Alice in Chains

C'est le 10 Avril 1996 dans un théâtre à New York qu'Alice In Chains donne, en version acoustique, une ré-interprétation de quelques uns de leurs meilleurs morceaux. Le pari n'était pas gagné d'office, leur musique s'appuyant plutôt sur une texture de grosses guitares saturées bien crades et sur une ambiance sonore vraiment sombre. Pourtant, à l'instar du Unplugged de Nirvana, jamais leurs chansons n'avaient paru aussi émouvantes et justes. Car le groupe ne peut pas se cacher cette fois derrière des murs de sons approximatifs et des chants balbutiés qui arrivent tout juste à cacher les faiblesses physiques de Layne Staley. Et même si celui ci présente un visage blafard, témoin visuel de sa lutte contre la cocaïne, son interprétation ce jour là est parfaite, son chant unique. C'est beau, tristement beau, mélancolique mais toujours beau. Jerry Cantrell choisit quand à lui des guitares semi-acoustiques donnant au son du concert une tonalité plus clinquante que les autres concerts de ce type.

Piochant dans un premier temps dans leur album Jar Of Flies / Sap pour trois versions relativement fidèles aux originales de "Nutshell", "Brother" et "No Excuses", c'est un excellente mise en bouche, une belle invitation à connaître un peu mieux ce groupe fabuleux connu surtout grâce à ses deux disques multi-platinés Dirt et Alice In Chains, (indispensables tous les deux, ça va de soi). "Sludge Factory" révèle à lui seul la noirceur et le désespoir des paroles qui caractérisent Alice In Chains, surtout dans leur dernier album éponyme. L'album Dirt est mis à l'honneur avec trois morceaux sublimes de rancoeur et de meurtrissure ("Down In The Hole", "Angry Chair" et "Rooster", hit oblige).

"Got Me Wrong" a la lourde tache de réveiller un peu l'auditoire en proposant une rythmique plus dynamique et les deux chants Staley et Cantrell qui se complètent pendant les refrains. "Would ?" est le premier hit qui fît découvrir Alice In Chains et se trouve coincé dans une fin de show qui laisse la part belle au dernier album. Il y a donc ce superbe "Heaven Beside You" et son bend légendaire pendant le riff de départ, à l'ambiance moins suffocante que d'habitude, il y a la mélancolique "Frogs" qui connaît une renaissance grâce à cette sublime version acoustique et enfin "Over Now", titre prophétique car ce live acoustique sera le dernier enregistrement officiel du groupe avant la mort de Staley en 2002 à la suite d'une overdose et retrouvé mort quinze jours plus tard à son domicile. En terme d'ultime cadeau, Alice In Chains nous offre une inédite, "The Killer Is Me" pour clôturer de très belle façon ce merveilleux moment intime.

Frère jumeau du MTV Unplugged de Nirvana, cet album n'a pas à rougir de la comparaison. Même après une décennie, il y a toujours cette magie qui entoure chaque chanson, chaque note et chaque chant. Il est évident que la nouvelle formation avec William Duvall au chant aura du mal à faire oublier l'alchimie merveilleuse qui régnait entre les deux amis Staley/Cantrell. Ce Unplugged est pour toutes ces raisons indispensable, il pourrait même être la bande son idéale de l'Automne fraîchement arrivé.