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Critique d'album

Bill Ryder-Jones


West Kirby County Primary


(06/11/2015 - Domino - Crossover - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Bill Ryder-Jones

1- Tell Me You Don't Love Me Watching / 2- Two To Birkenhead / 3- Let's Get Away from Here / 4- Daniel / 5- Put It Down Before You Break It / 6- Catharine and Huskisson / 7- Wild Roses / 8- You Can't Hide a Light With the Dark / 9- Satellites / 10- Seabirds
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un troisième album à mi-chemin entre folk et rock, et une toute aussi belle réussite que les deux premiers."
Nicolas, le 07/12/2015
( mots)

On a parfois tendance à sous-estimer un artiste lorsqu’il quitte le nid et qu’il choisit de voler de ses propres ailes. Comme si une carrière solo ne pouvait conduire qu’à une moins-value par rapport à une collaboration, à un échange instrumental au sein d’un groupe. Sauf qu’il en est certains qui ne s’épanouissent qu’en solitaire, libres de leurs faits et gestes, de leurs choix et de leurs moyens d’expression. Bill Ryder-Jones, l’émérite ex-guitariste de The Coral, est de ceux-là.


S’avouant volontiers frustré voire malheureux lorsqu’il mettait ses talents au service de James Skelly et de ses associés, Ryder-Jones a longuement tergiversé avant de prendre congé de ses camarades de Hoylake. De prime abord, on ne donnait pas cher de sa peau, lui le frêle lad renfermé et agoraphobe, le fragile éphèbe tourmenté qui a dû lutter amèrement contre les démons de son esprit. Quelques essais de B.O. de courts métrages ont vu le jour dès 2009, sans vraiment marquer les esprits. Et puis le miracle If… s’est produit. Une vraie oeuvre, un concept orchestral osé, un songwriting magnifique, une totale réussite. Dès lors la carrière de Bill pouvait décoller sans urgence, le jeune anglais s’arc-boutant alors sur son enfance afin d’y puiser la source de ses textes et des émotions musicales qu’il compte partager avec le public. 2013 a vu paraître A Bad Wind Blows In My Heart, un essai folk très intimiste qui, bien qu’ayant fait moins de bruit, n’a pas dépareillé aux côtés de son grand frère. Aujourd’hui, Bill Ryder-Jones regoûte à une énergie électrique parcimonieusement distillée sans se départir d’une plume plus que jamais fine et sensible.


Le premier contact avec ce troisième album est assez déstabilisant, l’artwork représentant Bill à poil dans sa baignoire, un grand sourire aux lèvres. Il est un fait que comme son prédécesseur, West Kirby County Primary est un album intime, enregistré dans son salon puis dans sa chambre d’enfance chez sa mère avant que le boulot ne soit achevé aux studios de Parr Street à Liverpool. L’album puise sa matière dans les lointains souvenirs du petit Bill, le nom de l’album renvoyant directement à son école primaire. Les thèmes abordés vont du futile (balade au port de Mersy, tapage nocturne d’un voisin éméché) au tragique, comme le bouleversant “Daniel” qui évoque la mort de son frère du point de vue de ses parents. À l’écoute de ce disque, on ne peut s’empêcher de penser à un autre écorché vif, Christopher Owens qui, de l’autre côté de l’Atlantique, enchante nos oreilles avec son écriture sentimentale et délicate. Les deux hommes emploient les mêmes armes pour un résultat tout aussi consistant.


Sûr de son fait, Ryder-Jones ne cherche nullement l'esbroufe d’entrée de jeu, osant introduire WKCP par un court interlude semi-acoustique jouant, comme le laisse entrevoir l’artwork, sur le voyeurisme, mais ici un voyeurisme tendre, partagé et non subi, celui qui nous montre à l’être aimé tel que nous sommes vraiment. “Tell Me You Don’t Love Me Watching”, et il n’y a rien d’autre à ajouter. Cette retenue dans les munitions, le guitariste sait en user sans trop en abuser, et si les frêles “Two To Birkenhead” et “Let’s Get Away From Here” débutent dans la douceur, ils assurent bien vite leur caractère en allant titiller le garage poisseux et les larsens contenus. Un changement de ton qui n’empêche pas Bill de conserver envers et contre tout sa voix timide, écorchée vive, chuchotée, susurrée, feulée, parfois à peine audible. On frémit de cet organe si brut et si friable à la fois mais qui, lorsque le besoin s’en fait sentir, gagne en rondeur (“Wild Roses” en support d’une mélodie gracile) ou en tempérament (“Catharine and Huskisson”, seul morceau mettant bille en tête l’électricité taquine au centre des débats). La verve folk de Bill Ryder-Jones fait des merveilles dans son dépouillement (“Put It Down Before You Break It”, d’une indéniable grâce) où dès qu’elle se laisse aller à la contemplation triste (“Seabirds”, impeccable conclusion acoustique), mais l’anglais ne renonce jamais au rock, au vrai, identitaire de l’Angleterre ouvrière du nord (“You Can’t Hide a Light in the Dark”, à mi-chemin entre Sheffield et Liverpool) ou lâchant les chevaux et la colère en des torrents d’affres tourmentés (“Satellites”, lent, puissant et magnifique). C’est à l’écoute du dernier morceau que l’on ressent le plus la fibre rock de Ryder-Jones qui reste plus que jamais proche du milieu, on n’oubliera notamment pas qu’il a joué les seconds couteaux pour les Arctic Monkeys lors de leur tournée AM. Un renfort de poids dont Alex Turner aurait tort de se priver.


Il n’y a donc rien à dire sur ce troisième album de l’ex Coral, impeccable en tous points et recommandable à tous ceux que l’émotion à fleur de peau ne rebute pas. Bill Ryder-Jones reste ici, et plus que jamais, l’une des valeur forte du rock anglais. Vivement la suite.

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