Bloc Party
Four
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1- So He Begins to Lie / 2- 3x3 / 3- Octopus / 4- Real Talk / 5- Kettling / 6- Day 4 / 7- Coliseum / 8- Valis (Other Me) / 9- Team A's / 10- Truth / 11- The Healing / 12- We Are Not Good People
On les a cru séparés, en brouille, on a suivi avec effarement les "révélations" de Kele Okereke l’année dernière quant à sa filature des trois autres larrons jusqu’à un studio d’enregistrement new-yorkais sans que le chanteur n’ait été convié aux festivités, puis on apprenait par "des sources proches du groupe" que le trio Lissack - Tong - Moakes souhaitait embaucher un nouveau chanteur tandis que l’album pop de Kele faisait grincer quelques dents. Tout ça pour en arriver à ce Four de la réconciliation... mais si les aspirations d’Okereke le poussent de plus en plus vers les dancefloors en solo, autant dire qu’il a certainement dû effectuer de grosses concessions pour accoucher de cet album avec son groupe.
Car oui, Four tranche souvent assez radicalement avec le style Bloc Party tel qu’on le connaissait jusqu’à présent. Alors qu’A Weekend In The City mais surtout Intimacy poussaient les quatre hommes vers de plus en plus d’électro, ce nouvel essai va à l’encontre de la tendance mainstream rock actuelle en revenant à un son très largement dominé par les guitares. Ça joue fort et avec enthousiasme, en témoigne un "So It Begins To Lie" introductif généreux en volume et en larsens. On en vient même à trouver des morceaux de bravoure inattendus, comme cette curieuse pièce débutant sur une matrice blues en slide qui vire à l’anarcho-punk vociférant ("Coliseum"). Ce choix de privilégier les forts décibels s’avère la plupart du temps convainquant ("We Are Not Good People", impeccable, ou encore "Kettling" avec son solo à la Weezer) même si on note parfois quelques relents influentiels un peu trop marqués ("3x3" et ses accointances musesques). Autre caractéristique de cet album : son éclectisme. Si Bloc Party ne tourne pas complètement le dos à ses origines ("V.A.L.I.S", "Team A" ou encore l’excellent single "Octopus" auraient pu prendre place sur Silent Alarm, même si l’énergie n’y est plus vraiment), on retrouve également des airs plus tranquilles ("Real Talk" et "The Healing", aux jolis arrangements vocaux) mais également des morceaux plus légers, dans tous les sens du terme, comme "Day Four" et ses airs de U2 des mauvais jours ou "Truth" et son côté Killers 80’s. Rien de dramatique, cependant.
Ce qu’on peut dire de Four, c’est qu’il s’agit d’un album bien troussé, agréable à l’oreille, varié mais pas incohérent, et on ne peut qu’y saluer un renouvellement bienvenu, surtout lorsqu’il se trouve comme ici dirigé vers un esprit un peu plus abrasif. De là à dire que ce quatrième album de Bloc Party restera dans les annales comme un incontournable du rock anglais, il n’y a qu’un pas qu’on ne franchira pas. Le cahier des charges est certes bien rempli, mais ça s’arrête là. Ce n’est déjà pas si mal, non ?