With The Fall. Miracle. Là où Layne Staley fascinait par sa noirceur, Duvall est lumineux, gracieux, ne sombre jamais dans la caricature et enlace sa voix autour de celle de Jerry Cantrell sur les morceaux légendaires d’un groupe qui aurait pu suivre le même chemin que son charismatique chanteur. Le nouveau binôme vocal est né et treize années après cet Unplugged sensible à fleur de peau, le monstre sort finalement du coma.
   

Les notes aériennes de "All Secrets Known" placent d’emblée l’auditeur en état d’apesanteur, émerveillé par un mysticisme et un positivisme visibles derrière un brouillard d’éther saturé. Les envolées de Jerry Cantrell respirent une volonté de vivre, un sentiment de renaissance que nul n’aurait cru imaginable. Alors on se surprend à croire, à se laisser porter par une émotion fantastique le long de cette montée transcendante et vaporeuse, assailli par les harmonies et envahi par l’explosion d’une apothéose magique, signe de la vie qui se répand dans un cœur trop longtemps endormi.    

Ce qui suit ne laisse plus de place au doute et encore moins aux regrets. Le riff démentiel de "Check My Brain" propulse Alice In Chains au sommet de sa puissance, incisive et efficace, à l’aide d’un refrain catchy aux broderies vocales ravageuses. Jerry Cantrell retrouve ses marques dans des solos techniques, sobres et des lignes mélodiques torturées sous les rythmiques de plomb de Mike Inez et Sean Kinney. Ces derniers sont quelque peu mis en retrait mais défendent farouchement le son lourd et épais de la créature comme sur "Last Of My Kind ", seul titre où William Duvall ne se contente pas de contrechants mais expose son talent à la face de l’auditeur avec une rage palpable.   

Sans surprises, Cantrell a la main mise sur le groupe. Il signe tout les morceaux et s’accapare les lignes de chant, certainement par peur de gâcher ce qui fut si longtemps mûri pour prouver que Alice In Chains ne se contentera pas d’un léger come-back. Les musiciens retrouvent de vieux mécanismes, d’anciens repères et leur confèrent une teneur émotionnelle qui ne trouve plus refuge dans le désespoir, mais dans la mélancolie, le souvenir. Le thème de l’ami perdu se retrouve le long des pistes, comme si tout avait été écrit seulement pour lui, en témoignent "Your Decision" et "When The Sun Rose Again", superbes ballades lancinantes dans la lignée de Jar Of Lies qui encadrent un "Looking In View" long et sauvage dont les sonorités métalliques ramènent  à Facelift.

De même, l’atmosphère de Black Gives Way To Blue respecte en tous points l’identité sonore des œuvres passées, conférant aux cordes une ambiance glauque et glaciale. Même si cette atmosphère semble plus aérée et moins tortueuse, Alice In Chains excelle toujours dans les structures tordues comme le montre la schizophrénique "Acid Bubble", qui enserre et étouffe l’auditeur sous ses arpèges pesantes et ses harmonies sinueuses avant de balancer un riff dantesque et intense de contretemps, ses contrastes en faisant peut être le meilleur titre de l‘album. Arborant une construction et une accroche plus pop, "Lesson Learned" et "Take Her Out" s’avèrent moins prenants que leurs prédécesseurs malgré de bons moments, introduisant un "Private Hell" désabusé mais qui comme eux peine à décoller.    

Relevé par cet ultime moment de grâce, Black Gives Way To Blues s’achève sur son titre éponyme, courte ballade à la guitare céleste où Cantrell rend un dernier hommage émouvant à l’autre membre d‘Alice In Chains, hommage sur lequel Elton John vient ponctuer de ses quelques touches de bleu un tableau azuré et paisible, enfin. "Lay down, black gives way to blue. Lay down, I’ll remember you…" Le ciel est toujours couvert, mais le soleil ne se fait plus aussi rare. Moins malsain et désespéré que par le passé, Alice In Chains se fait séduisant et envoutant. Utilisant les vestiges d’une époque révolue, le groupe se construit une nouvelle ère et revêt une peau neuve. Si la confiance entre le trio et un William Duvall exemplaire continue de s’affermir et le propos de s‘éclaircir, alors il se pourrait que le combo de Seattle nous gratifie de futurs albums aussi magistraux que ceux des nineties.

Layne Staley sera toujours omniprésent dans la musique d’Alice In Chains. Son souvenir a permis a Cantrell, Inez et Kinney de rompre le silence et d’avancer. Aucun sauveur venu remplacer l‘irremplaçable ou renier l’histoire. Ils n’ont fait qu’accepter et offrir une seconde naissance à une œuvre qu’il n’a pu continuer de faire vivre et lui témoignent avec cet album le respect qu’il mérite. Black Gives Way To Blues est une lumière salvatrice, une pulsation et un souffle de vie insufflé à Alice In Chains et à ceux qui s’en sont imprégnés, attendant patiemment de revoir grandir le monstre. Plus qu’une réussite, un retour fracassant.

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