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Critique d'album

Blue Öyster Cult


Secret Treaties


(00/04/1974 - Columbia - Classic Hard Rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Mister and Messerschmitt"
François, le 25/10/2023
( mots)

Avec ses deux premiers albums, Blue Öyster Cult s’était affirmé en tant que groupe pionnier du hard-rock américain, à défaut d’avoir produit une œuvre vraiment remarquable, quand bien même Blue Öyster Cult (1971) et Tyranny and Mutation (1972) s’avèrent être très solides. Or, alors qu’ils doivent franchir l’étape fatidique du troisième album, les musiciens ésotériques newyorkais s’apprêtent à composer un ouvrage remarquable : Secret Treaties.


Provocatrice, la couverture présente un dessin du combo posant devant un Messerschmitt, avion allemand utilisé par la Luftwaffe à la fin de la guerre, sur lequel la croix renversée en forme de point d’interrogation (le symbole du groupe) remplace le svastika. Il en sera question sur le rock’n’roll énergique aux claviers boogie "ME 262" avec des bruits de bombardements (même si cet avion est avant tout un chasseur), des sirènes et des références explicites aux dignitaires du national-socialisme. Provocation toujours, quoique dans un autre registre, l’expression des ambivalences du discours révolutionnaire présente sur l’agressivement sexy "Dominance and Submission" nous invite à lire un double-sens (bdsm) : musicalement, le génie du groupe passe par le riff et le solo en guitares jumelles avant de culminer sur le pont en forme de dialogue à trois voix parfaitement rythmé entre les chœurs ("Dominance"), le chant ("Submission") et la voie robotique ("Radio Appears").


Plus mystique, narcotique aussi, le tube "Flaming Telepaths" est un des premiers actes révélant la complexification des compositions du groupe avec des aspérités légèrement progressives. Le titre est très raffiné, mais on soulignera particulièrement le solo de claviers aux sonorités synthétiques qui introduit un magnifique chorus de guitare semblant se finir sur le début de la Lettre à Élise. C’est sur Secret Treaties que se met en place le son particulier du groupe et l’on peut ainsi parler d’album de transition vers sa deuxième période, qui se poursuivra au début des années 1980 (et qui est nettement plus riche que leur première trilogie). Beaucoup plus progressif, "Astronomy" est la pièce phare de l’opus, si ce n’est la plus belle composition du groupe. Le piano jazzy installe une ambiance tamisée qui ne laisse pas entrevoir la longue montée en puissance plus tard magnifiée en live et captée sur Some Enchanted Evening (1978).


Blue Öyster Cult reste un groupe ésotérique. Il doit cette caractéristique à Sandy Pearlman, l’auteur derrière la plupart des paroles du groupe, ici assisté par Patti Smith, compagne du guitariste et claviériste Allen Lanier. Elle a pris la plume pour écrire "Career of Evil", titre qui fait la bascule entre un riff hard-rock marqué et une descente mélodique, où l’on remarque la belle association guitare/claviers. L’univers forgé par Pearlman apparaît sur "Subhuman", qui marque le retour d’Imaginos, des Invisibles et des "Oyster boys", porté par une mise en musique toujours aussi fine, où entrent en contraste les couplets jazzy et les envolées plus saturées. Ces deux très bons titres sont néanmoins dépassés par l’imparable "Harvester of Eyes", doté d’un riff en apesanteur, d’un thème effrayant (la boite à musique participe à cela) et d’un solo dantesque. Seul "Cagey Cretins" s’avère vraiment anecdotique, avec des chœurs très aigus qui sont mêmes dispensables.


Souvent considéré comme le meilleur album du groupe, Secret Treaties est sans aucun doute à placer dans leur panthéon en tant qu’opus le plus réussi de cette première période. Il est plus raffiné, associe le hard-rock avec leur univers mystérieux quasi progressif, et nous laisse savourer des lignes mélodiques bien senties et presque pop. Un chef-d'œuvre. 


À écouter : "Astronomy", "Dominance and Submission", "Flaming Telepaths"

Commentaires
deep, le 26/10/2023 à 12:36
Leur unique album culte. Incroyable. Le reste, je passe. jm
FrancoisAR, le 26/10/2023 à 09:37
Merci pour le retour, et 100% d'accord avec ton commentaire.
Sebastien, le 25/10/2023 à 11:26
Avec la sortie des premiers Aerosmith et Lynyrd Skynyrd ou encore de "Billion Dollar Babies" d'Alice Cooper, l'année 73 avait sonné la révolte du hard rock américain face à la domination sans partage de la Grande-Bretagne. En 74, c'est Blue Öyster Cult qui enfonce le clou avec ce superbe troisième album, à la fois puissant, fin et mélodieux. La grande force de ce disque est son homogénéité et sa constance. PS : j'aime aussi beaucoup l'album de 81, "Fire of Unknown Origin" (très bonne chronique d'ailleurs !), apogée de la deuxième vie de BÖC.