Bloc Party
Hymns
Produit par Tim Bran, Roy Kerr
1- The Love Within / 2- Only He Can Heal Me / 3- So Real / 4- The Good News / 5- Fortress / 6- Different Drugs / 7- Into the Earth / 8- My True Name / 9- Virtue / 10- Exes / 11- Living Lux
Née au début des années 2000 dans l’Essex et en plein boom du rock indépendant avec l’émergence de leurs consorts The Strokes, Interpol, Franz Ferdinand and co… ; la troupe menée par l’emblématique chanteur Kele Okereke ne traina pas pour débarquer rapidement au premier plan de la scène internationale. En effet, 2005 fut marquée par Silent Alarm et ses mémorables tubes tels que "Helicopter", "Banquet" ou "Modern Love", trempés de la new wave des années 80, forgés d’une rythmique efficace et d’une guitare nerveuse à souhaits. La bande de potes se retrouva ainsi catapultée comme un grand espoir de l’indie.
Les années passèrent ; les 4 amis grandirent et firent évoluer leurs écritures en gagnant en maturité et expériences. Leur second essai, A Weekend In The City, fut certainement leur meilleure réalisation à ce jour. Grâce à une production aboutie et un style plus affirmé, le groupe gagna incontestablement en amplitude émotionnelle avec ce disque et ses chutes jamais publiées, l’excellent mais introuvable Another Weekend in the City.
Intimacy marqua une évolution dans la musique des britanniques avec l’intégration outrancière de sons électroniques. Le résultat n’en fut pas moins surprenant mais l’homogénéité était encore sauvegardée. Après quelques interludes solitaires du chanteur et du guitariste Russel Lissack, le temps nous amena en 2012 avec la parution de Four. Les musiciens s’orientèrent à nouveau vers un rock plus direct, aérien par moments, brutal par d’autres. La tournée qui suivit, souleva des tensions à l’image de l’album et de son manque de cohérence. Pas étonnant de voir le départ du batteur Matt Tong et du bassiste Gordon Moake à cette époque.
2016 semble donc être le nouveau départ d’une formation réduite de moitié, et qui s’est offerte les services de Justin Harris et Louise Bartle pour leur ligne rythmique. Leur dernier brulôt semble représenter un hymne à la cohésion perdue. Mais qu’en est-il réellement et vers quelle direction le nouveau Bloc Party s’oriente-t-il ?
Dévoilé depuis plusieurs semaines, "The Love Within" ouvre donc le nouvel bal. Sympathique aux premiers abords, ce single surprend par ses claviers et son allure hybride dance-pop. Le quatuor joue volontiers avec cet air sautillant au travers d’un clip réussi et qui finalement le met bien en valeur. Malgré une démonstration vocale de monsieur Kele sur "Only He Can Heal Me" et sur le dépouillé "Fortress" ; l’auditeur a du mal à trouver les repères habituels des anglais et à rentrer dans cette œuvre.
Et c’est justement là, le gros souci de ce disque qui n’est ni bon, ni mauvais, mais qui s’écoute simplement. Les titres s’enchaînent sans retenir l’attention. De temps en temps, on croit en une réminiscence du passé, comme avec "Different Drugs" ; mais l’enchainement hasardeux avec "Into The Earth", au demeurant plutôt joyeux et mélodieux, décontenance totalement et fait retomber la tension. Ce problème est notable et très surprenant de la part de musiciens de cette trempe.
Autre surprise, la part belle est offerte aux petits jeunes fraîchement débarqués avec une production axée sur la basse et la batterie, tandis que le jeu de Russel Lissacks est en net retrait. Le guitariste est à peine présent sur "So Real", "My True Name", "Exes" et "Virtue", l’une des meilleures pistes au passage. Cependant, ses quelques incursions ont tout perdu de leurs effets aériens et de l’agressivité de ses riffs d’antan. Finalement, la réelle expérimentation de l’album se résume en "The Good News", morceau sur lequel la guitare renvoie à une ambiance country.
De manière générale, l’aspect décousu des 11 chansons fait plutôt référence à de jeunes rockers, en pleine recherche de leur univers ; qu’à un poids lourd déjà affirmé.
Hymns est un disque écrit par un groupe en quête d’une nouvelle identité. Bien qu’il soit agréable à écouter ; la tiédeur globale et le manque de rythme de ces compositions empêcheront vraisemblablement le nouvel élan d’une formation avec laquelle nous avons grandi.