Alquin
The Mountain Queen
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1- The Dance / 2- Soft-Eyed Woman / 3- Convicts Of The Air / 4- Mountain Queen / 5- Don And Dewey / 6- Mr. Barnum Jr.'s Magnificent And Fabulous City (Part One)
L’année 1973 est particulièrement importante pour la scène progressive néerlandaise. Focus, sa tête de pont, enregistre son quatrième et dernier grand album (Hamburger Concerto, qui sortira en 1974) alors que Kayak prend la relève en entrant dans les bacs avec See See the Sun. Figure historique de la Nederbeat, Golden Earring consolide son tournant progressif avec Moontan. C’est dans ce contexte qu’Alquin met au monde son deuxième opus, dans la droite lignée de son acte de naissance varié et réussi (Marks, 1972).
Ainsi, les étudiants de Delft sont de retour et creusent le sillon progressif en proposant de longues pièces qui frisent le quart d’heure, premier indice de l’académisme du combo. En ouverture, "The Dance" commence sur des orgues puissants comme chez ELP, le rythme chaloupé incarnant la dimension dansante du titre. Parfois Heavy-prog’ avec une guitare hurlante, parfois jazzy ou presque funk, le titre alterne ensuite des passages déchainés et d’autres beaucoup plus cotonneux. Le saxophone s’invite dès les premières mesures de "Mountain Queen", qui s’avère immédiatement plus jazzy, avec des lignes de chant plus pop qui donne au morceau une tonalité canterburyenne. Le déroulé souffre de quelques longueurs, dans un registre principalement jazz-rock, ou plus folk quand la flûte fait son apparition. Enfin, le très bon "Don and Dewey" introduit, grâce à son violon klezmer, "Mr. Barnum Jr.’s Magnificient and Fabulous City (Part One)", un écho au premier album où le jazz-rock demeure central, mêlé au music-hall, à la musique de film, au folk et au rock progressif rigoureux.
Du reste, les morceaux plus immédiats ne sont pas les moins pertinents. La guitare cristalline de "Soft-Eyed Woman" évoque Camel le temps d’un slow bluesy, et le plus aérien (jeu de mots oblige) "Convicts of the Air" est un très bon titre qui fait la part belle à la flûte devant un riff répétitif.
The Mountain Queen doit s’écouter comme la suite attendue de l’excellent Marks, en un peu point inventif néanmoins. On y trouve tout ce que l’on peut espérer d’un album de rock progressif sorti en 1973, ce qui révèle sa seule véritable limite : un manque d’originalité qui n’enlève rien au plaisir de la découverte, mais rend l’œuvre peu mémorable.
À écouter : "The Dance", "Convicts of the Air", "Don and Dewey"